Extrait de la présentation
Du point de vue du profil des copieurs, il apparaît que l’échange de copie est une pratique très répandue qui concerne pratiquement toutes les catégories sociales. Les copieurs ne peuvent pas uniquement être assimilés à des jeunes irresponsables ou à des resquilleurs. En fait, près de 11 millions d’internautes en France téléchargent de la musique sur Internet (soit plus de 40% des internautes).
Sur les facteurs explicatifs du copiage (probabilité d’être copieur et intensité du copiage), les variables significatives sont : un effet d’imitation et de contagion sociale (amis, familles, relations de travail...), l’accès à une diversité culturelle plus importante, le prix perçu des originaux, les compétences informatiques et dans une moindre mesure, le niveau d’études.
Par contre, la perception du risque juridique et le niveau d’achat de CD et de DVD sont des variables neutres donc non explicatives du copiage. Il ressort donc que la politique répressive est particulièrement inefficace et ce d’autant plus qu’elle n’est pas fondée d’un point de vue économique si l’on considère les effets du copiage sur les achats de CD et de DVD.
Du point de vue des dépenses culturelles, il existerait une relation particulière entre le copiage P2P de musique et de films et les achats de biens culturels (CD, DVD) :
- Il ressort de l’étude que, d’une manière générale, les achats de CD et de DVD ne sont pas affectés par l’intensité du copiage sur les réseaux P2P. Cela peut s’interpréter comme une indépendance des deux pratiques ou, plus vraisemblablement, par la neutralisation de deux logiques contradictoires : substitution des achats d’originaux par le copiage, complémentarité/"cumulativité" de la pratique de copiage et de l’achat d’originaux.
- En revanche, l’intensité de copiage de musique toutes techniques confondues s’avère un facteur favorable aux achats de CD et de DVD. Les « gros » copieurs achètent donc relativement plus de biens culturels que les autres.
Du point de vue du consentement à payer, le copiage ne supprime pas la disposition à payer des internautes. Ils attribuent donc une valeur économique aux contenus qu’ils échangent.
Ce résultat est révélé par l’analyse du consentement à payer (6,66 euros pour la musique, 8,44 euros pour les films et 12,62 euros pour les deux) pour accéder à des services de téléchargement libre. Ce consentement à payer est néanmoins inférieur au prix d’un original : cela suggère que les consommateurs estiment que le prix actuel des originaux est trop élevé.
En conclusion, l’étude permet de largement relativiser les a priori qui circulent sur les pratiques de copiage : les conséquences économiques graves ou l’atteinte à la diversité culturelle.
Pour sa part, l’UFC-Que Choisir considère donc que les principales dispositions du projet de loi DAVSI , qui ne sont fondées sur aucune étude fiable des comportements, ne sont ni légitimes sur le plan éthique ni justifiées économiquement.