Environnement sain : quand les citoyens mesurent leur environnement pour préserver leur santé

La mesure citoyenne en santé-environnement est en pleine émergence en Bretagne. Un engouement citoyen qui n’est pas sans bouleverser les acteurs en place.

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Des sciences participatives en biodiversité…

Peut-être avez-vous entendu parler, ou encore mieux peut-être avez-vous participé au comptage des oiseaux des jardins ? Les habitants volontaires jouent alors un rôle actif, sur le terrain, pour collecter des informations en masse : on parle alors de « crowdsourcing ». Cette collecte d’information a été encadrée par un « protocole » et a souvent une visée scientifique : on parle donc de sciences participatives.

En Bretagne, le comptage des oiseaux des jardins, c’est une des actions les plus anciennes.

- Plus d’infos sur le site de Bretagne vivante

Si les premières actions concernaient essentiellement la thématique biodiversité, on assiste désormais à un élargissement de ces opérations à d’autres thématiques, santé-environnement, climat… et pas uniquement dans une optique scientifique.

… aux veilleurs en santé-environnement

Avec l’émergence des outils numériques, de nouvelles initiatives de mesure citoyenne sont proposées à l’échelle d’un territoire, notamment en santé-environnement. Elles ne s’inscrivent pas nécessairement dans une démarche scientifique mais plutôt dans une optique de veille, de lanceur d’alerte ou de vecteur pour informer, éduquer et mobiliser les citoyens. Petit aperçu d’actions en Bretagne :

La mesure citoyenne de qualité de l’air

Lancée en 2016, l’opération Ambassad’Air met à disposition d’habitants de Rennes des micro-capteurs afin qu’ils évaluent leur exposition aux particules fines. La finalité est alors un élargissement des personnes mobilisées sur la question de la qualité de l’air à Rennes : on parle d’autonomisation (empowerment en anglais).

- Ambassad’Air à Rennes

Depuis 2016, ce sont plus de 100 volontaires équipés, 700 scolaires de sensibilisés, 1 900 citoyens touchés lors d’évènements grand public.

S’il existe déjà des capteurs de particules fines en Bretagne (mesure réglementaire effectuée par Air Breizh), les capteurs inventés par le FABLAB de Stuttgart visent à impliquer et à rassembler les habitants dans la mesure des particules fines dans leur rue, leur village. Arrivés en 2018 en Bretagne, il en existe déjà plus de 50 à l’été 2019.

- Les capteurs Luftdaten

La mesure citoyenne du bruit

Si l’enjeu de santé publique est connue de longue date, il n’existe pas de réseau de mesure pérenne, hormis en région parisienne. Des scientifiques du CNRS ont mis au point une application qui permet de faire une cartographie de son environnement sonore via une application mobile. Après les premières « Noise Party » organisées avec le Parc naturel du Golfe du Morbihan à Plougoumelen ou Elven, la mesure citoyenne du bruit est ouverte à un bel avenir.

- Application Noise Capture
La mesure citoyenne de radioactivité

Malgré l’existence de mesures officielles de la radioactivité, les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima ont mis en exergue l’importance de permettre aux citoyens de mesurer par eux-mêmes. On peut citer :

  • SafeCast qui utilise un micro-capteur nomade Geiger à fabriquer soi-même avec des mesures qui sillonnent le monde… et la Bretagne.
    -* Uradmonitor avec un micro-capteur qui fait une mesure continue du niveau de radioactivité, qui a été testé par la Mce à Rennes.
    -* OCRE, l’observatoire citoyen de radioactivité, qui suit entre autre le site de Brennilis, dans une optique de « vigilance citoyenne ».

D’autres thématiques sont aussi concernées (ondes, inventaire citoyen des îlots de fraîcheur à Rennes, etc.) et montrent que les citoyens sont prêts à s’investir pour mieux connaître leur exposition à des pollutions environnementales.

Qui sont ces veilleurs de la santé environnement ?

Certaines associations environnementales (Sortir du nucléaire, Mce) se sont emparées de ces outils, mais elles sont encore peu nombreuses à l’avoir fait. Comme les outils sont parfois un peu techniques, les LABFAB (laboratoire de fabrication) se sont vite investis, notamment dans les capteurs d’air Luftdaten.

Ça descend, ça remonte ou ça diffuse ?

A l’information « descendante » où la connaissance était l’exclusivité des autorités et des experts, nous sommes passés à une information « ascendante » (sciences participatives) où les citoyens sont acteurs (crowdsourcing). Et désormais, l’évolution se fait vers un partage « horizontal » dans lequel décideurs, scientifiques et citoyens sont partie prenante pour une meilleure connaissance et compréhension des phénomènes susceptibles d’impacter notre santé à tous. Chacun ne pourra que s’en réjouir et espérer que ces initiatives se développent.

- Pour aller plus loin, site dédié au projet Ambassad’Air

Bretagne Creative

URL: http://www.bretagne-creative.net/
Via un article de Mce, publié le 23 février 2020

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