Un article repris du blog de
Jean-Baptiste Soufron et publié jeudi 19 janvier 2006 sous contrat Creative Commons BY SA
Utiliser des wikis pour donner des cours
Je profite de mon séjour à Harvard Law School pour faire un petit tour à un exposé organisé par les étudiants du Berkman Center pour la venue d’un Professeur.
La majeure partie de l’exposé portait sur les implications du 4e amendement vis-à-vis de la surveillance exercée par la NSA, sans aucun regard pour l’aspect relatif aux relations internationales de ce problème, ni pour les solutions choisies à l’étranger comme celles que nous avons pu développer en France après l’affaire des écoutes de Mitterrand. Étant un peu trop américo-américain pour un juriste française comme je le suis, je dois bien avouer que je ne me suis pas passionné pour le fond du débat.
des photos sont jointes à l’article que vous pouvez voir sur l’original
En ce qui concerne la forme des interventions en revanche, il faut bien avouer que l’intégration des nouvelles technologies à la conférence était absolument impressionnante. Pour décrire la situation, l’intervenant principal était accompagné par son hôte qui a pris en note l’intégralité de l’exposé sur un powerpoint projeté sur un écran derrière eux. Au fur et à mesure que l’intervenant détaillant son plan et revenait sur certaines de ses points, son partenaire reprenait le document en revenant en arrière et en rajoutant des détails, des contradictions, voire même des remarques personnelles. Une fois l’exposé terminé, le Professeur invité a commencer à discuter avec son hôte pour développer certains des points que celui-ci avait noté. L’assistance qui avait pu suivre l’apparition de ces éléments critiques au fur et à mesure que l’exposé se déroulait avait eu le temps de faire des recherches sur Internet et dans les documents de leurs ordinateurs pour bénéficier d’éléments factuels de contradiction, ou pour vérifier des points litigieux.
À un certain point, les deux intervenants ont même commencé à faire des recherches sur Google pour vérifier certains points des différentes interprétations qu’il est possible de donner du 4e amendement. Ils revenaient alors vers le document initial pour le re-modifier en rajoutant les questions des étudiants et les réponses du Professeur, n’hésitant pas à aller chercher les textes constitutionnels sur les sites de droit américain pour les copier / coller.
Dans le même temps, les étudiants connectés au wifi de l’université étaient collectivement en train de mettre à jour le wiki de leur groupe de recherche. Certains d’entre eux se contentant de prendre des notes de façon linéaire, tandis que les autres réorganisaient leur travail pour leur donner un ordre plus rationnel et rajouter des liens vers les documents les plus pertinents pour illustrer l’argumentation de l’intervenant et les critiques des étudiants.
Au bout d’un certain moment, les questions des étudiants se faisant plus précises, il apparaît qu’ils sont en fait en train de commenter un article écrit précédemment par l’intervenant. Celui-ci le récupère alors sur un site de doctrine anglo-saxonne en accès libre pour l’afficher devant tout le monde et commencer à en surligner les passages susceptibles de répondre aux remarques qui lui font face.
Et pour finir, inutile de préciser que les étudiants avaient fourni quelques bouteilles de bière et des gateaux pour permettre à l’assistance et aux intervenants de faire preuve d’un peu d’imagination.