Ordinateur, connexion
internet : de fortes inégalités
Pour de nombreux économistes, la troisième
révolution industrielle est engagée
et repose sur les technologies de l’information
et de la communication. Une
nouvelle dynamique économique dont
on espère qu’elle tirera la croissance et
créera des emplois.
Ces espoirs sont pourtant mêlés d’inquiétudes,
car l’équipement informatique
de la population se caractérise par
de très fortes inégalités. Par exemple,
75 % des cadres supérieurs disposent
d’une connexion Internet à domicile,
contre seulement 24 % des ouvriers,
15 % des retraités et 13 % des nondiplômés.
Il en va de même pour l’ordinateur
: 83 % des titulaires de revenus
supérieurs à 3 100 euros mensuels sont
équipés, contre seulement 31 % des
personnes percevant moins de
1 500 euros. Une évidence s’impose :
tout le monde n’a pas également accès
aux outils informatiques.
Plusieurs questions se posent :
- le « fossé
numérique » existant entre les différentes
catégories va-t-il en se réduisant ? - Si
c’est le cas, à quel rythme ? - Peut-on
espérer qu’Internet et l’ordinateur
deviennent un jour aussi répandus que
l’est aujourd’hui la télévision ?
Car les
promesses de la Nouvelle Économie ne
pourront se réaliser que si l’ensemble de
la population est en mesure de maîtriser
ces nouveaux outils.
Les disparités
d’équipement à domicile diminuent
Premier élément positif : les disparités
d’équipement à Internet sont aujourd’hui
deux fois moins importantes qu’elles ne
l’étaient en 1999 : l’indicateur d’inégalités
mis au point par le CRÉDOC est passé de
40 % à 21 % en six ans.
Celles relatives à
l’ordinateur ont diminué moins vite, mais
significativement tout de même (-13
points en 8 ans). En tout état de cause,
les inégalités d’accès à Internet restent
plus importantes que les inégalités d’accès
à l’ordinateur (21 %, contre 16 %).
Ces mouvements de baisse, assez nets,
sont pourtant irréguliers. Une pause a été
marquée entre 2002 et 2004, à la fois pour
Internet et pour l’ordinateur. Cela s’explique
par les premiers pas de l’ADSL
dans les foyers français. Cette technologie
de connexion à haut débit et aux prix
attractifs est d’abord apparue dans les
grandes agglomérations. Il s’en est suivi
un fort accroissement des inégalités d’accès
à l’ADSL entre les grands pôles
urbains et le reste du pays. Puis, au fur et
à mesure que l’ADSL a été disponible
dans les petites communes, les inégalités
se sont réduites : en 2005, le mouvement
de réduction des inégalités a pu reprendre.
La tendance globale à la réduction des
inégalités trouve une illustration dans les
quelques chiffres suivants : en 1998, les
personnes les moins aisées (disposant
de moins de 2300 euros mensuels dans
leur foyer) détenaient 32 % du parc des
connexions à Internet à domicile ;
aujourd’hui, elles en possèdent une part
plus conséquente : 45 % (contre 55 %
pour les individus plus fortunés).
Les autres chapîtres du résumé de l’étude
- Comment évaluer le « fossé
numérique » - L’influence du capital
économique et culturel - Simple ou double fossé
numérique ? - De faibles disparités
d’usage - Des opinions assez
homogènes sur les nouvelles
technologies
Pour
en savoir plus
- Les résultats présentés ici sont extraits
d’un rapport du CRÉDOC intitulé : La
dynamique des inégalités en matière de
nouvelles technologies (méthodes d’approche - analyse évolutive), David
Alibert, Régis Bigot et David Foucaud,
Cahier de recherche n° 217. Il est disponible
au CRÉDOC, prix : 28 euros. Le rapport
est consultable sur le site du
CRÉDOC
- L’analyse a été réalisée à partir de l’enquête
« Conditions de vie et Aspirations
des Français », réalisée chaque année en
face à face auprès d’un échantillon de
2000 personnes de 18 ans et plus.
- À lire également : La diffusion des technologies
de l’information dans la société
française, Régis Bigot, Collection des rapports
du CRÉDOC, n° 237, décembre
2005. Le rapport est disponible sur le site
de l’ARCEP