La médiation numérique pour les nuls

imgVoici un billet que je prends un plaisir tout particulier à publier. Qu’est-ce que la médiation numérique dans les bibliothèques ? Découvrez-le sous forme d’un dialogue humoristique ! Vous verrez, en plus d’être drôle c’est très bien expliqué…

Il me semble que c’est d’autant plus important de bien comprendre ce qu’elle signifie qu’elle est très utilisée aujourd’hui dans les bibliothèques et que le même concept est utilisé par les acteurs des politiques publiques de l’inclusion numérique, autour du secrétariat d’Etat d’Axelle Lemaire, en témoigne cette charte sur la plateforme de la médiation numérique. Aucune revendication de paternité sur le concept de ma part, l’important est que les idées se diffusent !

Marie Latour, conservatrice au SCD de l’Université de Guyane est l’auteur de ce texte sous forme de dialogue. Félicitations à elle pour ce travail de grande qualité ! Elle l’a proposé à l’occasion de la rédaction de script pour les vidéos de BSF campus, cette plateforme d’apprentissage pour les bibliothécaires développées par Bibliothèques Sans Frontières. Malheureusement, le format de dialogue ne convenait pas à l’équipe de BSF pour créer une vidéo, voici donc le script en texte ci-dessous. (j’aurais tellement aimé vous le proposer sous forme vidéo !).

Comme je ne suis pas rancunier, voici le lien vers les vidéos sur YouTube (accessibles sans inscription contrairement à la plateforme et sous licence creative commons CC-BY-SA). La vidéo qui concerne la médiation est moins bien, mais intéressante quand même. N‘hésitez pas à vous inscrire sur BSF Campus pour découvrir les contenus additionnels, les exercices et naviguer dans les différents parcours, ces contenus sont très riches sur tous les sujets qui concernent les bibliothèques, n’hésitez pas !

Pour les lecteurs fidèles de ce blog, vous retrouverez dans le dialogue qui suit un concentré de mes Bibliobsessions. Pour ceux qui découvre ou qui veulent avoir les idées claires sur la médiation numérique, c’est le meilleur moyen d’aborder la question ! Allez tiens j’en fait le billet des 10 ans de ce blog, car oui ce blog a passé le cap des 10 ans en octobre dernier !

La médiation numérique pour les nuls

-Résumé :

Ni nouvelle forme de prescription, ni action de communication, les dispositifs de médiation mis en place par les bibliothécaires doivent parvenir à toucher des communautés-cibles à travers différents modes d’interaction. Plus spécifiquement, la médiation numérique doit passer par la définition d’une identité, et l’établissement doit être capable d’accompagner son personnel au changement et au développement de nouvelles compétences.

Vous apprendrez ici :

-A faire la différence entre la communication et la médiation

-A reconnaitre et à définir un public-cible pour mieux le toucher

-A reconnaitre et à définir les différents modes d’interaction possibles

-A définir votre identité numérique

-A reconnaître les compétences nécessaires à la mise en place d’un dispositif de médiation

Le tout en compagnie d’Hélène, bibliothécaire, et de Michel, sérial-gaffeur ! Bonne chance à vous !

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Tableau 1 : Définition

 

Leçon : Qu’est-ce que la médiation ?

 

Hélène : Bonjour à tous ! Je suis Hélène, bibliothécaire comme vous, et voici Michel, serial-gaffeur. Nous sommes réunis ensemble pour 10 petites minutes pour définir ensemble ce qu’est un dispositif de médiation. Je…

  1. Ce n’est pas de la prescription. 

Michel : Ah non ! Mais moi, je sais ce qu’est la médiation.

Hélène : (étonnée) Ah oui ?

Michel : C’est un truc qui permet de communiquer de dire aux usagers qu’ils doivent lire un livre, parce que c’est bien. Pas besoin d’une vidéo pour cela. Coupez ! On remballe !

Hélène : Non, Michel. Ça, c’est l’erreur que beaucoup de gens commettent. Mais la médiation n’est pas de la prescription. On n’a pas à dire aux gens ce qu’ils doivent lire ou faire !

Michel : Mais je suis bibliothécaire, moi ! Donc je dis aux gens ce qu’il faut qu’ils lisent, c’est normal !

Hélène : Et si tu dis aux gens de se jeter contre un mur, tu crois qu’ils le feront ? Non, ton rôle, c’est de les mettre en relation avec le bon document au bon moment. C’est ce qu’on appelle la « sérendipité ». Tu les aides à trouver ce qu’ils ne se savent pas encore vouloir, mais qui leur serait utile ou intéressant.

 

  1. Ce n’est pas de la communication

 

Michel : Ah ok ! Là, ça y est, j’ai tout compris ! Je vais faire un plan de communication : j’ai vu qu’il y avait aussi une vidéo en ligne !

Hélène : La médiation, ce n’est pas non plus de la communication.

Michel : Pourquoi ?

Hélène : Parce que la communication consiste à fournir une information sur un service ou une ressource existant, et à la valoriser au besoin. Dans la médiation, contrairement à la communication, tu dois fournir de la valeur ajoutée. Par exemple, donner du contenu supplémentaire sur un livre, documenter l’utilisation d’une ressource ou aider les gens à se servir d’un outil.

 

  1. Et c’est le propre du bibliothécaire…Mais aussi des usagers !

Michel : Alors là, j’ai tout compris ! Je vais écrire un bouquin de conseils sur les ressources et outils dont on dispose, et je le donnerai à tous les usagers à l’entrée !

Hélène : (ironique) Toi, tout seul, tu vas écrire un bouquin ? Ecoute, le but, c’est de créer une communauté autour de la bibliothèque, qui s’entraide et qui se recommandent des ressources. Si tu fais cela tout seul dans ton coin, ça n’aura aucune utilité.

Tableau 2 : Processus

 

  1. Définir une communauté-cible

Michel : Bon, alors, on va demander aux gens de faire ça avec nous. (Il interpelle quelqu’un) Eh toi, là ! Amène-toi !

Hélène : Mais tu ne peux pas héler les gens dans la rue comme cela ! Il existe plusieurs types de communauté.

Michel : Oui, ceux qui m’écoutent et ceux qui ne m’écoutent pas. Moi, je vise les premiers.

Hélène : Il y a d’abord les usagers qui fréquentent la bibliothèque. Tu pourras les trouver dans les locaux ou en ligne, ils sont très facilement sollicitables. C’est un public acquis.

Michel : Je les aime bien, eux !

Hélène : Il y a ensuite ceux qui ne viennent pas à la bibliothèque…

Michel : Eux, je ne les aime pas.

Hélène : Ce sont pourtant tes usagers potentiels. Eux, il faut aller les chercher. Tu les trouveras plus facilement sur le web, ou en leur fournissant des services suffisamment intéressants en terme de médiation pour qu’ils aient envie de les utiliser.

Michel : Comme quoi ?

Hélène : Je ne sais pas : une suggestion personnalisée de livres, des analyses de questions sociétales complexes à partir d’une sélection de revues, une aide pratique à l’utilisation d’un logiciel que l’on et dont ils ont absolument besoin pour leur travail…

Michel : C’est super précis, ça ! Je bosse pour tout le monde, moi ! Pas uniquement pour Machin-Chose, originaire de Trou-Paumé-Les-Cours.

Hélène : C’est pour cela qu’il existe un troisième type de communauté que tu peux choisir de toucher : les communautés d’intérêt. Ils sont reliés par une thématique ou un besoin commun, et souhaitent que la bibliothèque leur offre un service là-dessus. Ce peut-être dans un domaine économique, ou seulement un loisir, comme la poésie ou le sport !

  1. Définir un mode d’interaction

Michel : Bon, ok. Alors, je réunis tout le monde dans une salle, et je leur présente ce dont ils ont besoin.

Hélène : Plus ou moins. Ce dont tu parles, ça correspond grosso modo à un mode d’interaction dans lequel le bibliothécaire apporte un service sur des ressources de la bibliothèque à un groupe d’usagers. Ça peut aussi se faire en ligne.

Michel : Et il y a d’autres moyens d’interagir avec eux ?

Hélène : Bien-sûr. Tu peux apporter une recommandation ou une valeur ajoutée sur un document auprès d’un seul usager. C’est ce que tu fais d’ailleurs souvent à l’accueil, et ça peut se faire en ligne. Mais il y a aussi d’autres types d’interaction. Tu peux choisir non seulement d’interagir avec un public, mais de les laisser se conseiller ENTRE eux.

Michel : C’est possible ?

Hélène : Oui. Par exemple, si tu organises un club de lecture et que tu demandes à chacun de tes usagers présenter son document préféré aux autres. 

Michel : Tant qu’ils ont besoin de moi, ça va !

Hélène : Pas toujours ! Tu peux aussi mettre un espace à leur disposition, et les laisser interagir entre eux seulement. C’est le quatrième type d’interaction.

Michel : Mais ça va devenir le bazar dans ma bibliothèque !

Hélène : C’est le fonctionnement des réseaux sociaux. Il faut juste un modérateur prêt à intervenir. Et la bibliothèque devient en même temps un lieu de rencontre…

Michel : Ok. Donc si je développe une interaction à la fois entre les usagers et le médiateur, c’est quand-même mieux et beaucoup plus ambitieux que si j’organise un mode de médiation uniquement entre deux personnes, non ?

Hélène : Mais pas toujours ! Si tu prends rendez-vous avec ton banquier pour qu’il t’explique pourquoi tu es à découvert, tu aimerais qu’il invite tout le village avec toi ?

Michel : Ah non ! Il faut surtout qu’on reste juste tous les deux !

Hélène : Donc tout dépend de tes objectifs et des contenus que tu veux délivrer.

 

Tableau 3 : La médiation numérique

 

  1. Définir un type de dispositif de médiation

Michel : (il sort un ordinateur portable) Oui, mais moi, je préfèrerais que ça ait lieu en ligne, tout ça ! J’ai vu une super définition de la médiation numérique donnée par Silvère Mercier : « La médiation numérique est une démarche visant à mettre en œuvre des dispositifs de flux, des dispositifs passerelles et des dispositifs ponctuels pour favoriser l’accès organisé ou fortuit, l’appropriation et la dissémination de contenus à des fins de diffusion des savoirs et des savoir-faire. »

Hélène : Ah parfait ! Tu sais donc tout sur la médiation numérique maintenant !

Michel : Oui, j’ai plus qu’à créer mon site !

Hélène : Attends, tu vas y mettre quoi, sur ton site ?

Michel : Ben, tout ce que tu as dit : des critiques sur des bouquins, des commentaires sur des vidéos, des plans interactifs, je ne sais pas, moi !

Hélène : C’est bien le problème, tu ne sais pas. Ton but, c’est d’attirer les gens, de leur fournir un service, n’est-ce pas ?

Michel : Ben oui !

Hélène : C’est ce que Silvère Mercier appelle un dispositif de flux : tu cherches un moyen de capter le lecteur durablement, en lui offrant un service pérenne ! L’attention est une denrée précieuse…

Michel : Donc si je fais un site pour donner des informations sur la littérature de science-fiction en Afrique et pour promouvoir ce type de littérature, je suis dans un dispositif de flux ?

Hélène : Exactement. Mais comment tu comptes attirer les gens ?

Michel : (il hésite) Ben… Je fais de la pub. Je mets des affiches partout, pour informer de ce service ?

Hélène : Donc, tes lecteurs sur web vont être obligés de se déplacer dans ta bibliothèque pour connaître ce service ?

Michel : Euh… Je peux faire de la pub sur internet aussi…

Hélène : Tu sais, plutôt que de faire de la pub, pourquoi tu ne démontrerais pas l’intérêt de ce service par la médiation elle-même ?

Michel : J’ai rien compris !

Hélène : Eh bien, tu fais un dispositif numérique pour une durée restreinte, trois mois par exemple. Je ne sais pas, tu peux représenter sur une grande carte du monde les régions d’où viennent tous tes auteurs de ton fond de science-fiction africaine. Et tu le mets en valeur sur ton site. Tu ne crois pas que ce serait une bonne manière d’attirer l’attention du public en montrant la qualité des contenus de ta plateforme ?

Michel : Ouais, ce serait bien.

Hélène : C’est ce qu’on appelle un « dispositif ponctuel ».

Michel : Oui, mais moi, si je sue à faire tout cela, jamais je l’enlève, tu rêves ?

Hélène : Si, il le faut, car les dispositifs ponctuels servent d’appel pour le dispositif pérenne. Mais tu peux t’en resservir au bout de six mois par exemple pour refaire une piqûre de rappel.

Michel : Mais moi, ce qui m’intéresserait, ce serait que les gens qui sont dans ma bibliothèque sachent ce que je fais sur le web !

Hélène : Alors, tu as parfaitement compris ce qu’était un dispositif « passerelle » : ça sert à faire le lien entre ton fonds physique et ta médiation virtuel : par exemple, là, qu’est-ce que tu ferais pour ton fonds de science-fiction africaine ?

Michel : (il réfléchit) Je pourrais… Je pourrais mettre plein de QR Codes dans les livres, et mes lecteurs, en venant, pourraient les flasher, et ça les renverrait vers ma super carte des auteurs ! Et après, comme ça, par un système de liens, ils arriveraient sur mon blog, ou mon site, où il y a toutes mes critiques !

Hélène : Mais tu as parfaitement compris comment les différents dispositifs se complètent ! 

Michel ; Ouais, je m’y mets tout de suite !

 

  1. Définir une identité

Hélène : Attends, attends, comment ça tu t’y mets tout de suite !

Michel : Ben, je suis remonté à bloc, là !

Hélène : Non mais, est-ce que tu téléphonerais à un inconnu sans raison ?

Michel : Evidemment, non !

Hélène : Et comment tu réagirais si ton frère t’appelait pour te donner un conseil en prétendant être ton banquier ?

Michel : Ah ben de l’engueulerais ! Manquerait plus que ça !

Hélène : C’est pour cela que tu dois permettre aux usagers d’identifier qui parle et pourquoi. Il faut définir une identité. Surtout dans un monde numérique où justement on ne sait jamais trop qui est derrière l’écran.

Michel : L’identité ? Mais c’est la bibliothèque qui parle.

Hélène : Pas toujours, mais c’est en effet la première façon de te positionner. Au risque que les gens ne t’écoutent pas. Dis-moi franchement : tu as vraiment envie d’être « ami » sur Facebook avec ta bibliothèque ? (Michel fait la moue). Voilà le problème. Il y a donc d’autres manières de se positionner. Par exemple, tu annonces une identité de service, du type « je réponds à toutes vos questions ». Et tu proposes aux gens de poser des questions en ligne, auxquelles tu répondras à partir des documents dont tu disposes. Ton public sera alors celui qui aura besoin de ce service, pas simplement ceux qui aiment ta bibliothèque !

Michel : Non, moi, je préfère donner informations sur tout ce qui concerne l’humour ! J’aime bien rigoler !

Hélène : Dans ce cas, tu prendras une identité thématique : tu annonceras clairement que relayeras de ton œil d’expert tout ce qui concerne de près ou de loin l’humour, et tu le feras sur un site ou sur un compte séparé de celui de l’institution, pour bien que les gens puissent identifier ce que tu fais. Mais moi, je vois plutôt un autre positionnement pour toi…

Michel : (en train de jouer avec ses doigts) Ah. Lequel ?

Hélène : Le positionnement individuel du bibliothécaire. Tu peux annoncer sur Internet que tu es Michel, l’inimitable Michel que tout le monde connaît, et que tu postes des contenus en ton nom propre, à partir des ressources de la bibliothèque. Tes coups de cœur en matière de littérature par exemple. Et ça te rapprochera des gens.

 

  1. Accompagner au changement

Michel : Attends, attends : il faut que je poste sur des blogs, que j’écrive des articles, que j’anime des communautés… Mais ce n’est pas mon métier, ça !

Hélène : Ca le devient en tout cas ! Les bibliothécaires deviennent des animateurs, des producteurs de contenus, des impulseurs de projet… C’est ça, la médiation : devenir un tiers entre un savoir et des usagers !

Michel : Mais je ne sais pas faire !

Hélène : Comme beaucoup de bibliothécaires au départ. C’est pour cela qu’il faut les accompagner. Leur donner des formations pour développer de nouvelles compétences, les rassurer à aller dans cette voie. Ca innerve le management. Et il faut aussi cadrer leurs initiatives, par exemple, en donnant une ligne directrice au projet, pour ne pas que ça parte dans tous les sens.

Michel : OK, alors je suis prêt ! Je ne serai plus le serial-gaffeur blagueur de la bibliothèque, mais le serial-médiateur !

 

Bibliographie :

« Médiation : le numérique et au-delà » Bibliothèque(s), n°70, 2013, http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/index-des-revues?id_numero=64831&type_numero=PDF#page=14 [consulté le 28/04/2015]

Calenge Bertrand, Les bibliothèques et la médiation des connaissances, Paris, Editions du Cercle de la Librairie, 2015, 147 pages

Desrichard, Yves. « Les bibliothécaires face aux problématiques de médiation : une nécessité pour valoriser les ressources numériques », Bulletin des bibliothèques de France, n° 4, 2012 http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2012-04-0074-007, [consulté le 28/04/2015]

Dujol, Lionel « Le bibliothécaire producteur de contenus », Bibliothèque(s), n°73, 2014, http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/index-des-revues?id_numero=65139&type_numero=PDF#page=39 [consulté le 28/04/2015]

Galaup Xavier (sous dir), Développer la médiation documentaire numérique, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2012, 228 pages

Galaup Xavier. « Usagers et bibliothécaires : concurrence ou co-création ? », Bulletin des bibliothèques de France, n° 4, 2012, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2012-04-0040-008, [consulté le 28/04/2015]

Mercier Silvère, « Médiation numérique, une définition », in Bibliobsession, 3 mars 2010, http://www.bibliobsession.net/2010/03/03/mediation-numerique-en-bibliotheque-une-definition/ [consulté le 28/04/2014]

Mercier Silvère, « Quelle identité numérique pour une institution publique ? », in Bibliobsession, 5 mai 2009, http://www.bibliobsession.net/2009/05/05/quelle-identite-numerique-pour-une-institution-publique/ [consulté le 28/04/2014]

 

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Via un article de Silvae, publié le 10 décembre 2015

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