AlternC : plateforme d’hébergement auto-géré et associatif

L’idée derrière le logiciel AlternC est de décentraliser la gestion d’un serveur en permettant aux utilisateurs de créer des addresses de courriel, gérer leurs domaines, éditer en ligne leurs fichiers, créer des listes de discussions, bases de données, etc. Ainsi, les administrateurs systèmes se voient allégés de ces tâches routinières et les utilisateurs peuvent se réapproprier leurs ressources et mieux maîtriser leur infrastructure technique.

L’histoire d’AlternC reflète bien les enjeux toujours actuels de l’hébergement associatif en France.

AlternC était à l’origine un ensemble de scripts conçus par Valentin Lacambre pour Altern, un des pionners de l’internet français ouvert en 1992 sous la forme de services minitel et téléphoniques. En 1995, Valentin ouvrait Altern.org qui hébergea durant quelques années des milliers de sites gratuitement, jusqu’à ce qu’une poursuite vienne forcer Valentin à fermer Altern pour éviter un coûteux procès. Altern explosa alors en une dizaine de petits hébergeurs qui reprirent les hébergés à leur compte. Valentin aida ces nouvelles associations à démarrer en leur donnant les sources des scripts gérant Altern. Après plusieurs modifications, le logiciel fut publié sous une license libre, la GPL (General Public License), fondant ainsi le projet AlternC, disponible selon les 4 libertés du logiciel libre :

  • Liberté 0 : La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages.
  • Liberté 1 : La liberté d’étudier le fonctionnement du programme.
    • Ceci suppose l’accès au code source.
  • Liberté 2 : La liberté de redistribuer des copies.
    • Ceci comprend la liberté de vendre des copies.
  • Liberté 3 : La liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations.
    • Ceci suppose l’accès au code source.
    • Ceci encourage la création d’une communauté de développeurs améliorant le logiciel.
    • Ceci permet le fork, soit la création d’une branche de développement concurrente, notamment en cas de désaccord entre développeurs.

[Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_libre]

AlternC, depuis ce temps, a une vie propre et est utilisé par des dizaines d’hébergeurs à travers le monde. On dénote évidemment plusieurs sites en France (lautre.net, globenet.org, marsnet, infini.fr, etc), d’autres au Québec (Koumbit.org), et certains maintenant même en Argentine (www.cta.org.ar). Le projet est assez âgé, ce qui est exceptionnel non seulement pour un logiciel en général, mais surtout pour un logiciel web, qui ont généralement une courte durée de vie. Le projet est donc en phase de maintenance, pour stabiliser les infrastructures des hébergeurs déjà en place et coordonner leurs différentes implantations d’AlternC en un tout compréhensif, ce qui n’est pas une mince tâche, compte tenu des multiples configurations et besoins des différents hébergeurs.

En tant que développeur principal d’AlternC, j’envisage un futur radicalement différent pour la version 2.0. Fidèles aux principes d’AlternC voulant que l’on utilise des logiciels libres déjà existants, simples et prouvés stables, je propose une ré-écriture complète de l’interface web ainsi que du "backend", le "sous-sol" sombre d’AlternC, avec des outils déjà existants. L’interface web d’AlternC n’étant rien d’autre qu’un SGC (Systèm de Gestion de
Contenu) gérant des ressources plutôt particulières, je propose donc d’utiliser un SGC déjà existant, Drupal (http://drupal.org), ayant la flexibilité nécessaire pour cette tâche. Cet "AlternD" deviendrait un ensemble de modules Drupal accompagné d’un programme serveur écrit en Python pour faire le pont entre le web et le serveur UNIX à l’arrière,
gérant les domaines, courriels, comptes FTP et compagnie.

Ce n’est pour l’instant évidemment qu’une idée, dont la discussion a été amorcée avec le reste de l’équipe de développement AlternC, mais je crois qu’une telle entreprise pourrait susciter un intérêt renouvelé tant des développeurs que les intégrateurs web, graphistes
ou utilisateurs envers cet outil fantastique qu’est AlternC.

Posté le 20 juillet 2006 par Antoine Beaupré

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