Securisphere, un blog sur les questions de sécurité et de données personelles

Un blog ouvert par Benoît Dupont, titulaire de la chaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie et directeur adjoint du Centre International de Criminologie Comparée de l’Université de Montréal.

Ses recherches portent sur les organisations policières, la sécurité privée, la gouvernance de la sécurité, les nouvelles technologies et l’équilibre précaire entre liberté et sécurité.

Extrait de l’interview par Frédérique Roussel de Benoît Dupont auteur du blog Sécurisphère dans le suupmplément Ecrans du journal Libération dans le dossier consacré aux traces que l’on
laisse sur l’internet

Pourquoi avoir ouvert la Sécurisphère ?

Ce blog est une tentative de partager avec un public plus large que la petite communauté des chercheurs des informations sur l’actualité des nouvelles technologies et leurs applications dans le domaine de la sécurité. Le néologisme « Sécurisphère » fait référence aux processus d’hybridation de la sécurité publique et de la sécurité privée, ainsi que de la sécurité physique et de la sécurité informatique, et aux effets émergents que ces métissages produisent, tant du point de vue de l’efficacité que des répercussions sur les libertés individuelles. Ces questions font l’objet d’intenses discussions entre chercheurs, activistes et blogueurs dans le monde anglophone, et j’ai voulu partager avec des lecteurs francophones les meilleurs morceaux de ces réflexions.

Avec la nouvelle vague de l’internet, dit collaboratif, les internautes sont de plus en plus incités à s’exprimer en ligne et à laisser des traces. Est-ce un risque pour les données personnelles ?

Oui, dans la mesure où ces traces numériques ne s’effacent pas, contrairement aux traces matérielles que nous laissons derrière nous. Ce que les jeunes internautes, qui sont des utilisateurs intensifs des applications collaboratives et des sites de réseaux sociaux, mettent en ligne aujourd’hui dans le cadre de leur communauté d’amis virtuels viendra peut-être les hanter dans quelques années, lorsqu’ils seront à la recherche d’un emploi et que les entreprises auxquelles ils enverront leur cv ira faire des recherches sur Internet. Les confessions spontanées ou les bravades de l’adolescence seront perpétuellement accessibles sur Internet pour qui saura où chercher. Si les outils collaboratifs incitent à la spontanéité, les utilisateurs devraient également se poser la question de la retenue et de la discrétion vis-à-vis des informations personnelles qu’ils mettent en ligne. Certaines agences de renseignement ont déjà commencé à exploiter ces données qui ne requièrent aucun mandat de perquisition, puisqu’elles sont en accès libre.

Posté le 7 décembre 2006

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