Analyse des espaces publics d’aquitaine, les préconisations (II)

Reprise des 3 derniers articles parmi les 6 qui constituent le chapitre préconisation de l’étude réalisée par Médias-cité et publiée sur son site sous contrat Creative commons :

  • 5.1.4 - Une filière métier à construire
  • 5.1.5 - L’intérêt de développer des partenariats territoriaux
  • 5.1.6 - Préconisation sur le fonctionnement économique

Par Marianne Massaloux

5.1.4 - Une filière métier à construire

Le métier d’animateur multimédia est très nouveau, 6 ans maximum. Développé grâce au dispositif « nouveaux services-emploi jeune » il n’a donc pas une grande histoire, ni de représentation de ses fonctions et encore moins de filière métier.
Les conséquences sur le secteur de l’animation multimédia sont importantes.
Les animateurs multimédias sont passés de « moutons à 5 pattes » à "chefs de projet" chargés de trouver les moyens de pérenniser leur emploi.

Les pistes de pérennisation passent par une lisibilité de la profession, une compréhension des enjeux de l’importance de ces acteurs et donc de ces lieux. Ce travail sur le métier demande une évolution :

  • La construction d’une histoire du métier :

L’une des caractéristique du métier (Voir 3.4 - L’animateur multimédia) est le turn-over important que l’on peut constater dans les lieux. Les animateurs changent sans cesse et à chaque nouveau recrutement, le lieu repart à zéro.
Il n’existe pas beaucoup de traces des actions de l’ancien animateur, capables de faire avancer le lieu et le poste d’animateur multimédia. Les causes sont variées. Mais comment faire évoluer la pratique professionnelle sans repartir en arrière à chaque changement de personne ?

Une trace des échanges de messageries électronique :

Peu d’animateurs possèdent une adresse mail professionnelle nominative. Soit il utilise son mail personnel (dudul@hotmail.com par exemple) ce qui a plusieurs conséquences :

  • la consultation de ses mails se fait souvent par webmail (en ligne) et il n’existe pas d’archives des échanges des listes de discussion par exemple. Les informations ne restent pas, il n’y pas de classement possible des messages comme on peut le faire sur des messageries et le stockage reste peu important
  • quand l’animateur s’en va, les différentes sources d’information reçues par mail ne sont plus reçues au sein du lieu (liste de diffusion, lettres d’information, centre de ressources)
  • l’image que donne l’animateur manque de professionnalisme, il existe un amalgame entre la personne en fonction et la personne hors activité professionnelle.

Une trace des projets développés :

Il existe peu de traces, de témoignages des projets une fois ceux-ci réalisés. Comptes-rendus, bilans, captations vidéos ou même évaluations sont rares. Ils ne rapportent le plus souvent que les résultats finaux, sans les étapes du projet ou les difficultés rencontrées. Laissant peu de témoignages professionnels à l’attention de l’animateur qui prend le relais dans l’espace.

  • Une mise en réseau indispensable :

Comme écrit dans le paragraphe consacré au travail en réseau (3.5 - Les synergies, le travail en réseau et l’ancrage territorial), les animateurs sont paradoxalement peu impliqués dans les réseaux d’animateurs. Ils sont pourtant pratiquement tous persuadés des bienfaits que pourrait apporter leur participation au sein d’un réseau.

  • lutte contre leur isolement,
  • échanges d’expériences,
  • échanges de compétences, de services,
  • construction collective de projets de coopération,
  • mutualisation de moyens (matériel comme des serveurs, caméra numérique pour les lieux peu éloignés)
  • mutualisation de connaissances (informations de veille technologique, de veille sur les usages...

Beaucoup d’animateurs ont une vision très consommatrice des réseaux. Les réseaux peuvent leur apporter de l’aide mais ils ne sont pas prêts à y porter des contributions, pour différentes raisons : complexe d’infériorité, manque d’altruisme...

Il reste donc une étape à franchir qui est la participation active au réseau.

  • Construction de perspectives d’évolution : la formation continue

Evolutions techniques et évolutions des pratiques :

L’une des caractéristiques de la "matière" que les animateurs multimédias manipulent est d’être en constante évolution.
Les technologies évoluent constamment et les usages avec.
Cette prise en compte du renouvellement incessant des pratiques n’est pas une dimension simple à intégrer dans son cursus professionnel. Les modalités d’intervention, les supports, les thématiques évoluent rapidement au cours de l’actualité. Aucune routine ne peut réellement s’instaurer et la polyvalence et la curiosité fait partie intégrante de ce métier.
La veille et les outils de veille sur les technologies mais aussi sur les usages, sont donc une facette essentielle de l’activité professionnelle.
Les réseaux peuvent faciliter ce travail ainsi que les centres de ressources.

Mutation des missions et rôles :

Les recrutements d’animateurs multimédias ont été historiquement axés sur des compétences techniques. Le point de vue tout à fait défendable des employeurs était de faire fonctionner le lieu, éviter les pannes et la fermeture du lieu pour des raisons techniques.
Aujourd’hui, les besoins du terrain se situent sur le fait d’avoir en place des personnes capables de faire la démonstration par l’activité de l’utilité sociale du lieu dont dépend souvent sa survie. Il convient donc de prendre en compte l’importance de développer des compétences au service du développement local dans le cadre du développement durable.
Le champs des connaissances à assimiler s’est considérablement élargi ces dernières années. L’animateur doit désormais travailler dans le champs des technologies, de la pédagogie mais aussi de développement local, de la culture, de l’artistique, du social, des dispositifs de financements, des réglementations.

5.1.5 - L’intérêt de développer des partenariats territoriaux

Chaque projet voit le jour dans le cadre d’un partenariat particulier. Les initiatives associatives vont chercher des soutiens publics, associatifs ou de partenaires privés en mesure d’apporter une aide aussi bien matérielle que basée sur des compétences techniques.
Réciproquement, les projets issus des volontés municipales sont relayés par des équipements de quartiers (établissements scolaires, maisons de quartiers, bibliothèques...) ou par des professionnels de terrain qui les mettent en œuvre.

Qu’ils soient en lien direct avec la politique de la ville ou qu’ils en soient éloignés, ces partenaires multiformes font écho au principe de transversalité soutenu par les politiques des villes car ils contribuent à accroître l’efficacité et la cohérence des interventions sur un territoire donné.

Qui plus est, la mobilisation d’acteurs de cultures et de statuts différents dans un même projet, oblige à un travail collectif qui réunit l’ensemble des participants autour de valeurs communes. Il est donc très bénéfique à tous les partenaires de s’associer sur un projet car l’enrichissement est mutuel, chacun échangeant ses compétences, ses capacités, ses envies, ses regards...
Ce sont des formes de mises en réseau qui instaurent une plus grande communication entre les structures, participent au développement des équipements, et révèlent leur complémentarité.

Les coopérations entre différentes structures peuvent également être des leviers pour des usages qui vont être possibles dans d’autres secteurs que celui où ils sont apparus.

Les différents partenariats possibles sont aussi à envisager sur une échelle nationale, voire européenne car la facilité de diffusion et la dilution des contraintes géographiques par la proximité virtuelle ouvrent de nouvelles perspectives d’action.
Le développement des échanges entre professionnels de divers territoires contribue à mener plus loin les projets, à les diffuser, à les faire vivre et évoluer au-delà du contexte d’où ils ont émergé.

5.1.6 - Préconisation sur le fonctionnement économique

Des dépenses :

  • Le matériel :

Le renouvellement du parc informatique représente un coût important dans le budget d’un espace multimédia. L’innovation incessante constitue en effet un élément de l’image des technologies de l’information et de la communication. L’occulter en ne renouvelant pas son matériel mettrait les espaces multimédias en inadéquation avec leur projet initial. Ils présenteraient alors des technologies dépassées et cloisonneraient leurs publics dans des pratiques obsolètes.
Les outils étant indéniablement propices à modifier les activités et usages des populations, les moyens techniques d’un lieu influent donc sur la mise en oeuvre de la lutte contre la fracture numérique.
Les équipements doivent être régulièrement renouvelés afin de présenter un intérêt pour les usagers. Afin de ne pas être en décalage avec des réalités technologiques et culturelles, les espaces multimédias doivent s’attacher à être en veille sur les évolutions technologiques et intégrer celles-ci dans leurs espaces.

Le choix d’acquisition de matériel doit prendre en compte certains critères : robustesse, simplicité de manipulation (connectiques accessibles, poids, volumes, cas pratiques des tiroirs à CD-roms verticaux...). Le paragraphe 5.1.2 - Permettre l’accès au plus grand nombre détaille des préconisations concernant l’équipement.

  • La connexion :

La connexion Wifi : Le Wifi (Wireless Fidelity) est une connexion standard d’accès sans fil à des réseaux locaux. Le principe est d’établir des liaisons radio rapides entre des terminaux et des bornes reliées aux réseaux haut débit. Grâce à ces bornes Wifi, l’utilisateur se connecte à internet ou au système d’informations de sa structure et accède à de nombreuses applications reposant sur le transfert de données. Cette technologie a donc une réelle complémentarité avec les réseaux ADSL, les réseaux d’entreprise ou encore les réseaux mobiles comme GPRS/UMTS. Le Wifi atteint en théorie un débit de 11Mbit/s répartis entre utilisateurs connectés. Avec le Wifi, la connexion n’est possible qu’à proximité d’une borne, mais celle-ci dispose d’une portée de 100 à 150 mètres et donne accès aux données dans un périmètre assez vaste. Le Wifi permet donc de mutualiser les coûts d’investissement de l’installation puisqu’il profite à tout un périmètre. Sur une commune, la connexion à internet des établissements scolaires, de la bibliothèques, des équipements municipaux... peut se faire de façon mutualiser.

Des solutions :

  • Le Leasing

Afin de réduire les dépenses liées aux modernisations du matériel, les espaces multimédias peuvent choisir le leasing qui constitue une solution de financement pour l’acquisition et le remplacement de biens d’investissement. Le leasing s’apparente à une location de matériel : ainsi, le matériel financé est non pas votre propriété, mais celle de la société prestataire. Vous vous assurez le droit d’utiliser un objet pour une durée et un but bien précis sans besoin d’acquérir l’objet, en contre-partie d’une mensualité fixe (se composant des intérêts et de l’amortissement). Les achats sont alors effectués en cas de nécessité économique, sans pour autant entamer les fonds à disposition pour des investissements qui ne peuvent pas faire l’objet d’un leasing. Le leasing est ainsi une alternative au crédit d’investissement. Les avantages de ce recours sont : Vos liquidités demeurent intactes Vos limites de crédit ne sont pas davantage sollicitées Vos mensualités de leasing étant fixes, vous pouvez par avance en calculer les coûts Un échelonnement du paiement de la TVA tout au long de la durée du contrat. Le préfinancement de la TVA est assuré par la société de leasing. L’ajustement des modalités de paiement (progressifs, dégressifs ou saisonniers) à votre situation fiscale, aux flux de trésoreries prévisionnels, à la durée de vie économique de l’objet ou a un niveau de rendement escompté La forme de financement qui est réalisée sans restriction sur base du montant total de l’investissement hors TVA, souvent sans garanties supplémentaires demandées au preneur de leasing et sans apport personnel. A l’expiration du leasing, vous avez la possibilité d’acquérir le bien au prix correspondant à la valeur résiduelle définie dans le contrat ou bien de désigner un tiers qui rachètera le bien en fin de contrat.

  • Les provisions

Si une structure ne bénéficie pas de subventions d’investissement, elle doit prévoir une ligne "provisions" dans son budget permettant d’anticiper sur l’amortissement de son matériel. Les provisions sont la constatation d’un amoindrissement de la valeur d’un élément d’actif résultant de l’usage, du temps ou de l’évolution des techniques, ou de toutes autres causes. Elles correspondent au prix de revient d’un élément. Les provisions pour dépréciation de biens permettent à la structure de dégager les sommes nécessaires pour le renouvellement de ces éléments. L’enregistrement de la provision doit traduire un alourdissement des charges financières pour la structure et doit par ailleurs amoindrir la valeur des éléments concernés. Les provisions correspondent ainsi à des dépenses de fonctionnements et des recettes d’investissements puisqu’elles permettent aux structures de consacrer les sommes dégagées au renouvellement de leurs matériels. Si les provisions ne sont pas totalement utilisées pour l’investissement de matériels, les excédents seront réaffectés aux activités de la structure.

Des aides à l’investissement et au fonctionnement :

  • Les subventions :

Les lieux non labellisés peuvent également chercher à intégrer des labels en vue d’obtention de subventions de la part des collectivités territoriales ou de l’Etat en remplissant les critères d’éligibilité propres à chacun. En effet, les labels permettent l’octroi de subventions le plus souvent d’investissement et rarement de fonctionnement. Ainsi les ECM (Espaces Cultures Multimédia) sont soutenus par le ministère de la culture qui leur verse des subventions de fonctionnement sur une durée de trois ans. Les Points Espaces Jeune Numérique reçoivent des subventions d’investissement à hauteur de 50% du coût global du projet. Les subventions au fonctionnement ainsi perçues facilitent la pérennité économique des lieux d’accès publics. Quand la subvention ne concerne que l’investissement, elle n’est pas une solution à la pérennité du lieu.

  • Intégration à la collectivité des lieux d’accès publics

Les lieux gérés en association peuvent également s’intégrer au sein d’une collectivité en établissant une convention avec elle. Cette convention peut être une concession ou un affermage. Dans le cas d’un affermage, la collectivité locale met à disposition des locaux ou des personnes au service du projet du lieu d’accès public. Quant à la concession, elle s’apparente à une délégation de mission du service public qui implique une gestion par la collectivité délégante.

  • Fonds européens

L’Union européenne s’efforce d’élargir le dispositif d’aide et de soutien communautaire aux TIC et à leur environnement. Elle a instauré à cet effet un cadre réglementaire spécifique à la société de l’information. La solidarité de l’Union à l’égard de l’ensemble des régions participe ainsi à la redistribution des richesses entre elles. L’objectif est de soutenir un développement équilibré des infrastructures et des réseaux. Dans le respect de la concurrence et de l’équité territoriale et sociale, l’accès haut-débit, les télé procédures, l’enseignement en ligne, etc. peuvent être aménagés avec le concours des financements communautaires.

Les fonds structurels tel que le FEDER (Fonds européen de développement régional ) peuvent ainsi être des soutiens économiques. Le FEDER est un instrument financier de l’Union européenne qui favorise la réduction des disparités régionales et le développement équilibré des régions européennes en attribuant des subventions aux acteurs locaux dans le cadre de programmes de développement établis en partenariat entre l’Union européenne, les Etats membres et les collectivités territoriales.

Les principales actions soutenues par le FEDER portent sur : l’Emploi et le développement économique l’Aménagement du territoire régional le Développement rural Le FEDER finance également l’initiative communautaire INTERREG (coopération interrégionale et transnationale) et l’initiative URBAN (régénération économique et sociales des villes et banlieues en crise).

  • Coopération intercommunale

Les lieux gérés en intercommunalité ont des avantages économiques puisque l’intercommunalité permet aux communes qui le désirent, de gérer en commun des activités ou des services publics ou de se regrouper autour d’un projet permettant de favoriser le développement local et de contribuer à la politique d’aménagement du territoire. Les coûts de fonctionnement et d’investissement du lieu sont ainsi assumés et partagés collectivement par les différentes composantes du dispositif intercommunal.

Des ressources humaines formées :

Concernant les ressources humaines des lieux, elles sont aussi essentielles au bon fonctionnement de l’espace. Les emplois générés par la lutte contre la fracture numérique et le développement des pratiques liées aux nouvelles technologiques sont indispensables à la pérennisation des activités des lieux. Relevant d’un nouveau métier, les compétences des animateurs en charge de l’espace n’ont pas été identifiées explicitement. Nous l’avons mentionné au chapitre concernant les profils des animateurs, ceux-ci viennent de domaines variés tels que ceux de l’animation socioculturelle, de filières techniques, du secrétariat, du commerce, etc.

Il paraît important de former les personnes ressources aux fonctions techniques et pédagogiques dont relève leur métier.
Ils sont moteur de la dynamique des lieux puisqu’ils sont l’intermédiaire entre les apprentissages, les usages et la machine.

Les animateurs doivent être aptes à identifier et analyser les dernières avancées techniques et les traduire en termes compréhensibles pour le grand public. S’ils ne peuvent se positionner comme facilitateur des apprentissages et savoirs, les usagers se désintéresseront rapidement des nouvelles technologies et le lieu se désertifiera.

Qui plus est, il est aussi nécessaire que les animateurs multimédia sachent intervenir sur la maintenance du parc informatique car en cas de pannes ou d’anomalies ils éviteront ainsi l’intervention d’une ressource extérieure et feront donc l’économie financière de celle-ci.
Les animateurs multimédias ont donc besoin de formations régulières en termes techniques ou pédagogiques afin d’assurer la dynamique et la pertinence d’un lieu. Les compétences développées auront inévitablement des impacts sur le fonctionnement général de l’espace qu’il soit de l’ordre de sa fréquentation par les populations ou de ses économies de temps et d’argent sur les maintenances techniques.

  • Recours au DLA (Dispositif Local d’Accompagnement) :

Inscrit dans un dispositif national allant jusqu’en 2006, le Dispositif Local d’Accompagnement est porté par la Caisse des dépôts et consignations et le ministère du travail. Il est organisé au niveau départemental. Sous la tutelle d’un comité de pilotage (composé de la Caisse régionale des Dépôts et Consignation, la Direction départementale du travail et de partenaires locaux), la structure porteuse du DLA remplit plusieurs missions.
Elle repère des associations développant des activités d’utilité sociale et réalise un premier diagnostic de leur problématique de consolidation. Ensuite, elle élabore éventuellement un plan d’accompagnement individuel et/ou collectif.

Le DLA permet de :

  • Mettre à disposition des associations des moyens pour accompagner leur projet de développement ;
  • Faire émerger un diagnostic partagé par l’ensemble des partenaires de l’association sur sa situation, son projet, son potentiel ;
  • Mutualiser des moyens financiers publics et privés au bénéfice du projet de l’association sur sa situation, son projet, son potentiel ;
  • Organiser un réseau professionnel des animateurs salariés d’associations.

Posté le 22 mai 2005

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