L’Internet n’est pas seulement un espace communicationnel favorisant l’échange
d’information, de biens culturels ou de consommation, il contribue également au
redéploiement des forces sociales, économiques, ou politiques. Il semble ainsi constituer un
continuum pratique allant de l’expression privée des opinions à la revendication de l’action
publique, que les verrous classiques de la coutume et du droit ne suffisent plus à baliser. Bien
plus, la puissance appropriative des outils informatiques fait coïncider, mais sur un mode
conflictuel, la tradition du partage des savoirs et celle de la sécurité des biens ou de leur
propriété. De fait, la disponibilité immédiate des oeuvres scientifiques ou artistiques et les
bouleversements liés à leur mode de production pourraient profondément remodeler les
processus de création, de diffusion, et d’appropriation des connaissances.
Ce colloque cherche à approfondir les questions qui se posent à la jointure des contraintes
objectives pesant sur les réseaux (technostructure, systèmes juridiques multiples, etc.) et des
processus d’autonomisation culturelle et politique qu’ils semblent favoriser.
JOURNEE DU VENDREDI 20 JANVIER 2006
Première session
- 9h30 : Présentation du colloque et de ses enjeux (Paul MATHIAS)
L’économie du droit (Président de séance : Paul MATHIAS, CIPh)
Attendus : De nombreux biens ou services font l’objet sur l’Internet d’appropriations
jugées illicites (duplication exponentielle des fichiers musicaux, piratage informatique,
intrusions plus ou moins malveillantes dans des systèmes informatiques distants, etc.) quimenacent fortement les principes classiques de
une confusion du « mien » et du « tien ». Ces
d’authentiques revendications sociales ou politiques,
répartition et de d’attribution de ces biens et services.
privé qu’il faudrait ici invoquer pour comprendre
effectives que les affordances du Réseau, c’est-
l’ordre du mien, du tien, et du nôtre en raison
possible ?
- 10h00 : Joëlle ZASK, Université de Provence
L’Internet, une invitation à repenser la distinction entre public et privé
- 10h45 : Michel ROCARD, Parlement européen Brevets et libert
- 11h45 : Dominique BOULLIER, Université de Rennes
Restituer le pluralisme des choix
techniques pour mettre Internet en politique
DEUXIEME SESSION
L’économie des savoirs » (Présidente de séance : Françoise MASSIT-FOLLEA, Vox Internet)
- 14h00 : Présentation (Françoise MASSIT-FOLLEA)
Attendus : Qu’il s’agisse de la recherche scientifique proprement dite ou bien des arts et
de la littérature, l’importance croissante des projets collaboratifs d’une part, la disponibilité
immédiate des oeuvres produites d’autre part, rompent l’unité conceptuelle de la notion
d’auteur et la font dériver de la sphère traditionnelle de l’intimité intellectuelle à celle encore
mal définie du partage ou de la « co-auteurité ». Et non seulement de la notion d’auteur, mais
également de celle même d’oeuvre, de plus en plus assimilable à un objet universellement
accessible et transformable. Il faut ainsi se donner les moyens de rendre compte d’une
véritable reconfiguration des fonctions de formation et de diffusion des savoirs, ainsi que d’un
remodelage des processus de la création scientifique, littéraire, musicale, etc.
- 14h15 : Gérard WORMSER (E.N.S.-L.S.H.) :Écrire aujourd’hui sur le gouvernement : 1759
en 2006 »
- 15h00 : Jos DE MUL (Université de Rotterdam, Pays-Bas) : From printing processes to
shared knowledge (communication en langue anglaise)
- 16h00 : Éric GUICHARD (E.N.S.S.I.B.) : L’écriture scientifique : grandeur et misère des
technologies de l’intellect
- 16h45 : Olivier BLONDEAU, (I.E.P. de Paris - CEVIPOF) et Laurence ALLARD (Université
Lille III) : De la syndication à la géolocalisation, des blogs aux locative media, l’activisme
2.1 entre expressivisme et devenir commun
SAMEDI 21 JANVIER 2006
TROISIEME SESSION
Le travail de l’idéologie Président de séance : Gérard WORMSER, ENS-LSH)
- 9h30 : Présentation (Gérard WORMSER)
Attendus : De la revendication privée à l’action sociale, le continuum sémantique et
pratique des usages de l’Internet met à la question le sens et la portée de l’idée même de la
parole qui s’y déploie et de l’action qui s’y organise. Or les valeurs traditionnelles, qu’elles
soient éthiques ou juridiques, ne jouent plus ce rôle de verrou qui permet dans nos pratiques
ordinaires de nous rapporter dans nos gestes et nos décisions à un système reconnu de normes
régulatrices. Il importera d’examiner de quelle manière le Réseau réorganise notre rapport
aux « valeurs », mais aussi de quelle manière il est également susceptible d’être lui-même, en
tant que « monde », producteur de telles « valeurs » et de formes nouvelles de rationalité
éthique.
- 9h45 : Thierry LETERRE (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) : L’acteur
sur les réseaux : entre libéralisme de la sphère privée et espace de publication
- 10h30 : Geert LOVINK (Wissenschaftskolleg zu Berlin et Network Cultures) : Introducing
Organized Networks - The Quest for a Sustainable Digital Economy (communication en
langue anglaise)
- 11h30 : Robert DAMIEN (Université de Besançon) : La révolution informatique Internet :
de l’état de nature au nouveau contrat social de lecture
- 12h30 : Françoise MASSIT-FOLLEA (Vox Internet) : Remarques conclusives