Une initiative de paroles proposée par hervé le Crosnier

SMSI-100 sommet mondial de la société de l’information - 100 jours

faire le pari de publier à la volée cent petits papiers pour verser du vinaigre sur le consensus mou et promouvoir une société de l’information égalitaire, fraternelle et libre

Aujourd’hui 1 septembre, nous entrons dans les 100 jours qui nous séparent du "Sommet Mondial de la Société de l’Information" qui se tiendra à Genève en décembre, sous l’égide de l’ONU.

Alors qu’elle a été bien silencieuse durant les deux ans qui viennent de s’écouler, la presse et les faiseurs d’opinion au service de l’industrie, vont maintenant se réveiller pour clamer haut et fort les louanges du SMSI.

Pourtant, celles et ceux qui souhaitent voir émerger une société qui utilise les technologies de l’information pour améliorer les relations humaines et promouvoir l’égalité, la justice et les droits de l’Homme partout dans le monde ont des soucis à se faire.

La nouvelle version de la "Déclaration" des Etats, qui a été établie en juillet, est en réalité un brouet indigeste, qui mélange allégrement des utopies "grand coeur et bon marché" et l’imposition de règles strictes d’organisation d’un commerce de l’information qui protège les intérêts des transnationales du Nord.
Côté utopie, la mode se porte en e- : il suffit de placer ce préfixe devant chaque activités pour la voir ressurgir toute neuve, porteuse d’espoir et comble de l’ironie, débarrassées des conflits, des manques de financements publics, des processus d’exclusion qui sont pourtant la marque des dernières décennies.

Avec l’e-éducation, plus de problèmes de scolarité, c’est comme si les Plans d’Ajustement Structurel du FMI (qui ont réduit les dépenses publiques pour l’école dans tous les pays en voie de développement) n’avaient jamais existés ; chaque élève pourra avoir accès à toute la connaissance du monde : pourquoi payer les professeurs ? .

Avec l’e-commerce, c’est comme si chacun avait sa place, qu’on recommençait la spirale de la saine émulation d’une concurrence renouvelée ; comme si les monopoles, l’exploitation du Sud et la gadgetisation de la planète n’avaient jamais existé.
Avec l’e-gouvernement, plus de poblèmes d’opposition, de conflits, de visions différentes d’un monde à construire : chacun s’exprime, et les dirigeants n’en font qu’à leur tête. Tiens, un peu comme à l’image de ce SMSI lui-même.

Quant aux e-droits-del’Homme, c’est bien simple, c’est même pas la peine d’en parler. On a ainsi vu les Etats-Unis combattre toute mention renvoyant aux Pactes sur les droits économiques et sociaux et sur les droits culturels. Il est clair qu’on ne produira pas un texte international qui pourrait ouvrir de nouvelles approches des Droits de l’Homme, intégrant les opportunités techniques et limitant les dangers potentiels de suivi et de traçage des individus et de contrôle de l’information, qui résultent des "technologies de l’information et de la communication". Le "droit de la communication" n’est pas à l’ordre du jour : le seul droit de l’homme électronique, c’est le marché, le marché, le marché.

Car côté organisation de la suprématie du marché, le document des Nations-Unies va assez loin. Il renvoie sans cesse à l’OMC pour tout ce qui pose problème ; il refuse de promouvoir les "logiciels libres" sous la pression de la Chambre de Commerce internationale ; il refuse de parler dans ce contexte de la Propriété intellectuelle, qui sera débattue à l’OMPI (Office Mondial de la Propriété Intellectuelle). Bref une société de l’information qui assume que les échanges d’informations sont des contrats privés, qui relèvent d’instances dédiées au commerce, et non d’une ré-organisation, de l’échelle locale à l’échelle mondiale, des relations entre les citoyens du monde, les Etats et les industries.

Mots ronflants, petite pensée : on a encore cent jours pour subir les assauts de l’e-paradis auto-proclammé des vendeurs au sourire ultra-brite... et donc cent jours pour organiser un autre débat, d’autres propositions, d’autres projets pour que les technologies de l’information s’intègrent dans le combat millénaire pour refuser l’exploitation et l’oppression et promouvoir une société où chaque homme, chaque femme et chaque enfant puisse jouir de la Paix, d’un toit et de repas en quantités suffisante, puisse bénéficier de l’éducation et de l’accès aux ressources de connaissance du monde entier, notamment dans le domaine de la santé.

La Paix, un terme qui est complètement absent de la déclaration des Etats pour le SMSI. Faut dire qu’à l’heure de la crise de l’ONU, c’est certainement pas un problème majeur du 21ème siècle que les technologies de l’information pourraient aider à résoudre.

Hervé Le Crosnier

Alors qu’elle a été bien silencieuse durant les deux ans qui viennent de s’écouler, la presse et les faiseurs d’opinion au service de l’industrie, vont maintenant se réveiller pour clamer haut et fort les louanges du SMSI.

Pourtant, celles et ceux qui souhaitent voir émerger une société qui utilise les technologies de l’information pour améliorer les relations humaines et promouvoir l’égalité, la justice et les droits de l’Homme partout dans le monde ont des soucis à se faire.

La nouvelle version de la "Déclaration" des Etats, qui a été établie en juillet, est en réalité un brouet indigeste, qui mélange allégrement des utopies "grand coeur et bon marché" et l’imposition de règles strictes d’organisation d’un commerce de l’information qui protège les intérêts des transnationales du Nord.
Côté utopie, la mode se porte en e- : il suffit de placer ce préfixe devant chaque activités pour la voir ressurgir toute neuve, porteuse d’espoir et comble de l’ironie, débarrassées des conflits, des manques de financements publics, des processus d’exclusion qui sont pourtant la marque des dernières décennies.

Avec l’e-éducation, plus de problèmes de scolarité, c’est comme si les Plans d’Ajustement Structurel du FMI (qui ont réduit les dépenses publiques pour l’école dans tous les pays en voie de développement) n’avaient jamais existés ; chaque élève pourra avoir accès à toute la connaissance du monde : pourquoi payer les professeurs ? .

Avec l’e-commerce, c’est comme si chacun avait sa place, qu’on recommençait la spirale de la saine émulation d’une concurrence renouvelée ; comme si les monopoles, l’exploitation du Sud et la gadgetisation de la planète n’avaient jamais existé.
Avec l’e-gouvernement, plus de poblèmes d’opposition, de conflits, de visions différentes d’un monde à construire : chacun s’exprime, et les dirigeants n’en font qu’à leur tête. Tiens, un peu comme à l’image de ce SMSI lui-même.

Quant aux e-droits-del’Homme, c’est bien simple, c’est même pas la peine d’en parler. On a ainsi vu les Etats-Unis combattre toute mention renvoyant aux Pactes sur les droits économiques et sociaux et sur les droits culturels. Il est clair qu’on ne produira pas un texte international qui pourrait ouvrir de nouvelles approches des Droits de l’Homme, intégrant les opportunités techniques et limitant les dangers potentiels de suivi et de traçage des individus et de contrôle de l’information, qui résultent des "technologies de l’information et de la communication". Le "droit de la communication" n’est pas à l’ordre du jour : le seul droit de l’homme électronique, c’est le marché, le marché, le marché.

Car côté organisation de la suprématie du marché, le document des Nations-Unies va assez loin. Il renvoie sans cesse à l’OMC pour tout ce qui pose problème ; il refuse de promouvoir les "logiciels libres" sous la pression de la Chambre de Commerce internationale ; il refuse de parler dans ce contexte de la Propriété intellectuelle, qui sera débattue à l’OMPI (Office Mondial de la Propriété Intellectuelle). Bref une société de l’information qui assume que les échanges d’informations sont des contrats privés, qui relèvent d’instances dédiées au commerce, et non d’une ré-organisation, de l’échelle locale à l’échelle mondiale, des relations entre les citoyens du monde, les Etats et les industries.

Mots ronflants, petite pensée : on a encore cent jours pour subir les assauts de l’e-paradis auto-proclammé des vendeurs au sourire ultra-brite... et donc cent jours pour organiser un autre débat, d’autres propositions, d’autres projets pour que les technologies de l’information s’intègrent dans le combat millénaire pour refuser l’exploitation et l’oppression et promouvoir une société où chaque homme, chaque femme et chaque enfant puisse jouir de la Paix, d’un toit et de repas en quantités suffisante, puisse bénéficier de l’éducation et de l’accès aux ressources de connaissance du monde entier, notamment dans le domaine de la santé.

La Paix, un terme qui est complètement absent de la déclaration des Etats pour le SMSI. Faut dire qu’à l’heure de la crise de l’ONU, c’est certainement pas un problème majeur du 21ème siècle que les technologies de l’information pourraient aider à résoudre.

Hervé Le Crosnier

Posté le 2 septembre 2003

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