Certains préfèrent l’économie cynique et suicidaire. Nous, nous défendons l’économie sociale et solidaire

à l’heure où Médias-Cité acteur de longue date de la médiation numérique et des cultures numériques qui avaient organisé il y a treize ans ans les Rencontres Européennes du Multimédia et de l’Internet Citoyen et Soidaire (REMICS) au Haillan (près de Bordeaux) voit ses subventions de fonctionnement retirées d’un coup par la ville de St Martin en Jalles, voici une publication de leur article qui interpelle les responsables de collectivité

Un projet numérique de territoire, ça ne se limite pas à un nombre de sites hébergés, à un nombre de clics, à une audience, aux clinquants de ses interfaces web 2.0 aussi futiles que jetables. C’est bien à l’utilité sociale produite, aux liens humains qui se tissent malgré ces outils numériques qui parfois le détruisent. Ce n’est pas que la question d’une offre de service, et des critères exclusivement comptables. Ce dont il s’agit c’est aussi et surtout des projets pour augmenter le pouvoir d’agir des êtres humains, comment accompagner l’individu dans un cadre collectif pour devenir un citoyen à l’ère numérique, comment développer leurs capacités à vivre ensemble, leurs désirs de coopérer pour fabriquer la Cité. Bref comment on créé de la cohésion et de l’inclusion sociale à l’ère numérique.

« Ils n’ont qu’à s’ouvrir des comptes Gmail et se faire héberger chez WordPress.com » (sic) :

Voici les mots qui ont été ceux de l’adjoint lorsque nous lui avons décrit la catastrophe que cela représentait de renvoyer les associations à leurs propres moyens pour développer leurs usages du numérique. En lieu et place de faire travailler les « artisans », comme cela est désormais évoqué dans l’article de Rue89Bordeaux, ce dont il s’agit c’est bien de favoriser les entreprises qui font commerce des données personnelles de leurs usagers et ne s’acquittent d’aucune fiscalité sur le territoire national. Un bon moyen de ne rien réinjecter dans l’économie locale !

Cela montre avant tout l’absence de compréhension des enjeux de l’économie numérique. Et de la fiscalité à l’ère du numérique.

Contrairement à ces acteurs, Médias-Cité emploie des salariés, produit donc de l’emploi et contribue par ses cotisations sociales aux régimes sociaux.

Contrairement à ces acteurs, Médias-Cité consomme localement, sous-traite localement et contribue ainsi à l’économie locale.

Contrairement à ces acteurs, Médias-Cité s’acquitte de la TVA, de la CFE et réinjecte donc une partie des deniers qui lui sont confiés dans le financement de la solidarité nationale.


Engraisser les « oligopole à frange » n’est pas une fatalité, c’est un choix éthique et politique, un choix de société en somme.


Ce n’est pas la même chose de faire une plateforme locale de vidéo orientée éducation à l’image www.monflux.org et de faire le choix de mettre toutes les vidéos de la Ville chez YouTube (Saint-Médard-en-Jalles en vidéos)… alors certes, nous n’avons pas la puissance de développement de Youtube… mais nous, ça fait ce que ça dit, modestement : cela créé des biens communs. La ville préfère céder l’ensemble des images produites avec « l’argent des contribuables » (pour citer notre adjoint) pour que ces contenus deviennent la propriété de Google et que Google les monétisent.

Avec une moyenne de 300 vues et moins de 50 abonnés, cette chaine Youtube toute rutilante, compte paradoxalement moins de fréquentation qu’un Webjalles pourtant décrit comme un site « ancien, [qui] ne satisfait plus aux attentes et aux besoins des utilisateurs et [qui] a très peu de visites ».

C’est oublier tous les sites des associations qui sont derrière, au-delà du portail, qui n’a lui qu’un seul rôle : favoriser la rencontre des associations entre elles, et pas de faire le marketing territorial d’une collectivité. Mais ce désir de fabriquer ensemble est désormais ancré, la graine est plantée.
L’enjeu pour ces associations, ces bénévoles n’est pas d’épater la galerie. La coopération ce n’est pas la compétition à qui a la plus belle (charte graphique s’entend…).

« Ils arriveront bien à se débrouiller comme le font les autres associations partout ailleurs » (re-sic) :


C’est au moment où le Conseil du Numérique remet son rapport sur l’inclusion numérique pour tous les citoyens que les élus de Saint-Médard-en-Jalles choisissent de renvoyer chaque citoyen, chaque association à sa propre condition, à sa propre capacité à trouver ses solutions à l’ère numérique, alors même que tous les rapports et diagnostics sont alarmistes quant à l’urgence d’accompagnement aux usages du numérique : qu’il s’agisse de :

  • l’accompagnement humain de ces associations et des membres qui les composent
  • la prévention des risques liés aux usages numériques,
  • l’accompagnement des parents pour une parentalité numérique,
  • l’accompagnement des enfants sur l’appropriation à l’école et en-dehors de l’école pour des usages responsables
  • mise en débats collectifs de la fabrication d’une culture partagée des outils numériques
  • l’accompagnement des séniors pour faciliter le maintien à domicile de nos ainés grâce aux outils numériques,

et tant d’autres sujets, que Médias-Cité met en oeuvre ou a mis en oeuvre sur le territoire de Saint-Médard-en-Jalles.

Ce qui est mis en évidence ici, c’est l’absence de compréhension des enjeux de la médiation numérique. Alors même que toutes les grandes entreprises et les responsables politiques sont aujourd’hui convaincus des enjeux et s’impliquent massivement.

Mais c’est en réalité plusieurs acteurs qui oeuvrent autour de l’inclusion sociale qui sont simultanément frappés :

C’est au moment-même où est lancé sur Bordeaux un pacte de cohésion sociale par son Maire, que l’équipe de Saint-Médard-en-Jalles fait le choix de « disperser façon puzzle » les actions de trois acteurs qui oeuvrent dans le champs de l’inclusion sociale : Médias-Cité donc, mais également Tepacap (structure de médiation sociale et de prévention de la délinquance), et le PLIE Technowest (qui agit pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et des moins jeunes). Nous tirons une grande fierté d’être à leurs cotés dans ce peloton d’exécution et nous leur témoignons toute notre solidarité.

En creux le reproche du multi-financement :

« Médias-Cité se diversifie dans la région, voire à l’échelle nationale, mais quasiment plus sur la commune » indique Mr Braun, adjoint en charge du dossier. Alors que dans le même temps on demande aux organisations sans but lucratif de diversifier leurs ressources, voilà que Médias-Cité devrait être montré du doigt parce que la reconnaissance de son travail permet de cofinancer ses activités !

Personne ne s’est plaint du financement des autres collectivités et services de l’État – et encore moins le contribuable de Saint-Médard-en-Jalles – lorsque cela a permis de financer l’intégralité des travaux de l’arrière du Carré des Jalles pour l’installation de Médias-Cité…

On peut même espérer que ces stratégies de mutualisation financière seront à l’oeuvre … lorsqu’il faudra financer le tramway…


Répondre par notre capacité à « faire société » :


Ce n’est ni la première fois, ni la dernière, que les enjeux de « faire société » sont méprisés. Il peut même y avoir débats et divergences sur les moyens d’y parvenir.
Médias-Cité, comme tous les autres acteurs de la médiation numérique et au-delà les acteurs qui oeuvrent au service de l’utilité sociale et l’intérêt général, fait toujours le choix de ne pas déserter les endroits que quelques uns voudraient confisquer aux pratiques solidaires. Il ne suffit pas de l’afficher en slogan pour le démontrer par les actes.

Mais nous avons toujours choisi de faire face à l’économie cynique et suicidaire. Nous préférons construire une économie sociale et solidaire.

C’est pourquoi nous allons prochainement réunir les associations de Saint-Médard-en-Jalles pour échanger pour « faire société » ensemble. Ce n’est pas parce que la Ville souhaite les renvoyer à leurs conditions que nous devons nous interdire d’être créatifs.

C’est aussi pourquoi nous rappelons à toutes celles et ceux qui veulent prendre part au projet coopératif de Médias-Cité qu’ils peuvent littéralement « faire société » dans Médias-Cité en devenant sociétaires de la coopérative.

Posté le 7 décembre 2014 par Michel Briand

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