Déverouillage des DRM une clarification de la loi demandée

Reprise d’un texte communiqué par "Stop DRM"

"Notre intention n’est ni de verrouiller ni de cadenasser mais de
permettre au consommateur de jouir de sa liberté sur Internet."

"Tous ceux qui auront la lucidité de soutenir ce projet doivent
être fiers de la sécurité juridique qu’il instaure"

Renaud Donnedieu de Vabre, Ministre de la Culture, le 20 décembre
2005 à l’Assemblée nationale

Après l’adoption de la loi DADVSI par le gouvernement, la plus grande
confusion règne : les usagers de peer-to-peer ont reçu l’assurance du
ministre de la culture que la justice sera clémente [1], mais les
membres du Collectif StopDRM s’inquiètent pour les consommateurs, qui
ne "piratent" pas mais achètent la musique et les films : que leur
arrivera-t-il, maintenant que la loi a été promulguée, s’ils
contournent les DRM pour l’usage légitime des oeuvres ? Et s’ils le
disent et informent la population ? Sont-ils assurés eux aussi d’une
quelconque clémence ?

Pour aller au devant de la menace d’insécurité juridique et créer une
jurisprudence, trois volontaires (accompagnés d’une quarantaine de
personnes [2]) sont allés se dénoncer mardi 19 septembre au
commissariat du 5ème arrondissement : ils ont notamment avoué avoir
désactivé les DRM de fichiers achetés en ligne pour pouvoir les
écouter sur leurs baladeurs MP3, désactivés les DRM de DVD anti-copies
pour les convertir au format DivX et les transférer sur leur baladeur
vidéo, et distribué sur Internet [3] les logiciels qu’ils ont utilisés
ou programmés. Ils sont donc ainsi passibles d’amendes allant de 3750
euros jusqu’à 30 000 euros et 6 mois de prison, ou encore 750 € quand
le décret d’application ad-hoc sera adopté par le Conseil d’Etat [4].

Les trois volontaires ne sont en aucun cas des pirates ou des
téléchargeurs illégaux, ce sont juste de simples citoyens qui ont été
obligés de contourner des DRM pour pouvoir lire sur les appareils
qu’ils possèdent la musique et les films qu’ils ont achetés.

Soit ces pratiques sont légitimes, légales et autorisées, et on peut
en faire la publicité, soit elles sont interdites et sanctionnées, et
c’est un scandale car dans ce cas tout le monde est délinquant.

Les trois apôtres de l’interopérabilité ont été reçus au commissariat
par le commandant de police, et ont pu ainsi dire officiellement dans
une déposition ce qu’ils faisaient. Ils ont également eu l’assurance
que le parquet (les institutions judiciaires) sera informé. Ce sera
ensuite au procureur de choisir de donner suite ou pas et d’entamer
des poursuites. Pour une réponse définitive nous vous donnons
rendez-vous, soit à l’annonce de l’abandon des poursuites, soit au
procès s’il a lieu.

La prochaine action du collectif StopDRM aura lieu à l’occasion de la
journée internationale contre les DRM du Mardi 3 Octobre 2006 à
l’initiative de Defective By Design [5] : de nouvelles flash-mobs
seront organisées à travers différentes villes de France.

[1] 28/07/2006 - Renaud Donnedieu de Vabres : Lettre ouverte aux internautes

[2] 20/09/2006 - "On veut un procès" : Compte-rendu de l’opération des
Interopérabilisateurs

[3] http://drm.mediaarea.net

[4] Les sanctions pénales : d’après le rapport n° 308 (2005-2006) de
la commission des affaires culturelles au Sénat, voici ce que risquent
les interopérabilisateurs au titre de l’article L. 335-3-1 qui module
les sanctions en fonction de la nature des responsabilités :

  • le I de cet article sanctionne de 3 750 euros d’amende toute
    atteinte délibérée aux mesures techniques réalisée par un internaute
    par ses propres moyens ;
  • le II de cet article punit de six mois d’emprisonnement et de 30
    000 euros d’amende le pourvoyeur de moyens de contournement, qui agit
    de façon délibérée ;
  • le Gouvernement indique par ailleurs que toute atteinte à une
    mesure de protection opérée au moyen d’un logiciel mis au point par un
    tiers, mentionné au II, ne relèverait que d’une contravention de 4e
    classe qui sera créée par décret en Conseil d’Etat, et sanctionnée de
    750 euros d’amende.

Si ce n’est pas clair, voici l’article de loi en rapport :

Art. L. 335-4-1. (Modification issue du projet de loi relatif au droit
d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information voté
par le Parlement le 30 juin 2006)

  • I. - Est puni de 3 750 euros d’amende, le fait de porter
    atteinte sciemment, à des fins autres que la recherche, à une mesure
    technique efficace telle que définie à l’article L. 331-5, afin
    d’altérer la protection d’une interprétation, d’un phonogramme, d’un
    vidéogramme ou d’un programme par un décodage, un décryptage ou toute
    autre intervention personnelle destinée à contourner, neutraliser ou
    supprimer un mécanisme de protection ou de contrôle, lorsque cette
    atteinte est réalisée par d’autres moyens que l’utilisation d’une
    application technologique, d’un dispositif ou d’un composant existant
    mentionné au II.
  • II. - Est puni de six mois d’emprisonnement et de 30 000 euros
    d’amende, le fait de procurer ou proposer sciemment à autrui,
    directement ou indirectement, des moyens conçus ou spécialement
    adaptés pour porter atteinte à une mesure technique efficace telle que
    définie à l’article L. 331-5

[5] 31/08/2006 - Defective By Design : October 3rd Declared "Day Against DRM"

Posté le 21 septembre 2006

©© a-brest, article sous licence creative common info