Plus de 200 musées offrent leurs collections imprimables en 3D !

Oui, j’ai téléchargé le scan de la célèbre statue de Néfertiti et je l’ai imprimé.


Je suis d’abord tombé sous le charme de la statue, je la trouve très belle. Wikipédia dit qu’elle serait considérée comme un des plus beaux canons de beauté !!

Je l’ai regardée, je l’ai observée et elle m’a interrogé.

Tout d’abord, la statue a été réalisée il y a 3300 ans par le sculpteur Thoutmôsis dans un bloc de calcaire, elle est aujourd’hui dans un musée de Berlin, le Neus Museum.

La statue a été scannée en 1992 puis en 2006.

Nefertiti Hack Reduced by Julio Iglesias on Sketchfab

Début 2016, Nora Al-Badri et Jan Nikolai Nelles, deux artistes, prétendent avoir scanné le buste de Néfertiti clandestinement en bricolant la caméra 3D Kinectde la console de jeu Xbox 360. Ce qui, en lecture rapide, semble possible.

Une étude attentive des fichiers révélera qu’il s’agit des scans réalisés par le Nueues Museum lui-même.

Les deux artistes revendiquent la « libération » de Néfertiti. Le fichier est placé sous une licence de partage Créative Commons et offert au téléchargement ou au partage via le protocole bit torrent (un protocole qui permet de partager des fichiers directement entre ordinateurs). Les deux artistes, qui ont imprimés et exposés des répliques, expliquent leur démarche sur leur site « Les impressions 3D exposés au Caire sont issue du scan le plus précis jamais rendu public de la tête originale de Néfertiti. En ce qui concerne la notion d’appartenance et de possession d’objets d’autres cultures, l’intention des artistes est de rendre les objets culturels accessibles au public.  ».


On trouve aujourd’hui les fichiers de ce scan sur mon ordinateur, mais aussi dans beaucoup d’autre sites webs :

Très tôt finalement, on a utilisé la technologie pour rendre compte des trésors de l’humanité, à l’image de ces stéréophotographies.


Je suis muséologue de formation et de ce fait les objets ont une grande importance pour moi. Les objets façonnés de la main humaine mais aussi les objets récoltés dans la nature : minéraux, animaux naturalisés, plantes, fossiles…

L’émotion véhiculée par le contact d’une pierre taillée il y a quelques millions d’années par un ancêtre est forte.

Voir et toucher un fossile vous transporte dans des temps immenses, dans un très lointain passé de notre planète ses plaléo-environnements peuplés d’animaux étranges et mous ou de libellules de taille humaine, de tyranosaures à plumes .

Ces objets sont pour les scientifiques des machines à remonter le temps.

Historiens, archéologues, anthropologues, paléontologues... explorent l’univers à travers les objets en particulier et, pour citer un célèbre archéologue, «  leur place est dans un musée ! ».

Mais si les impératifs de la rareté matérielle et les nécessités de la conservations imposent de restreindre l’accès directe à ces objets, leurs répliques numérique, elles, peuvent être rendue accessible grâce à internet !

Près de 3 milliards d’êtres humains ont les capacités techniques pour accéder à ses objets numériques. Beaucoup peuvent avoir accès à une imprimante 3D pour matérialiser, dans leurs mains, ces objets du patrimoine de l’humanité.

Alors certains vont être tentés d’emprisonner juridiquement ces objets en y ajoutant des restrictions d’usages ou de diffusion au motif de financer une institution ou plus directement d’en tirer du profit. Pour suivre l’actualité de ces aspects juridiques je vous recommande la lecture du blog de Lionel Maurel aka Calimaq.

Difficile aujourd’hui de s’y retrouver facilement si on cherche des galeries d’objets 3D.

On trouve les entreprises qui maîtrisent les technologies de numérisation, qui communiquent sur les projets qu’ils ont réalisés mais difficile de trouver les résultats de leurs travaux disponible au téléchargement (voir par exemple : http://ima-solutions.fr/museographi... ).

Peut-être y-a-t-il la place pour un service public centralisé ? De la même manière que le service public de l’inventaire du patrimoine, il pourrait être chargés d’administrer une base de donnée des objets 3D du patrimoine au service de la recherche scientifique d’une part, de la diffusion culturelle d’autre part et enfin de l’enrichissement des biens communs a service de toute initiative, y compris économique ?

Ou alors une indexation façon web sémantique permettant de trouver ces fichiers 3D ?

Ou peut-être même encore une utilisation particulière de la blockchain à la manière du projet de Créative Commons avec Ascribe, projet qui est mis en discussion par Lionel Maurel sur son blog tant par ses perspective prometteuses que potentiellement risquées ?

Enfin, j’ai également demandé sur twitter auprès de personnes sensibilisées à ces sujets, quels sites web ils connaissaient. Une recherche viendra compléter cette sélection.

Voici la dernière récolte de liens vers des sites qui proposent des objets en 3D :

Il semble que les labos de recherche et les musées possèdent des fonds d’objets numérisés conséquents, des villes entières scannées ou reconstituées en 3D. Peut-être est-il temps de créer un musée numérique universel, ouvert 24h/24, accessible à tous, dont les contenus constitués du patrimoine de l’humanité serait placé sous la protection juridique de licences généreuses et créatives permettant le partage et le remix ?

Et avec ce musée numérique, penser des médiations entre le patrimoine et les personnes qui en sont éloignées. Car si on rends accessible, ce n’est pas suffisant pour que les pratiques culturelles s’installent, il faut accompagner !

Evidement, cela nécessiterait un peu d’investissement !

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance. » Abraham Lincoln.

Via un article de Antony Auffret / Coordinateur DV et innovation, publié le 25 mars 2016

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