ProspecTIC 2010 : L’intelligence enfouie - la disparition de l’ordinateur ?

Reprise d’un article publié par Internet actu
Dans : Brèves , Enjeux, débats, prospective , Interfaces , Rfid - Par Hubert Guillaud le 8/11/2005

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En synthèse

“Intelligence ambiante” : des milliards d’objets dotés de puces, capables d’agir sur leur environnement, de se mettre en réseau et de collaborer entre eux.
Très fort développement des connexions de machine à machine, avec des incidences fortes sur l’architecture et l’économie des réseaux et l’émergence de nouveaux enjeux de “gouvernance”.
Evolution (mais non réduction) du rôle de l’ordinateur comme nœud des interactions entre personnes, objets, contenus, services et réseaux.
Extraits

Trois changements majeurs se profilent cependant dans les années à venir : l’adjonction de puces à toute sorte d’objets, des emballages aux ampoules électriques en passant par les médicaments ; l’enrichissement de leurs capacités autonomes et de leurs interactions avec leur environnement (capteurs et “actionneurs”) ; et leur capacité de communiquer entre elles, voire de collaborer à plusieurs, jusqu’à constituer ensemble de véritables réseaux pour accomplir ensemble certaines tâches. (...)

C’est de l’interaction - plus ou moins autonome, plus ou moins déterministe - de ces objets communicants qu’émerge une véritable valeur, un véritable service (...).

De fait, le nombre d’interactions de machine à machine (M2M) dépassera très rapidement celui des échanges entre humains via les réseaux, ou entre machines et humains. Ce phénomène aura deux conséquences importantes.

D’une part, chaque machine émet généralement plus d’information qu’elle n’en reçoit, sous la forme de messages généralement très courts (une mesure, un signal de bon fonctionnement, une alerte, une commande) et très nombreux. Les réseaux haut débit actuels ont été conçus dans une toute autre optique, celle d’usages multimédias par des individus. Ils favorisent le trafic descendant et les services exigeants en débit. L’arrivée de milliards de toutes petites transactions remontantes remet profondément en cause l’architecture des réseaux telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui.
D’autre part, face à la combinatoire presque infinie que représente - potentiellement - l’entrée en communication de tous les objets avec tous les autres, l’enjeu devient de définir des modèles d’interaction, des scénarios, des droits, des contrôles, des alertes, bref une sorte de “gouvernance”, sans non plus limiter à l’excès le potentiel d’innovation, d’invention, que représente la multiplication des liens possibles entre objets, fonctions, personnes. Il s’agit notamment de préciser ce qui peut communiquer avec quoi, en quelles circonstances, dans quels buts, afin, d’une part, d’obtenir des réseaux d’objets les services qu’on en attend et d’autre part, d’éviter des problèmes de sécurité, voire des emballements.
L’ordinateur tel que nous le connaissons disparaît-il pour autant de ce paysage ? Ses défauts sont connus : trop cher, trop complexe, trop riche, trop lent à démarrer, trop lourd... Et pourtant, aucun signe ne laisse penser que les nouveaux appareils ou l’”intelligence ambiante” disséminée dans les objets communicants représentent des substituts au PC. Nous voyons deux raisons à cela.

En premier lieu, la gestion des myriades d’interactions possibles entre les appareils communicants a besoin de “centres de contrôle” nombreux et décentralisés, puissants, complets et très adaptables. A court et moyen terme, au moins, l’ordinateur jouera ce rôle. A la fois “portail” des objets, fédérateur des accès à l’internet, échangeur des contenus entre télévision, hi-fi et appareils mobiles, centre d’archivage, etc. - le PC voit son rôle évoluer, mais pas se réduire.
En second lieu, l’ordinateur, par sa complexité même, reste l’un des seuls outils numériques polyvalents et non déterministes, dont les usages ne sont en aucune manière définis à l’avance. L’ordinateur est un outil très mal adapté à beaucoup d’usages simples, mais il est le seul qui les permette tous. Il reste également le seul outil numérique destiné à la production autant qu’à la consommation : l’ordinateur reste sans concurrence lorsqu’il s’agit de produire, de transformer, de publier.
Bref, le PC et le réseau composent ensemble une infrastructure sur laquelle se déploient les usages, les services et les objets, numériques et physiques. C’est pourquoi, malgré de nombreuses tentatives (WebTV, network computers et autres internet devices), aucun appareil “simplifié” n’est parvenu à déloger l’ordinateur de la place centrale qu’il occupe dans l’univers numérique professionnel et familial.

L’intelligence ambiante est-elle tout simplement possible ? La combinaison de milliers de puces et de capteurs ne va-t-elle pas donner lieu à des dérapages incontrôlés voir incontrôlables ou au contraire ou au contraire demander des inscriptions fastidieuses ? L’ordinateur est-il appelé à rester la set top box de l’informatique ambiante, le noeud de l’informatique domestique ?

Venez réagir et collaborer à ProspecTIC 2010, l’exercice de prospective de la Fing et de l’Irepp.

Posté le 13 novembre 2005

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