Bibliobsession c’est fini, cap vers la transformation publique !

J’ai créé ce blog en octobre 2005, il y a 13 ans. J’ai commencé à travailler dans les bibliothèques en 2004. Comment résumer 14 ans d’expérience ? Peut-être à travers quelques noms et mots-clés. Regarder en arrière, puis changer de direction.

D’abord deux noms : Bertrand Calenge et Thierry Giappiconi. Étudiant puis jeune professionnel, ils m’ont donné le goût des politiques documentaires mais m’ont surtout fait comprendre que les bibliothèques sont des outils au services de politiques publiques. Ils m’ont donné envie de prendre au sérieux ce métier et de défendre les valeurs qu’il porte. J’ai l’honneur de participer avec l’Enssib à un livre d’hommage au blog de Bertrand, la boucle est bouclée.

Le Web 2.0 rappelez-vous à l’époque Twitter se lançait, Facebook était tout neuf et Google n’avait pas encore racheté YouTube ! Ma toute première intervention pour une journée organisée à l’ADBS en 2006 à l’invitation de Diane (tu m’as lancé dans le grand amphi de Jussieu, chouette démarrage !) visait à imaginer les impacts du web 2.0 sur les bibliothèques.

Médiation numérique très vite j’ai senti que les politiques documentaires devaient se déployer dans un cadre où le numérique allait jouer une place très forte. Dès 2011 je sens que la notion commence à essaimer du côté des EPN. Quelques années plus tard il faut clarifier le concept pour marquer le fait qu’il porte sur les savoirs et les savoir-faire et pas uniquement sur le numérique. Entre temps j’ai la chance d’expérimenter en collectivité au sein des médiathèques de Val d’Europe où j’ai le premier poste en France sur la médiation numérique (reconnaissance éternelle à Christine Bourrus). J’expérimente bien, avant que la direction ne change et brise la dynamique qui se mettait en place.

Formations j’ai eu la chance d’animer des centaines d’heures de formation pour les bibliothécaires, en France et à l’étranger. La géniale Jenny Rigaud hacke les lourdeurs de la machine CNFPT, elle a l’intelligence de nous faire confiance et créer un groupe de 5 formateurs motivés par la médiation numérique des savoirs. On se lance avec Lionel (D et M), Didier, et Frédéric (on s’auto-proclame pères fondateurs…) et on élargi le cercle avec Angie, Julien, Renaud, Thomas, Cyrille et d’autres ! Les besoins sont immenses, année après année, stage après stage, on apporte notre pierre à l’édifice de l’évolution du métier en essayant de redonner du sens tout en acculturant au numérique. Des centaines de stagiaires des milliers d’heures de train et d’avion, des centaines de slides et de travaux en groupe et des belles rencontres. Aujourd’hui j’ai besoin d’oxygène et de sortir de ma zone de confort. Le besoin de formation est toujours présent et la relève est là ! Mon ami Thomas Fourmeux est fidèle au poste et de plus en plus compétent. Cosette Spirin vient de proposer aux conservateurs de l’Enssib un support pédagogique étroitement lié à l’approche que nous avons avec Lionel Dujol ! Je lui fais confiance ainsi qu’à mes amis formateurs pour reprendre le flambeau.

La Bpi. J’arrive à la Bpi en 2010, j’ai plein d’idées mais la structure n’est pas prête. Patrick Bazin arrive en 2012 et réorganise l’établissement. Je garde un souvenir impérissable des heures de discussion avec lui et une admiration sans bornes pour le personnage & son charisme. Je prend le pilotage de ce qui deviendra Eurêkoi en 2015 à la faveur d’un partenariat avec la Belgique, pour en faire un dispositif de médiation numérique des savoirs efficace. Entre 2012 et 2017 on augmente de 200% le nombre de questions posées (en grande partie grâce au déploiement du service de recommandation porté par la ville de Lorient au départ) on ajoute une dizaine de nouvelles collectivités dont les bibliothèques deviennent partenaires, on multiplie par 2 le nombre de bibliothécaires répondants (500 personnes aujourd’hui) et on maintient le taux de satisfaction du service. En 5 ans avec l’équipe on change de nom, on va sur les médias sociaux et le mobile, on renouvelle tous les outils, on publie tout sous licence CC et on refait entièrement le site en mode UX. On mutualise des budgets entre administrations pour dégager environ 20 000€ par an pour la communication, on missionne une agence de marketing pour affiner notre positionnement et faire des relations presse, ce qui nous permet de passer plusieurs fois dans les médias et au journal de France Inter (consécration pour un service public) !

J’ai la chance de participer dès 2011 aux congrès de l’IFLA (merci Annie D.) où je découvre le monde de la « JetSet internationale des bibliothécaires » avec un nombre incroyables de bibliothécaires…. de l’âge de ma mère (oui oui très souvent) avides de cocktails-au-frais-d’OCLC et de soirées « culturelles » à l’autre bout du monde (avec des cracheurs de feu). J’avoue j’en profite aussi (des cocktails), c’est l’occasion de parler anglais et de passer des vacances en famille avec une partie des frais payés par vous, chers contribuables, merci ! Pour me faire pardonner je live-tweet des dizaines de conférences et en ramenant un maximum de bonnes idées publiées sur ce blog et sur le site pro de la Bpi. Je remets sur pied le Prix International IFLA Biblibre du marketing dans les bibliothèques en trouvant un sponsor (Merci Arnaud et Paul) et en faisant passer les méthodes de travail d’un siècle à l’autre. L’occasion de tester le travail collaboratif à distance sur les 5 continents et de voir plein de projets du monde entier, même si en France le monde culturel se tamponne royalement du marketing des bibliothèques. Rassurez-vous, les jeunes professionnels (pas toujours jeune en âge) de l’IFLA sont là, la relève est assurée avec la fabuleuse Gloria (la Présidente herself) et le fascinant Antoine Torrens qui construit un super groupe des New Professional qui change un peu du club des chartistes de la BnF à l’IFLA 😉 Bref si je n’avais qu’un conseil à vous donner c’est allez à l’IFLA pour les cocktails mais aussi bien sûr pour les chouettes rencontres pro qui s’y passent, l’occasion de saluer le formidable travail du CFIBD, Franck et Pascal. Fierté d’avoir mis un pied à l’IFLA qui porte haut le plaidoyer des bibliothèques à l’international.

Parallèlement à la Bpi je m’essaie à l’action culturelle en créant des chouettes débats (merci Bernadette !) animés par l’excellentissime Ziad Maalouf sous le nom #controverses Anatomie d’une idée reçue. A l’heure où le numérique est trop peu perçu comme un sujet politique on essaie de mettre en lumière des lignes de tensions. Souvenir de la séance mémorable où nous avions invité Michel Bauwens, un des importants penseurs des communs pour débattre avec un patron d’Uber ! on avait refusé des dizaines de personnes…

Histoire d’appliquer sur place ce que je recommande en formation (c’est ma ligne de conduite), j’impulse un projet qui va aboutir (en bonne partie grâce à toi Pierre B !) à 3 identités thématiques de la Bpi, aujourd’hui bien actives et portées par des collègues engagés (Cyrille et Floriane ne lâchez rien, vous êtes au top !) pour utiliser les médias sociaux au service de la médiation des savoirs.

Tout ça, à la Bpi a été un travail d’équipe, sans ma n+1 comme on dit, Nathalie Nosny, je n’aurai pas pu faire un quart de ce que j’ai fait, elle a mon admiration éternelle pour ses qualités humaines et professionnelles. Bonne route à l’excellent Gaël, très bonne retraite à Anne après des années de réponses pertinentes et une base de connaissance magnifique. Bon vent à Ali et Abdelkader et Régis et à tous les collègues de la Bpi (en particulier Muriel et sa douce intelligence). Bonne reprise à Vanessa qui sera parfaite pour reprendre le flambeau.

Aujourd’hui la Bpi peine à se réinventer, le projet de rénovation manque de souffle et d’ambition et surtout de participation des bibliothécaires comme des publics. Christine, Annie, soyez à la hauteur des citoyens qui fréquentent la Bpi et des bibliothécaires amoureux de cet établissement, faites leur confiance !

Les communs de la connaissance. En 2012 la lecture du livre Libres Savoirs est un choc. Frustrés par le fonctionnement des grosses associations professionnelles, leurs lenteurs et leur corporatisme, on décide avec mon ami, l’incroyable et génial Lionel Maurel de se saisir de ce qui nous semble un nouveau paradigme. On créé SavoirsCom1 avec Aurélia autour d’une bière sur la place Sainte-Marthe à Paris. A l’époque presque personne ne parlait des communs. Le Manifeste rencontre l’intérêt de pas mal de copines et de copains et on se met à pourfendre les institutions qui mettent des enclosures partout. L’INIST est notre première cible et on continue… jusqu’à convoquer le Président de la BnF devant la Commission culturelle de l’Assemblée Nationale à propos de l’infâme partenariat BnF-Proquest. Mémorable prise de parole devant une trentaine de députés ! Aujourd’hui SavoirsCom1 intervient dans pas mal de débats publics, de journées d’études et d’auditions auprès des décideurs. De collectif sans statut juridique on est passé en association loi 1901 mais sans la gouvernance du vieux monde, on a toujours des règles et un cap très clair et on continue d’accueillir des nouveaux membres !

En 2015, j’adhère à l’ABF parce qu’Anne Verneuil et mon Lionel Dujol préféré ont mis une énergie hors du commun pour bouger la vieille association avec la Charte BibLibre et la fine négociation des recommandations du livre numérique. L’ABF se positionne enfin de manière engagée sur ce sujet. Sur cette question je prends des coups et je connais pas mal de pressions à la Bpi, sans jamais rien lâcher. Après 3 ans à l’ABF le constat est plus que mitigé, la commission stratégie numérique créée à mon initiative n’a pas ménagé ses efforts pour proposer des positions engagées à l’ABF qui avait accepté que les positions de SavoirsCom1 servent d’aiguillon. Après quelques victoires grâce à la méfiance bienveillante de Xavier, une journée d’étude mémorable et quelques engueulades en interne, j’espère que le prochain bureau et Président comprendront que les adhérents ne (re)viendront que si l’ABF est plus combative, construit une stratégie claire et combative (oui surtout toi Dominique Lahary, admiration pour ce que tu as fait, mais nous n’avons du tout pas la même conception de l’action publique et de l’action associative). J’espère qu’un jour l’ABF portera avec, contre ou sans le Ministère de la Culture des actions de plaidoyer efficaces et précises. Il est temps de proportionner l’influence de ce Ministère (et des indéboulonnables idéologues du droit d’auteur comme Nicolas G.) à la hauteur de ses ambitions pour les politiques publiques culturelles c’est à dire… pas grand chose.

Artisan du rapprochement entre l’ABF et Bibliothèque Sans Frontières, BSF, je continue de croire que les deux organisations ont des intérêts mutuels, BSF sur sa force de frappe et l’ABF sur sa légitimité métier. L’alliance des deux, testée à l’occasion des législatives, remue les adhérents mais s’avère efficace. Quel dommage que quelques temps plus tard le rapport Orsenna ne soit pas l’occasion de parler d’une seule voie avec un message clair. Au CA de BSF je vois la petite association grandir de manière fulgurante pour devenir une ONG majeure dont le budget approche de 10 millions d’euros et regroupe plus de 100 salariés…. Je fais voter par le CA une charte des contenus qui met toutes les créations de BSF sous licence CC et qui engage l’ONG vers le libre (cela représente des montagnes d’heures réutilisables avec par exemple les contenus de la Khan Academy ou de Bsf Campus.) Il ne reste plus qu’à trouver la bonne manière de faire passer l’impact social avant les bailleurs de fonds en ouvrant les plans de l’Ideas Box, on y est presque !

Le livre Médiation numérique des savoirs – des enjeux aux dispositifs est la synthèse de toute la démarche qu’on a imaginé avec Lionel Dujol, testé et validé sur le terrain. Le livre est disponible gratuitement sous licence creative commons cc-by-sa. Amitié éternelle avec mon compagnon de route et mon ami Lionel. On a fini par le faire ce livre, et on se balance d’en vendre des palettes, on veut que les idées essaiment et on sait que les bibliothécaires aiment garnir leurs bibliothèques pro, et que les étudiants ont parfois besoins de livres en vrai papier pour que le vieux monde de la formation initiale trouve les idées légitimes 🙂

Ce retour en arrière a des airs de bilan… et pour cause puisque je quitte la Bpi et le monde des bibliothèques pour rejoindre dès ce lundi 28 mai 2018 la Métropole Européenne de Lille. Voici le profil de mon nouveau poste :

CHARGÉ.E DE MISSION DESIGN DES POLITIQUES PUBLIQUES

 La Métropole Européenne de Lille, établissement public de coopération intercommunale, rassemble plus d’un million d’habitants et 90 communes. Son territoire est à la fois rural et urbain, fait de grandes villes et de villages. Elle exerce ses compétences dans 19 domaines essentiels au service des usagers tels que l’aménagement, la voirie, l’assainissement, le transport, la culture, le tourisme, l’habitat, le développement économique…

Les services de la MEL comportent plus de 2800 agents et plus de 100 métiers. Soutenus par une politique de formation continue ambitieuse, ils ouvrent des possibilités d’évolution professionnelle attractives.

Contexte

Au sein du pôle Innovation et Dialogues, la direction Recherche et développement a vocation à identifier des tendances émergentes dans tous les domaines, et à piloter la démarche RS’MEL, le plan d’actions égalité femmes-hommes 2016-2020, la stratégie open data et l’incubateur interne.

Dans le cadre de la nomination de la MEL Capitale Mondiale du Design 2020, la direction R&D sera en charge de la création d’un laboratoire de design des services publics. Pour cela, la MEL participera dès janvier 2018 au programme de recherche-action TRANSFO porté par l’association La 27ème Région, qui expérimente de nouvelles méthodes pour améliorer la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

En parallèle, la MEL souhaite aussi participer à la création d’une chaire Innovation et Gouvernances publiques, en partenariat avec de grandes écoles du territoire. Cette chaire permettra de suivre les tendances et les pratiques innovantes des administrations et d’anticiper ainsi les transformations des organisations publiques.

Missions

Afin de répondre à ces nouveaux enjeux, la direction Recherche et développement recherche un.e chargé.e de mission pour créer ce laboratoire de design des services publics et la chaire Innovation et Gouvernances publiques.

Mission 1 : Pilotage du programme recherche-action TRANSFO

– Gérer la relation contractuelle avec La 27ème Région

– Organiser le comité de pilotage du suivi du programme TRANSFO

– Coordonner les expérimentations en lien direct avec les directions en charge des politiques publiques

– Piloter l’équipe des « testeur.se.s » internes en charge d’expérimenter les méthodes de design de services publics

– Diffuser les méthodes et retours d’expériences en interne

Mission 2 : Création du laboratoire des services publics

– En interaction avec la TRANSFO, définir le périmètre et les objectifs du laboratoire de design des services publics

– Définir en lien avec tous les acteur.rice.s et en particulier les fonctions support les caractéristiques juridiques, financières et humaines du laboratoire

– Contribuer au projet de Capitale Mondiale du Design 2020 pour sa partie design des services publics

Mission 3 : Création de la chaire Innovation et Gouvernances publiques

– Piloter pour la MEL le projet de création de la chaire, tant dans son contenu que dans les relations avec les différents partenaires

– Définir avec les fonctions support les modalités de mise en œuvre de cette chaire

Mission 4 : Contribuer au collectif de la direction et du pôle

– Participer aux réflexions et actions de la direction, dont les objectifs sont notamment de faire bouger les lignes, réinterroger l’existant, participer à la libération de la créativité des agent.e.s,

– S’assurer que la dynamique de design des services publiques s’inscrive bien dans celles portées par la direction et le pôle (projet d’administration, culture interne, Mel management, Open Data, RS’MEL, EFH, incubateur…)

Profil

Fonctionnaire ou lauréat du concours de la FPT catégorie A. 

Vous aimez vivre des aventures collectives et avez envie de participer à une démarche participative et ambitieuse au service des agent.e.s et des habitant.e.s de la métropole européenne de Lille.

Vous avez une appétence pour l’innovation et une bonne expérience en management de projet.

Vous échangez facilement avec des partenaires parlant anglais.

Vous avez un esprit créatif et une capacité réelle à travailler en transversalité.

Doté.e de qualités relationnelles, vous saurez rapidement vous intégrer à une équipe de chargé.es de mission et contribuer, à leur côté, à nouer des partenariats internes et externes permettant à la MEL d’être à la hauteur de ses ambitions en matière de design des services publics et plus largement d’innovation publique.

Modalités d’exercice

– Déplacement à prévoir

– Participation aux événements de l’administration

La Métropole Européenne de Lille lutte contre toutes les formes de discrimination, vise à diversifier ses candidatures et reconnaît tous les talents.

Tous nos postes sont ouverts aux personnes en situation de handicap. Ce poste est à pourvoir le plus rapidement possible. Merci d’adresser votre candidature (lettre de motivation et cv) à l’attention de Monsieur le Président.

Pôle : INNOVATION ET DIALOGUES

Filière : Administrative ; Technique

Catégorie du poste : A

Là vous vous dites peut-être mais qu’est-ce que c’est que le Design des politiques publiques ? Stéphane Vincent de la 27e Région l’explique très bien dans cet article de la Gazette :

Ce choix interrogera ceux qui me croyaient verrouillé pour toujours au chevet de la cause des bibliothèques et du numérique, mais semblera logique à ceux qui savent qu’elles ne sont qu’un dispositif de politique publique parmi d’autres. Après tout, les bibliothèques sont là pour faire circuler les idées, les savoirs, les savoir-faire et elle viennent déjà en appui à de nombreuses politiques publiques par leurs sélections et dispositifs de médiation sur le recyclage, la santé, le climat… Pour moi ce changement est une continuité au service de la réponse à la bonne question : comment contribuer à bâtir un monde habitable ?

Ce qui m’a toujours passionné c’est l’action publique, et plus particulièrement une citoyenneté qui se renouvelle en communs. Si je vais dans cette direction, c’est aussi que, comme le pense Romain Beaucher, le design des politiques publiques peut changer le monde… Je me retrouve tout à fait dans le constat qu’il fait notamment du point de vue de l’efficacité de la formation :

D’expérience en expérience, j’ai testé différentes manières de concevoir, motiver, mesurer le changement — et différentes manières de fédérer autour d’une vision du changement souhaitable.

De fait, ça a (très) rarement marché. Pour des raisons variées, dont je retiens néanmoins trois traits communs : le manque de pertinence de la proposition, l’absence de désirabilité de la destination et du chemin proposés, le manque d’attention aux personnes qui allaient devoir porter le changement et, plus généralement, aux formes que celui-ci allait prendre “en vrai”.

Travailler avec des designers (c’est à dire des personnes qui ont une formation en design) permet en grande partie de dépasser, voire d’inverser, ces obstacles.

Appliqué aux politiques publiques, le design permet d’être plus pertinent (souvent par un détour via l’impertinence), de générer du désir pour le changement chez les personnes qu’il concerne (agents de terrain, usagers) et d’intégrer les détails qui comptent (à tel point qu’ils font capoter tout projet qui ne s’embarrasse pas de la logistique).

Je découvre même à quel point le design, pour peu qu’il soit pratiqué avec conscience, est politique  : il renforce la capacité d’agir, au sein et en dehors des grosses organisations que sont les administrations, de celles et ceux qui en sont privés (par la hiérarchie, la culture ou l’indifférence). Il fait entendre la parole de celles et ceux qui ne l’ont jamais, dans les bureaux ou les salles de réunions où les décisions se prennent.

Démarche immersive et stratégique, le design des politiques publiques est, en plus, économe : par leur capacité à prototyper et tester les choses, les designers font gagner du temps et de l’argent aux acteurs publics qui, souvent, souffrent du syndrome “cathédrale” (temps de conception et de construction de systèmes sans rapport avec la vitesse d’évolution et la complexité des enjeux).

Et puis les designers font attention à l’esthétique des choses. Ça peut paraître anodin ou superflu, pourtant c’est au coeur de mes motivations à travailler avec eux : réintroduire ou révéler la beauté, là où elle a été chassée, malmenée, oubliée.

Articulé aux sciences humaines, à la philosophie, au droit, à la pensée et aux usages politiques du numérique, en dialogue avec le syndicalisme et, plus généralement, différentes formes de militantisme, le design des politiques publiques a un potentiel immense, pour réinventer vraiment la vie, redonner du sens aux valeurs de l’action publique, dans tous les secteurs.

Où je vais ? Quelque part au cœur de ce schéma génial de Bas Leurs, qui est designer au Nesta, la fondation anglaise pour l’innovation publique. Regardez le attentivement il est juste exceptionnel ce schéma ! En voici une version traduite par de la pour
 
 

Une #cartographie pédagogique des courants de l’ #innovation par #stephanevincent de la @La27eregion pour @HorizonsPublics

 
Je suis très heureux de rejoindre une Métropole européenne super dynamique, tournée vers 2020 puisque Lille sera capitale mondiale du design cette année là. Très heureux aussi de découvrir un territoire plus facile à appréhender que Paris (car plus petit) de rencontrer plein de nouveaux collègues et partenaires, de travailler étroitement avec la 27e Région et d’être partie prenante d’une direction Recherche & Développement !

Je quitte l’ABF, bon vent au groupe île-de-France, j’espère que Troc2postes et les cafés ABF me survivront. Je quitte bien entendu l’IFLA et l’AFNOR puisque j’y étais pour la Bpi. Je continue d’accompagner les collègues de la métropole de Poitiers qui me font confiance pour déployer une stratégie efficace de médiation.

C’est avec un gros pincement au cœur que je vais interrompre les publications sur ce blog, qui a correspondu à une étape de ma vie. Tous les articles resteront en ligne bien entendu, et la BnF l’archive pour la postérité dans le cadre du dépôt légal du web, en espérant qu’un jour il soit accessible à tous et pas uniquement aux chercheurs (il faudrait que la loi change pour ça)

Merci à tous de m’avoir supporté ces années durant ! Merci pour vos lectures, vos commentaires, vos réactions, vos invitations. Je reste actif sur Twitter et sur Facebook, mais soyez prévenus que mes centres d’intérêt vont évoluer, ma veille sera bien moins axée bibliothèques et bien plus transformation publique, communs et citoyenneté, au moins !

Bon vent à toutes et à tous au service d’un monde habitable en communs.

Ah au fait, n’hésitez pas à vous abonner au fil rss ou à la lettre d’information de mon tout nouveau blog qui s’intitule #Symbioses_Citoyennes !

L’article Bibliobsession c’est fini, cap vers la transformation publique ! est apparu en premier sur .

Bibliobsession 2.0

log animé par Silvère Mercier, alias Silvae depuis 2005 qui s’attache à recenser les expériences innovantes, à susciter des débats et à cerner les enjeux du numérique au sein de la communauté de l’information-documentation.

  • licence : creative commons By-nc-sa
  • contact : bibliobsession@gmail.com

URL: http://www.bibliobsession.net/
Via un article de Silvae, publié le 28 mai 2018

©© a-brest, article sous licence creative common info