Le Congrès Européen de Science des Systèmes a lieu tous les trois ans depuis 1989. Il est un grand moment de rencontre pour les systémiciens venus d’Europe ainsi que du monde entier. Il exprime la mission fédératrice de cette science et celle de l’Union Européenne de Systémique (UES).
Articulant approches théoriques, méthodologiques et pratiques dans une recherche permanente d’interdisciplinarité, les congrès de l’UES permettent aux participants :
de s’ouvrir à des vues nouvelles en décloisonnant les approches trop spécialisées,
d’échanger et de comparer leurs idées, leurs théories et leurs méthodes.
Les congrès précédents se sont tenus tour à tour dans différents pays liés à l’UES : Suisse (1989), République Tchèque (1993), Italie (1996), Espagne (1999) et Grèce (2002). La France a l’honneur d’accueillir le 6ème Congrès qui sera présidé par le Professeur Emmanuel Nunez, président de l’AFSCET
Le 6ème Congrès, comme les précédents, traitera de l’ensemble des thèmes habituels de la science des systèmes. Il a pris cependant comme fil directeur un thème fédérateur, celui de la gouvernance dans les systèmes.
La notion de gouvernance a vu ces dernières années son emploi se généraliser, en particulier dans les sciences sociales. Mais il faut se souvenir que sous le nom de cybernétique, dont l’étymologie provient du grec "gouverner", le concept a été largement utilisé dans les sciences physiques, biologiques et en ingénierie pour concevoir des automates. On se demandera alors en quoi cette notion de gouvernance peut se montrer utile pour une meilleure compréhension et gestion de la complexité, telle qu’on la rencontre dans les grands systèmes physico-chimiques, biologiques, artificiels (ou technologiques), économiques, sociaux, politiques et symboliques (religions par exemple).
Le programme
Lundi 19 septembre
- Conférence inaugurale de Joël de ROSNAY
- Séance plénière : Conférence de Edgar MORIN
Noosphère et gouvernance éthique
Mardi 20 septembre
- Symposium
Gouvernance,
Droit et Technologies
- Symposium
Socio- cybernetics
- Séances en parallèle
- Epistémologie
et Systémique - Territoire et
complexité - Nouvelles
perspectives en
science sociale - Sciences cogni
tives, langage
et complexité - Gouvernance
sanitaire et
sociale - Précurseurs
de la
systémique - Systémique
et Défense - Art et
science de l’intervention - Systémique
et Economie - Savoirs actionnables en sciences de
l’organisation - Catastrophes
et attitudes - Similarité et ressemblance
- Intelligence
artificielle
Mercredi 21 septembre
- Séances en parallèle
- Systèmes symboliques
et religieux - Symposium
Socio- cybernetics - Savoirs actionnables en sciences de
l’organisation - Catastrophes
et attitudes - Similarité et ressemblance
- Intelligence
artificielle
- Séance plénière : La gouvernance de l’Europe
- Symposium
Dynamique
des Systèmes
- Symposium Thérapeutes et systémiciens
- Séances en parallèle mercredi et jeudi
- Systèmes symboliques
et religieux
- Savoirs actionnables en sciences de
l’organisation
- Art et
systémique
- Similarité et ressemblance
- Emergence dans
les systèmes
complexes
- Catastrophes
et attitudes
- Modélisation et langage
graphique
- Dynamique des
organisations
- Systèmes
politiques
Systèmes
politiques
Qu’est-ce que la Systémique ?
La grande aventure intellectuelle de la fin du 20ème siècle aura été la découverte de l’extraordinaire complexité du monde qui nous entoure. Complexité du cosmos, des organismes vivants, des sociétés humaines, mais aussi de tous ces systèmes artificiels conçus par les hommes et qui sont, comme l’entreprise, à la fois techniques, organisationnels et sociaux. Le phénomène de mondialisation des échanges commerciaux, financiers et culturels, ne fait qu’accélérer cette prise de conscience de la complexité et en accentuer les effets.
Comment alors pour des hommes en charge de responsabilité (décideurs politiques, dirigeants d’entreprise, responsables associatifs, syndicalistes, experts, etc.) s’orienter et agir dans ce monde de plus en plus complexe ? Recourir aux modes de pensée qui ont fait leurs preuves dans le passé - modes hérités d’une logique rationaliste qui décompose, analyse et simplifie -conduit à de lourdes déconvenues. Il en résulte souvent des décisions inadaptées, car réductrices, avec pour conséquence de multiplier les effets pervers ou contre-intuitifs.
Une démarche existe cependant - l’approche systémique - connue depuis les années 1970 et qui permet de penser et d’agir dans la complexité. Elle a donné lieu à de multiples applications, aussi bien en biologie, en écologie, dans les thérapies familiales, le management des entreprises, l’urbanisme, l’aménagement du territoire, etc. Elle repose sur l’appréhension d’un certain nombre de concepts tels que ceux de système, interaction, rétroaction, régulation, organisation, finalité, vision globale, évolution, émergence, etc.
Cette démarche se concrétise dans le processus de modélisation, lequel va de l’élaboration de modèles qualitatifs utilisant largement le langage graphique en forme de "cartes", à la construction de modèles quantifiés et dynamiques, opérables sur ordinateur et débouchant sur la simulation. Par la simulation, il est possible de tester un certain nombre de scénarios alternatifs, situés chacun dans le champ des possibles, et de nourrir ainsi une réflexion prospective qui ne soit pas seulement hypothétique et subjective. Les illustrations de la modélisation sont donc innombrables, couvrant les champs de la physique, de la biologie, de l’écologie, de l’économie, de la théorie de l’entreprise, de la psychologie, de l’anthropologie, etc. Cette diversité démontre les vastes capacités d’utilisation de la méthode, sa plasticité et sa dimension de transdisciplinarité.
Sans en avoir l’air, la démarche systémique fait basculer des habitudes de pensée façonnées par trois siècles de rationalisme positiviste. On peut la considérer comme le paradigme scientifique unificateur qui va marquer le 21ème siècle et s’imposera demain pour penser la complexité organisée des grands systèmes. Elle permettra de donner un contenu concret aux formules qui décrivent les remèdes dont notre société a besoin (participation, pluralisme, décentralisation, information, communication, etc.) mais qui, faute de concepts rigoureux et d’une méthodologie appropriée, restent trop souvent lettre morte.