Pour une information et des médias pluralistes : Appel à des Etats Généraux en 2006

Nous en appelons à tous les citoyens attachés à une information
indépendante et pluraliste, aux journalistes, créateurs et salariés
des médias, aux acteurs des médias associatifs, aux intermittents
et précaires de tous les métiers de l’information et de la culture,
aux militants et responsables des mouvements syndicaux, associatifs
et politiques, aux mouvements d’éducation populaire, à toutes celles
et à toux ceux qui entendent résister à l’information et à la culture
mercantiles...

Pour que se tiennent, localement et nationalement, des Etats généraux
pour une information et des médias pluralistes

Des Etats Généraux, pourquoi ?

1. Pour remplir leur fonction démocratique, les médias devraient être
soustraits à l’emprise directe des pouvoirs économiques et politiques.
Or ce n’est manifestement le cas ni des médias privés, ni des médias
publics. Les logiques financières qui prévalent dans les premiers ont
désormais gagné les seconds, au point que le secteur public ne semble
devoir son maintien qu’à la perpétuation de sa dépendance politique.

La concentration des médias, livrés à des groupes liés à des empires
industriels, à des fonds de pension et au secteur bancaire dont le
principal objectif est de répondre aux attentes de leurs actionnaires,
compromet gravement la qualité et la diversité de l’information, du
divertissement et de la culture.

Elle incite les groupes de presse qui ne dépendent pas directement
des groupes les plus puissants à se battre contre eux avec les mêmes
armes sur le même terrain.

Elle entraîne une course à la rentabilisation qui se traduit par une
précarisation vertigineuse des métiers de l’information et de la
culture, par la subordination croissante des journalistes à leur
hiérarchie, par l’assujettissement de plus en plus étroit des programmes
et de tous les producteurs d’information et de culture aux impératifs
imposés par les diffuseurs et par les publicitaires.

Acteurs de la mondialisation libérale et de la dérive ultralibérale
de l’Europe, la plupart de grands médias en sont, par éditorialistes
et chroniqueurs interposés, les propagandistes. Au mépris de la
diversité des opinions et des aspirations de leurs lecteurs, auditeurs
et téléspectateurs. Mais quand le pluralisme est mutilé, c’est la
démocratie qui dépérit.

Le secteur public de l’audiovisuel ne fait pas exception, bien au
contraire. Assujetti à la publicité, parce que son financement public
est insuffisant, il se condamne, face aux chaînes et stations privées,
à les concurrencer avec les armes commerciales de la course à l’audience
instantanée. Placé sous la tutelle de la majorité politique du moment,
il en subit directement les pressions et les reprises en main
périodiques. Comment, dans ces conditions, pourrait-il remplir
son rôle de service public ?

2. Les pouvoirs publics, loin de garantir l’égalité du droit d’accès
aux médias, le pluralisme de l’information et l’indépendance des
journalistes :

  • Favorisent les concentrations guidées par la recherche obsédante du
    profit maximal dans le délai le plus court, qui est la règle du
    marché ;
  • Livrent l’audiovisuel et de larges secteurs de la presse écrite aux
    appétits des groupes adossés à des conglomérats industriels
    bénéficiant des marchés publics ;
  • Maintiennent leur encadrement politique d’un audiovisuel public,
    privé des moyens financiers de son indépendance ;
  • Pérennisent un système d’aide à la presse qui favorise les médias
    financièrement les plus puissants et les plus mercantiles ;
  • Participent à la fragilisation des médias indépendants des grands
    groupes en s’attaquant aux services publics, comme celui de la Poste
    qui réserve ses tarifs préférentiels aux médias les plus lucratifs ;
  • Se refusent à doter les médias sans but lucratif et, plus
    particulièrement, les médias associatifs, du statut juridique et de
    l’aide financière sans lesquels leur existence est compromise.

Des Etats Généraux, dans quel but ?

Par ces Etat généraux, nous entendons dresser un état des lieux des
problèmes à résoudre, proposer des solutions, les soumettre à toutes
les forces politiques et aux parlementaires.

Sans préjuger du résultat, nous entendons mettre en discussion les
questions suivantes :

  • L’information est un bien commun. Comment garantir les droits
    d’informer et les droits à l’information contre toutes les tentatives
    politiques et économiques de les confisquer ?
  • Ces droits doivent être protégés par une législation et des moyens à
    la hauteur des enjeux : lesquels ? Comment préserver et refonder le
    service public de l’audiovisuel ?
  • Comment garantir l’essor des médias associatifs, sauvegarder le
    potentiel non-marchand d’Internet, doter les médias à but non
    lucratif du statut et des moyens dont ils sont besoin ?
  • Le droit à l’information est d’abord le droit à une information
    diversifiée dans tous les domaines : comment la garantir, et
    favoriser en particulier la qualité et la pluralité des informations
    économique, sociale et internationale ?
  • Le droit à l’information suppose de nouveaux droits pour les
    journalistes et, plus généralement, pour les producteurs
    d’information indépendants : lesquels et comment les garantir ?

Des Etats généraux, comment ?

1. Nous appelons à des Etats généraux ouverts, décentralisés,
pluralistes.

  • Ouverts - La question du droit à l’information est une question trop
    sérieuse pour être abandonnée aux seuls responsables des médias :
    elle concerne tous ceux qui, professionnels ou non, journalistes ou
    pas, concourent à la production de l’information. Les journalistes,
    les salariés des médias et leurs syndicats ont besoin du concours de
    tous.
  • Décentralisés - La question du droit à l’information ne doit pas être
    réservée à des porte-parole nationaux (et omettre les médias
    régionaux). C’est pourquoi le processus des Etat Généraux que nous
    souhaitons impulser doit combiner des échéances locales et des
    échéances nationales et privilégier les ateliers, les commissions,
    les séminaires de réflexion et de proposition, contre toute tentation
    de céder aux mirages de la personnalisation et du spectacle...
    médiatiques.
  • Pluralistes - La question du droit à une information pluraliste n’est
    le monopole de personne. Les exclusives viendront de ceux qui
    refusent de s’y associer.

2. Nous souhaitons donner naissance, non à une nouvelle structure, mais
à un processus, marqué par de échéances fortes.

Nous appelons donc à
une

Première session nationale des États Généraux pour des médias et une
information pluralistes en 2006

Appellent à ces États Généraux

Liste provisoire établie le vendredi 30 septembre

Associations et syndicats nationaux

  • ACJ (Association des cyber-journalistes).
  • ACRIMED (Action Critique Médias)
  • Action Consommation
  • Appel et réseau pour une information impartiale et pluraliste
  • Association Faire Le Jour
  • Association JAL (Justice-Action-Liberté)
  • ATTAC
  • Casseurs de Pub
  • Confédération paysanne
  • Corali (Association pour la Coopération des radios libres)
  • FERC-CGT (Fédération de l’Education, de la Recherche et de la Culture)
  • FNVDPQ (Fédération Nationale des Vidéos de Pays et de Quartier)
  • FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail)
  • FSU (Fédération Syndicale Unitaire)
  • Les Pieds dans le Paf
  • OFM (Observatoire Français des Médias)
  • OMOS (Observatoire des Mouvements de la Société)
  • RACCFC (Rassemblement des auditeurs contre la casse de France Culture)
  • SCAM (société des auteurs multimédias)
  • SIPM-CNT (syndicat interprofessionnel de la presse et des médias)
  • SNJ (Syndicat National des Journalistes)
  • SNJ-CGT (Syndicat National des Journalistes-CGT)
  • Sud Culture
  • Sud Education
  • UFAL (Union des Familles Laïques)
  • Union Syndicale Solidaires
  • Voir&Agir

A suivre...

Syndicats d’entreprise, associations et syndicats locaux (Communes,
départements, régions)

Collectif de la Région Rouennaise d’Observation des Médias - Collectif
Kraken-Art - Les Inattendus (Lyon) - Les Pieds dans le Paf Loire
Atlantique - Observatoire bisontin des médias - Observatoire nantais des
médias - Observatoire grenoblois des médias (Ogremed) - SNJ-CGT
France-télévisions - SNJ-CGT Radio France - SNJ-CGT AFP - Sud PTT44 de
la Dirr - Sud Santé Sociaux de l’Isère - Spasmet-solidaires (Syndicat
des Personnels Assurant un Service Météo) - Sud-Radio France - Sud-AFP.

A suivre...

Posté le 4 octobre 2005

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