Plus jamais : Lawrence Lessig renonce aux revues scientifiques en copyright

Sur son blog, le professeur de droit américain Lawrence Lessig (à l’origine
des licences Creative Commons, notamment) explique pourquoi il ne
publiera plus d’articles dans des revues qui refusent la libre circulation.

Reproduction du texte traduit en français sur Framasoft

Lawrence Lessig est l’un des créateurs des licences Creative Commons [1]. Professeur de droit de l’université de Stanford, il milite depuis plusieurs années pour une "libre" diffusion du savoir. Et voilà qu’il applique maintenant ses préceptes dans le cadre de son activité professionnelle [2].

Ce texte est un billet publié sur son blogle 15 mars 2005. Merci à la "communauté framasoftienne" d’avoir effectué sa traduction française.

J’ai fait quelque chose aujourd’hui pour la toute dernière fois de ma vie. Je suis en train de faire publier un commentaire dans le Minnesota Law Review au sujet d’un article de Brett Frischmann intitulé "Théorie économique de l’infrastructure". C’est un excellent article, et j’étais ravi d’écrire ce commentaire.

Mais aujourd’hui, alors que je suis sur le point de le publier, je suis confronté à "l’Autorisation de Publication". Pour donner mon travail au Minnesota Law Review, je dois également leur céder mes droits d’auteur. En particulier, ils se réservent "le droit exclusif d’autoriser la publication, la reproduction et la diffusion" de mon travail. Ils ont à leur tour vendu ce droit à Lewis et Westlaw.

Plus jamais ca. Cela m’a pris trop de temps pour débrouiller cette affaire, et l’article était déjà trop avancé pour exiger autre chose. Mais à partir de maintenant, je m’engage à respecter le serment de la libre accessibilité :

Je ne publierais plus dans un journal universitaire qui ne me permette pas au minimum les libertés d’une license Creative Commons Attribution-Noncommercial.

C’est bien sûr bien moins que ce qu’exige Richard Stallman. Mes idées sur le sujet sont plus confuses que les siennes. Je ne suis pas encore convaincu par la suppression de la restriction non-commerciale dans le domaine des livres par exemple [3]. Néanmoins, il n’y a plus de raisons aujourd’hui, intellectuelles ou institutionnelles, pour que la publication de travaux universitaires me demande plus que cela. Et à partir du moment où une publication m’en demanderait plus, je ne l’accepterais pas.

A l’heure actuelle, je ne connais qu’un journal juridique qui sera bientôt en mesure de publier mon travail. J’espère qu’il y en aura d’autres. Mais en attendant, il n’y aura plus de commentaires d’articles juridiques écrits par Lawrence Lessig : un soulagement pour certains, sans nul doute, une perte pour personne, c’est sûr.

[2Lessig avait déjà placé un ouvrage non universitaire en libre accès. NdE.

[3Richard Stallman, créateur du projet GNU, est l’un des inspirateurs/créateurs de la licence publique générale GNU qui permet à l’utilisateur final non seulement de copier, de diffuser et de modifier un logiciel, mais aussi de le distribuer dans un cadre commercial, ce que ne permet pas la licence Creative Commons "Non commercial" choisit par Lawrence Lessig. NdE.

Posté le 18 mars 2005

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