Quelle place pour l’utilisabilité ?

L’utilisabilité (qui vient de l’anglais usability que certains préfèrent traduire par usabilité) représente la capacité d’un produit, d’un service ou d’un site web à être utile, utilisable et utilisé. L’utilisabilité d’une interface est déterminée selon certains critères liés au comportement de l’utilisateur tels que le contexte d’usage, le temps d’apprentissage, la vitesse d’exécution des tâches, le nombre d’erreurs commises… L’adéquation de la tâche ainsi que la satisfaction de l’utilisateur sont également pris en compte. Elle évoque plus la simplicité que le plaisir d’usage à l’image de cette éclairante métaphore a ! ppliquée à la conduite.

Reprise d’un article publié par Internet actu
Dans : Opinions , Usages , eBusiness , Interfaces - Par Invité extérieur le 9/11/2006

(magazine en ligne sous licence Creative Commons)

Pour autant, elle ne se résume pas à la facilité d’usage, ni à l’ergonomie dont elle dépasse le périmètre. Alors que l’ergonomie est principalement issue d’une préoccupation d’amélioration des conditions de travail, l’utilisabilité est un concept plus proche des démarches qualité - mais sans s’appuyer pour l’instant sur un ensemble de normes suffisamment claires et établies au-delà du respect des standards du web - , comme l’explique assez clairement la définition de Wikipédia.

Pourtant, les contraintes de l’utilisabilité gagneraient à être prise en compte dans de nombreux objets, services, moyens de transports, bâtiments de notre vie quotidienne. A l’image de Google et de la page d’accueil de son moteur de recherche, ou d’Apple et de son iPod, ces deux leaders, qui ont misé sur l’utilisabilité de leurs produits et services, ont démontré, par l’exemple , que leur stratégie était la bonne. Que vous commercialisez des produits, des logiciels ou que vous exploitiez un site web, l’utilisabilité va devenir un critère de différentiation de plus en plus critique.

Si l’on se projette dans un avenir proche, l’ergonomie ne va progressivement plus être un facteur-clé de succès mais un facteur-clé d’échec : si votre site est ergonomique tant mieux (d’autres le seront aussi), sinon tant pis (vous pouvez fermer la boutique). Pour pouvoir se différencier, un site devra aller plus loin que la simplicité d’usage et apporter, plus que les autres, le petit quelque chose qui fera la différence. C’est en ça que les notions d’utilisabilité et d’expérience utilisateur vont devenir critiques : pour être performant, un site devra non seulement être simple, agréable et utile, mais également servir parfaitement l’objectif que la société qui l’exploite a définit : générer un ! e augmentation des achats par les clients, apporter de nouveaux clients, améliorer l’image de marque…

A partir du moment où de nouvelles contraintes (comme celles induites par l’utilisabilité) alourdissent le processus de conception-création, il va également falloir justifier l’intérêt économique de cette démarche. Qu’à cela ne tienne, le retour sur investissement (ROI) d’une refonte ergonomique est très simple à calculer : dans le cadre d’un site web, il faut mesurer le gain en terme de taux de transformation (inscription à une newsletter, remplissage d’un formulaire, achats en ligne…). Dans tous les cas de figure, et quels que soient les moyens et les ressources dont vous disposez, une démarche liée à l’amélioration de l’utilisabilité de votre site ou service en ligne est bien souvent bénéfique, à tout le moins mérite de se poser autant de questions qu’une démarche mark ! eting comme le soulignait Bénéfice.net.

Il existe quantité d’ouvrage et d’écrits sur le sujet de l’utilisabilité, mais seuls un petit nombre sont encore d’actualité. Ceci est principalement dû au fait que nous sommes dans un contexte de renouvellement : de nouveaux modèles économiques (avec les architectures participatives qu’évoquait Tim Berners-Lee, c’est-à-dire ces sites qui permettent aux utilisateurs de contribuer au contenu, de le partager, et de permettre à d’autres de le découvrir et de l’enrichir), des technologies en pleine mutation (avec la montée en puissance des web services et l’arrivée prochaine d’ XHTML 2), des interfaces entièrement réinventés (Rich Internet Applications, Rich Desktop Applications, widgets). Beaucoup de choses vont changer dans les prochaines années (mois ?) et les utilisateurs n’aiment pas le changement. Ils vont donc naturellement se rabattrent sur ce qu’ils maîtrisent ou peuvent maîtriser facilement. Voilà pourquoi il est primordial d’adopter dès maintenant, ou du moins de se sensibiliser, aux méthodes de conception centrée sur les utilisateurs et aux outils de l’utilisabilité (prototypage rapide, tests utilisateurs, analyse d’activité, eye-tracking, sémiologie…) pour mieux appréhender les nouveaux défis de l’utilisabilité. “Nouveaux défis” parce que plus rien ne sera comme avant mais tout reste à faire. En d’autres termes, les interfaces de demain ! restent encore à inventer.

Frédéric Cavazza

Frédéric Cavazza est, notamment, le coordinateur de la session française de la 2e journée mondiale de l’utilisabilité, qui aura lieu à Paris le 14 novembre. Information, inscription.

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Posté le 10 novembre 2006

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