Le Web 2.0 favorise la collaboration dans le secteur de la santé

Un article repris du bulletin Sistech édité par le CEFRIO (Québec)

Le Web 2.0 s’intègre progressivement dans le domaine de la santé, particulièrement en ce qui concerne la formation à distance. Les technologies associées à la deuxième génération du Web offrent de multiples avantages quant à l’amélioration du transfert des connaissances, l’accessibilité aux savoirs ainsi que le partage entre les pairs. Une récente étude de BioMed Central intitulée Wikis, blogs and podcasts : a new generation of Web-based tools for virtual collaborative clinical practice and education analyse l’impact de ces technologies sur l’enseignement à distance et le partage des connaissances dans le milieu de la santé. Cette recherche a pour objectif d’évaluer comment intégrer les outils du Web 2.0 à l’intérieur des programmes de formation à distance des diverses disciplines de la santé.

Repris d’un article publié par le Cefrio dans son bulletin Sistech

Lire l’article sur le site du Cefrio

Il existe depuis longtemps sur Internet des modules de formation contenant des extraits audio et vidéo. À la différence de ces plateformes multimédias, les contenus de formation de type Web 2.0 incluent un volet de collaboration entre les apprenants. Les internautes passent d’un mode passif à un état proactif.

Collaboration et intelligence collective

Le terme Web 2.0 est actuellement très en vogue dans le milieu des technologies de l’information. Il fait référence à la deuxième génération du Web caractérisée par des applications Web plus légères, peu dispendieuses, simples d’utilisation et qui visent une plus grande participation des internautes au contenu véhiculé sur Internet. Les applications du Web 2.0 offrent de performantes plateformes d’échange d’information et de construction collective de documents. Les applications et principes mis de l’avant dans le Web 2.0 peuvent s’avérer d’une grande utilité pour le monde de l’éducation, de la formation continue et la gestion des connaissances.

Selon l’étude, recourir à des technologies du Web 2.0, pour la formation des futurs professionnels de la santé comme pour la formation continue, pourrait avoir une incidence positive sur les apprentissages. Les outils collaboratifs, tels que les wikis, les blogues et la baladodiffusion, permettent aux apprenants d’approfondir leurs connaissances et de collaborer davantage. La synergie ainsi créée favorise l’émergence de réseaux d’experts.

Les espaces de coconstruction

Le wiki
 [1]
est une application permettant la création d’un espace commun afin de permettre à plusieurs personnes de travailler ensemble sur un même document. Offrant des fonctionnalités d’édition de documents, d’archivage des versions antérieures, de création de zones de discussion autour d’un sujet, le wiki permet d’alimenter les groupes de travail, de favoriser les échanges d’informations entre divers groupes de spécialistes et d’apprenants. Actuellement, dans le milieu de la santé cette application sert à construire des répertoires de connaissances sur les pratiques cliniques et aussi à réaliser des travaux en commun. Utilisés par les étudiants comme par les spécialistes du milieu de la santé, les wikis offrent l’opportunité à des pairs d’entrer en communication et de construire ensemble un savoir collectif. Le site de Ganfyd est un excellent exemple de wiki du secteur de la santé où tous peuvent contribuer à augmenter l’intelligence collective.

Partager ses connaissances

Les blogues
 [2]
offrent quant à eux une structure Web accessible et simple pour créer un journal informationnel à caractère personnel. Présentant l’information de manière antéchronologique, ce sont ses possibilités multimédias qui intéressent particulièrement le domaine de la santé. De fait, les journaux en ligne reprenant des cas cliniques, photos et vidéos à l’appui, s’avèrent fort éducatifs. En plus d’encourager les internautes à partager de l’information et à réfléchir autour de certaines pratiques, les blogues permettent de garder une trace des réflexions amorcées. Le blogue Clinical cases and images illustre bien les possibilités qu’offre cet outil. On y retrouve, classés par catégories, divers blogues en provenance d’une multitude d’acteurs de la santé qui présentent leurs expériences auprès de certaines clientèles, des cas cliniques, des exemples vidéo et audio de certains diagnostics, des exercices, etc., le tout commenté par les internautes.

En appui au nomadisme

La baladodiffusion (podcast) [3]
permet d’accéder à du contenu électronique vidéo ou audio à partir d’un appareil mobile. Ce contenu étant disponible en ligne, il est téléchargé ou envoyé à un abonné par le biais d’Internet et l’utilisateur peut le consulter où et quand il le souhaite.

Des fils RSS (Really Simple Syndication)
 [4]
peuvent être intégrés pour informer les abonnés de l’apparition de nouveaux contenus sur un site ou de l’évolution d’un dossier. En ce moment, la baladodiffusion répond à un besoin d’accès à l’information lors des déplacements. La baladodiffusion permet, entre autres, de consulter les actualités médicales en différé, d’écouter à des fins éducatives des références sonores de battements cardiaques ou encore d’écouter des enregistrements de lecture en faisant son jogging ! Le site de la National Library of Medicine offre de nombreux fils RSS et des fichiers de baladodiffusion sur diverses publications.

Aussi, depuis la mi-août la Société canadienne de télésanté offre des contenus en baladodiffusion sur son site Web. Sont disponibles, dans ce format, des nouvelles provenant des membres, de l’information sur les activités dans le domaine de la télésanté et des entretiens avec des spécialistes. La Société se dit ouverte à la publication de contenu provenant de diverses sources et invite les intervenants du milieu à leur soumettre des propositions.

Selon l’étude de BioMed Central, la combinaison d’un wiki, d’un blogue et de la baladodiffusion pour l’apprentissage favoriserait l’appropriation des contenus. En plus de fournir un support pédagogique, ces outils permettent de briser l’isolement lié à la formation à distance en créant un environnement enrichissant et stimulant avec des pairs.

Les mises en garde

BioMed Central émet toutefois quelques mises en garde. L’ouverture et la participation associées au Web 2.0 ne présentent pas que des avantages pour le milieu de la santé. En laissant tous et chacun contribuer au contenu, la fiabilité et la justesse des données deviennent difficiles à évaluer. Pour éviter ces écueils, il est recommandé de restreindre l’utilisation de ces outils à un groupe défini où les contributions sont identifiées et où un administrateur veille minimalement à la qualité du contenu. Par ailleurs, la diffusion d’informations sur des patients doit respecter les normes habituelles d’éthique et de protection de la vie privée des patients. Entre autres, des mesures doivent être prises afin de masquer l’identité des personnes dont les photos ou vidéos sont reprises dans les exemples de cas cliniques.

L’utilisation des outils du Web 2.0 à l’intérieur des plateformes de formation du milieu de la santé est encore dans sa phase de développement et de définition. Plusieurs lacunes existent toujours et les façons de faire sont continuellement en révision. Ainsi, les auteurs de l’étude Wikis, blogs and podcasts : a new generation of Web-based tools for virtual collaborative clinical practice and education lancent un appel aux décideurs du milieu de la formation en santé pour qu’un partage des meilleures pratiques soit mis en place entre les divers utilisateurs de ces outils. Bref, à quand les wiki, blogue et fichier de baladodiffusion portant sur les cas exemplaires de formation en ligne de type Web 2.0 en santé ? »

Rédactrice : Sophie Poudrier, analyste-conseil, Direction des enquêtes et de la veille stratégique, CEFRIO

Références :

  • Maged N Kamel Boulos, Inocencio Maramba and Steve Wheeler, Wikis, Blogs and Podcasts : a New Generation of Web-Based Tools for Virtual Collaborative Clinical Practice and Education, 15 août 2006, 8 pages.
  • Maged N Kamel Boulos, Wikis, Blogs and Podcasts : Emerging Tools for Virtual Collaborative Practice and Learning/CPD in Medicine, présentation, 55 diapositives.
  • « Canadian Society of Telehealth now producing podcasts », Canadian Healthcare Technology.
  • « Web 2.0 could be used in health e-learning », E-Health Insider, 1er septembre 2006.

[1L’Office de la langue française définit wiki comme suit : Site Web collaboratif où chaque internaute visiteur peut participer facilement à la rédaction de son contenu. La principale caractéristique d’un site Wiki est de permettre à ses utilisateurs de modifier facilement et rapidement n’importe laquelle de ses pages. Wikipédia est un des wikis les plus connus http://www.wikipedia.org/ .

[2Un blogue est un site Web évolutif, ayant la forme d’un journal personnel, daté, régulièrement mis à jour, où l’internaute peut communiquer ses idées et ses impressions sur une multitude de sujets, en y publiant, à sa guise, des textes généralement courts, parfois enrichis d’hyperliens, qui appellent les commentaires du lecteur.

[3La baladodiffusion est un mode de diffusion qui permet aux internautes, par l’entremise d’un abonnement à des fils RSS ou équivalents, d’automatiser le téléchargement de contenus radiophoniques, audio ou vidéo, destinés à être transférés sur un baladeur numérique pour une écoute ou un visionnement ultérieurs.

[4On définit RSS comme étant un format de syndication de contenu Web, basé sur le XML, qui permet d’indexer de façon automatisée le contenu d’un site Web et de le mettre instantanément à la disposition d’autres sites. Le format RSS est désormais utilisé couramment, notamment dans les blogues, pour partager du contenu entre sites Web.

Posté le 21 octobre 2006

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