Article rédigé d’après un mél d’Hervé Le Crosnier
Voici tout d’abord un extrait des article 4 de l’ordonnance qui situe les documets concernés :
« Sont considérés comme documents administratifs, au sens des chapitres 
Ier, III et IV du présent titre, quel que soit le support utilisé pour 
la saisie, le stockage ou la transmission des informations qui en 
composent le contenu, les documents élaborés ou détenus par l’Etat, les 
collectivités territoriales ainsi que par les autres personnes de droit 
public ou les personnes de droit privé chargées de la gestion d’un 
service public, dans le cadre de leur mission de service public. 
Constituent de tels documents notamment les dossiers, rapports, études, 
comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, directives, instructions, 
circulaires, notes et réponses ministérielles, correspondances, avis, 
prévisions et décisions. »
Et l’article 6 qui élargit les conditions d’accès :
	" L’accès aux documents administratifs s’exerce, au
	choix du demandeur et dans la limite des possibilités techniques
	 de l’administration :
-  a) Par consultation gratuite sur place, sauf si la
préservation du document ne le permet pas ; -  b) Sous réserve que la reproduction ne nuise pas à la
conservation du document, par la délivrance d’une copie sur
un support identique à celui utilisé par l’administration
ou compatible avec celui-ci et aux frais du demandeur, sans
que ces frais puissent excéder le coût de cette
reproduction, dans des conditions prévues par décret ; -  c) Par courrier électronique et sans frais lorsque le document
est disponible sous forme électronique. » 
Le texte est consultable ici
]
Les commentaires d’hervé Le crosnier,
document diffusé sous licence "Creative Commons"
attribution, pas d’usage commercial, pas de modification http://creativecommons.org/licenses...
 
Le Journal Officel a publié aujourd’hui, 7 juin, une
	"Ordonnance relative à la liberté d’accès aux documents
	administratifs et à la ré-utilisation des informations
	publiques".
	Pour avoir depuis plus de dix ans bataillé afin que les
	"données publiques" soient complètement rendues disponibles
	pour tous les citoyens, je ne peux que saluer ce pas en avant.
	J’aurais bien quelques remarques à soulever, notamment sur
	la "propriété intellectuelle" associée à ce type de
	documents. La formulation me semble encore trop floue,
	car, si elle couvre bien les DPI de documents qui seraient
	intégrés dans les documents publics, elle ne dit rien de
	la DPI des documents créés sur mission de service publics
	(cela concerne les "auteurs" de rapports, études,...
	mais aussi les "numériseurs" de documents appartenant à la
	collectivité, les photographes travaillant dans le cadre
	de leur mission, par exemple dans les musées...).
	Mais ce n’est pas l’heure, car ce qui se dessine en filigrane
	dans cette Ordonnance, c’est l’ouverture des documents
	publics pour toutes les formes de ré-édition. Notamment la
	ré-édition par circulation de l’information publique sur
	l’internet.
	Dorénavant, les administrations et les organismes publics
	doivent proposer une "licence" facile d’accès permettant à un
	lecteur de savoir directement (i.e. sans un parcours du
	combattant administratif) ce qu’il peut faire de tel ou tel
	document.
	Une remarque incidente : la logique de la ré-édition semble
	s’accentuer. Auparavant, les règles "d’accès" aux documents
	nous préoccupaient. Les documents avaient un "lieu de rangement"
	(par exemple le site web d’une municipalité) et chacun pouvait
	y "accéder". Ce que cette ordonnance ouvre, c’est l’idée qu’un
	lecteur de document administratif peut aussi devenir un
	"éditeur" en faisant circuler ce document, en le plaçant sur
	son site web, en l’envoyant sur une liste de diffusion.
	Cette évolution est en phase avec de nombreuses évolutions liées
	aux communications électroniques et au documents nuémriques.
	On en trouve la trace dans la multiplication des "licences
	d’usages". Les créateurs de la licence(contrat)
	"Creative commons" avaient ainsi très bien anticipé sur les
	pratiques de "lecture-ré-édition" qui émergeaient sur
	l’internet.
	Un autre point me semble important à souligner, dans cette
	Ordonnance. C’est le bilan a postériori de l’expérience de la
	"concession de service public" octroyée en 88 à ORT-Télématique
	(depuis racheté par Reuters) pour la diffusion de la Loi et des
	autres données fondamentales. L’Ordonnance du 7 juin précise :
	"« Art. 14. - La réutilisation d’informations publiques ne peut
	faire l’objet d’un droit d’exclusivité accordé à un tiers, sauf
	si un tel droit est nécessaire à l’exercice d’une mission de
	service public.
         Le bien-fondé de l’octroi d’un droit d’exclusivité fait l’objet
	d’un réexamen périodique au moins tous les trois ans."
Ouf...
	Enfin, la ré-édition électronique sera facilitée par l’obtention
	de version électroniques des documents dès qu’elles existent  (cf ci dessus)
	Avec le développement des traitements de texte dans les
	administrations, on peut penser que tous les documents seront
	donc rapidement disponibles sous forme électronique, accessibles
	sous une simple demande mail et ré-éditable sur un site
	associatif, syndical ou politique. Ou du moins nous aurons avec
	cette ordonnance le moyen de secouer les inerties.
	Reste à voir comment nous allons passer d’une administration
	"au service des citoyens" à une administration travaillant
	"de concert avec" les citoyens. Echangeant ses informations,
	et donc soumettant ses projets (et pas seulement ses décisions)
	à l’observation publique et à la contre-expertise collective.
	C’est certainement ici qu’un projet de "gouvernement
	électronique" peut avancer.
	A nous citoyens de nous emparer de cette possibilité, et
	d’imaginer de nouvelles formes d’usages des documents,
	rapports comptes-rendus, relevés de décision, ordre du jour
	de séances... Et aussi à réfléchir à ce que sont réellement
	les "données publiques", pour en élargir les types et
	les sujets. Ainsi nous travaillerons à l’extension du
	domaine public pour créer des biens communs de la connaissance.
	Dans cette nouvelle alliance des Etats démocratiques et de
	la Société civile qui permet de repenser la démocratie.
	Car les textes ne sont rien sans intervention des citoyens,
	et parfois les juges, pour préciser leur sens exact.
	Osons interpréter largement et positivement cette Ordonnance.
Hervé Le Crosnier