Un manifeste des Villes 2.0

Il y a encore quelques années, la plupart de nos liens avec la ville convergeaient vers une adresse (ou au plus deux : personnelle et professionnelle), postale et physique. Nous vivons aujourd’hui avec plusieurs dizaines d’adresses : adresses IP, courriel, messagerie instantanée, web, GPS, cartes à puce et identifiants divers dans plusieurs bases de données, plus une ou plusieurs adresses mobiles qui nous accompagnent où que nous allions. A leur tour, les lieux et les objets se dotent d’adresses numériques, parfois sans lien avec leur localisation physique, qui sont autant de -prises- pour les activer, les interroger, les piloter : l’-intelligence ambiante- promet de changer notre expérience des lieux, notre relation aux objets et aux machines, nos rapports entre nous.

Reprise d’un article publié par Internet actu
Dans : Opinions , Enjeux, débats, prospective , Territoires - Par Daniel Kaplan le31/10/2006

(magazine en ligne sous licence Creative Commons)


La ville et les puces

Derrière ces mouvements s’exprime, et s’accélère, une transformation profonde et encore mal prise en compte de nos modes de vie en ville, de notre mobilité, de nos pratiques sociales et de consommation, de l’organisation de notre temps privé et professionnel, du rôle et du fonctionnement des entreprises présentes dans la ville - mais aussi des acteurs publics et des gestionnaires d’infrastructures urbaines. Personne ne reste à l’écart de cette mutation des villes qui touche l’espace et les rythmes urbains, les liens sociaux, les services et les commerces, les loisirs et les transports, l’administration et la politique. On demande autre chose à la ville, et l’on y participe différemment. On attend des entreprises et des administrations de nouvelles attitudes : personnalisation, multicanal, services composites associant plusieurs acteurs pour r&eacu ! te ;pondre -de bout en bout- à des besoins très diversifiés, partage des informations et de l’usager-client-

Ce qui se trame entre ville, puces et réseaux suscite des analogies avec ce qu’il est convenu d’appeler le -Web 2.0 ?, dont les caractéristiques sont un recentrage de l’information et des services autour de la personne ; des interfaces standards permettant de partager et d’agencer de diverses manières informations et services ; une expérience plus -sociale- du web par laquelle [ces usages se développent tous ensemble, introduisant un autre ordre de complexité. Les réponses aux grandes questions posées à la Ville - attractivité et compétitivité, qualité de vie, cohésion sociale, sécurité, dynamisme culturel, présence et efficacité des services collectifs ou privés, mobilité et développement durable- - s’appuieront dans une large mesure sur les technologies ; mais dans le même temps, les réseaux et services numériques ne peuvent pas se développer sans un lien fort avec les acteurs de la vill ! e.

Les grandes métropoles constituent donc, aussi, des bassins d’opportunités qui offrent à la fois un terrain favorable aux expérimentations, et l’accès à des marchés d’une taille suffisante pour permettre à de jeunes pousses, des chercheurs, des grandes entreprises et des acteurs publics, de développer des savoir-faire innovants dans le secteur des services urbains.

Les acteurs de la ville et ceux des technologies doivent préparer l’avenir ensemble. Ils ne le font pas assez. Quand les urbanistes ou les élus pensent l’avenir des villes, ils le font en général sans les opérateurs de télécommunications mobiles, les fournisseurs de services en ligne ou les communautés numériques de migrants. Quand les spécialistes des TIC se projettent dans l’avenir, ils n’appellent pas les constructeurs de parkings, les transporteurs ou les compagnies des eaux. Il est vrai que leurs cultures et leurs vocabulaires sont très différents ; vrai aussi que les utopies d’hier (le télétravail, censé déplacer des millions de cadres à la campagne-) ont laissé de mauvais souvenirs. Mais il est temps de franchir les anciennes frontières et de s’apercevoir que décision apr&egrav ! e ;s décision, nous construisons ensemble la ville du futur.

Nous nous y emploierons au travers du programme -V de les 2.0 ?.

Daniel Kaplan, Stéphane Lelux et Bruno Marzloff

Pour explorer en profondeur les pistes ouvertes dans ce -manifeste-, et en dégager des orientations pour l’action et l’innovation, la FING, en coopération avec le groupe Chronos et Tactis, lance le programme d’action Villes 2.0 . Villes 2.0 propose aux acteurs publics, aux entreprises, aux chercheurs, aux associations- de s’associer pour fédérer leurs expériences et connaissances, repérer les initiatives innovantes, partager des idées neuves et enfin, dégager des intuitions et des pistes d’action fécondes.

Ce programme, d’une durée de 18 mois, rythmé par plusieurs rendez-vous importants, a aussi pour vocation :

  • De rapprocher et faire travailler ensemble les acteurs -traditionnels- de la ville et les acteurs du numérique, services et technologies ;
  • De jouer un rôle d’accélérateur pour des projets mobilisant les technologies au service de la transformation des villes.
  • La manifestation Villes 2.0 du 6 novembre 2006 , co-organisée avec Tactis, constitue le premier moment fort du programme.

Lien permanent et réaction en ligne

Posté le 3 novembre 2006

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