Multimédia vs hypermédia

Eléments pour une définition de l’oeuvre multimédia.

" Un hypermedia est un hypertexte multimédia. Dans l’usage publicitaire, le multimedia s’applique à la déclinaison d’une même campagne à travers plusieurs supports grand public indépendants (presse, affiche, radio, télévision, publipostage et parfois maintenant bornes interactives). L’hypermedia désigne l’accès simultané à des données textes, images et sons sur un ou plusieurs écrans. Le mot s’emploie aussi pour caractériser le mode de communication coopératif qui résulte du partage d’informations interactives sur un même réseau. " [1]

Le multimedia n’est donc pas spécifique aux technologies numériques et s’applique à un objet décliné sur différent supports. Une oeuvre multimédia peut par exemple utiliser la video et la peinture dans une installation sans faire appel aux technologies numériques et encore moins aux réseaux de télécommunication.

" Utilisé par l’Américain Stanley Gibb, en 1973, pour décrire des oeuvres qui combinent images, sons, mouvements scéniques, etc., le mot a été accepté dans le dictionnaire français en 1980. Dès 1958, lors de l’Exposition universelle de Bruxelles, le spectacle Lanterna Magika était présenté par un groupe d’artistes de Tchécoslovaquie. La mise en scène incluait des « performeurs », de la musique, la projection de diapositives et d’images de films, répondant en cela à la définition du multimédia. " [2]

Dans un définition plus récente, le multimédia est devenu synonyme de technologie numérique :

MULTIMEDIA adj. et n.m. - 1980 ; de multi- et média 1. qui concerne plusieurs médias ; diffusé par plusieurs médias. Campagne publicitaire multimédia. 2. N.m Technologie intégrant sur un même support des données numérisées de différentes natures (son, texte, images fixes ou animées), consultables de manières interactives. Adj. Des encyclopédies multimédias. [3]

Cette dernière définition intègre les technologies numériques comme composantes du multimédia, mais pas les notions de réseau et de répartition distante des données, il est question d’un support unique. Multimédia semble dans ce contexte bien adapté à une oeuvre sur CD-rom ou unité de stockage indépendante. Hypermédia serait plus spécifique à une oeuvre qui nécessite l’usage d’un réseau sauf si l’on considère un réseau comme un support indépendant. L’interactivité semble annoncée comme caratéristique du multimédia alors que l’on peut lire par ailleurs :

" multimédia (adj.inv. et n.m.) Environnement de communication et installation artistique dans lesquels plus d’une technologie est employée et où l’interactivité n’est pas essentielle. " [2]

L’interactivité étant le dialogue entre l’utilisateur et la machine, son absence peut donner à l’oeuvre multimédia la potentialité du rapport traditionnel oeuvre / spectateur ou ce dernier peut demeurer passif vis à vis de l’oeuvre. L’hypermédia implique inversement une action du spectateur qui devient utilisateur, ou ’spect-acteur’ [4], afin de permettre à l’oeuvre d’exister, de se révéler dans une de ses potentialités, cad dans un parcours parmis les parcours possibles du réseau de données qui la constitue.

" les applications de traitement de documents électroniques, habituellement dédiées à la création et à la présentation de données textuelles et graphiques, trouvent dans le multimédia des possibilités nouvelles. L’information qu’elles manipulent est plus riche, puisqu’elles intègrent dans ces documents du son et des images animées. Ces nouveaux types de documents électroniques sont communément appelés documents multimédia. Le développement des réseaux de communication rapides permet par ailleurs de relier ces documents pour constituer ainsi des réseaux de documents hypermédia à l’intérieur desquels on peut envisager de naviguer à la manière du World Wide Web. " [5]

L’hypermédia est donc lié à un type d’organisation et de relations entre documents de natures sensorielles différentes, basée sur une structure composée de noeuds et de liens. La notion de réseau (de documents) est caractéristique des hypermédias. Le parcours de ce réseau définira le point de vue de l’utilisateur sur l’hypermédia considéré.

En conclusion : on peut définir une oeuvre multimédia comme composée d’éléments distincts de natures différentes, faisant appel à différents supports, techniques et technologies, et sans limitations aux technologies numériques.

En outre, une oeuvre multimédia n’est pas nécessairement hypermédia alors qu’une oeuvre hypermédia est nécessairement multimédia et implique une relation différente entre l’oeuvre et le spectateur.

L’approche multimédia / hypermédia ne définit pas les oeuvres spécifiques à l’internet. Dans ce cas, on peut évoquer des types plus particuliers tels que ’net art’ ou ’web art’ lorsqu’il s’agit d’oeuvres pour le web. Pour une introduction au pratiques spécifiques à l’internet, on pourra consulter l’article d’Annick Bureaud : "Pour une typologie de la création sur Internet". [6]

[1Que sais-je. TEXTE, HYPERTEXTE, HYPERMEDIA. Roger Laufer et Domenico Scavetta. (c) PUF. 1992

[2Dictionnaire des arts médiatiques. (c) 1996, Groupe de recherche en arts médiatiques. UQAM. 

[3Le nouveau Petit Robert.

[5Schéma d’exécution pour les documents multimédia distribués Thèse présentée par / Thesis presented by : Loay Sabry-Ismail. à l’Université Joseph Fourier Grenoble, France. 25 janvier 1999.

[6Pour une typologie de la création sur Internet
Annick Bureaud. Janvier 1998.
L’article distingue 4 types d’oeuvres principaux dans une sorte de progression de l’oeuvre autonome vers l’oeuvre ou le degré d’interactivité entre l’homme et la machine mais aussi entre l’homme et la globalité des dispositifs va croissant :

  • Hypermédia (Oeuvres hypermédia "fermées" et oeuvres hypermédia "ouvertes")
  • Le message est le médium (le contenu est le medium lui-même et ses possibilités techniques)
  • Communication, collaborative et relationnelle (Internes au réseau ou dans l’inter-espace du cyberespace et de l’espace physique)
  • Cyberception (Téléprésence).
Posté le 29 mai 2002 par Yann Le Guennec

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