Estonie : le bond Internet du tigre balte

Article publié par le journal de l’Adele

En moins de quinze ans, l’Estonie, pays balte de 1,4 million d’habitants est passé à l’informatisation la plus sophistiquée. Comment expliquer que ce pays soit considéré comme le plus avancé d’Europe orientale sur la voie de la construction de la société de l’information ? Plusieurs facteurs ont favorisé le développement de ce secteur stratégique : l’engagement constant des pouvoirs publics, la proximité de la Finlande et de la Suède et la priorité donnée à la formation aux nouvelles technologies.

Article publié sur le site édité par l’Agence pour le développement de l’administration électronique (ADAE)

L’engagement constant des pouvoirs publics

En développant les infrastructures et en misant sur l’innovation dans les services publics et les institutions, les pouvoirs publics ont fait le pari d’entrer de plein pied dans la société de l’information. Depuis 2000, le pays consacre 1% de son budget au développement de ce secteur stratégique, soit 200 millions de couronnes (12.500.000 euros) : l’équivalent du budget consacré à la culture en France. Dès août 2000, le gouvernement a montré l’exemple, en réalisant l’objectif « zéro papier » pour les réunions du conseil des Ministres, préparées et gérées par le biais du support numérique.

Le développement d’Internet s’est accompagné d’une évolution du cadre juridique. Grâce à une coopération entre le secteur public et le secteur privé (notamment les banques), toutes les infrastructures étaient prêtes pour appliquer la loi sur la signature numérique, entrée en vigueur en août 2000.

Depuis 2002, les cartes d’identité des citoyens sont pourvues d’une signature numérique. Dans une prochaine étape, le code crypté pour le personnel devrait permettre aux citoyens de voter par voie électronique dans un environnement sécurisé.

Aujourd’hui, la quasi-totalité des fonctionnaires du secteur public (95%) disposent d’un ordinateur connecté à Internet et près de la moitié des habitants possède un téléphone portable.

L’Estonie est enfin l’un des premier pays à s’être doté d’un système de surveillance des frontières totalement fondé sur Internet.

Un laboratoire idéal pour ses voisins

Ce pays affiche le chiffre étonnant de 43 % d’internautes. L’importance de ce taux de connexion s’explique en partie par la situation géographique de l’Estonie qui a bénéficié de la proximité des voisins suédois et finlandais : leurs entreprises ont investi en masse dans le territoire au début des années 1990, au moment des privatisations. Avec ses 45 000 km2, l’Estonie leur offrait la superficie idéale pour tester leurs technologies sur un petit territoire, ce qui a permis en un temps record le développement d’une infrastructure de télécommunications fixe et mobile presque plus moderne que celles de ses voisins scandinaves.

L’Estonie est aujourd’hui un partenaire de niveau égal à celui des pays les plus avancés pour la coopération internationale sur le plan des technologies de pointe et de la société de l’information.

La priorité donnée à la formation aux TIC dès le plus jeune âge

L’Estonie est réputée pour son haut niveau de formation dans les technologies de l’information. Dès les années 60, elle accordait une grande importance à ces secteur stratégique, incluant dans les programmes de ses universités un enseignement poussé en informatique, formant des ingénieurs et des spécialistes.

En 1995, les pouvoirs publics ont lancé un programme d’équipement scolaire baptisé « Le bond du tigre », et depuis 2003, toutes les écoles, du primaire à l’université, sont connectées à Internet.

L’effort d’enseignement est assorti d’un accompagnement de la population aux TIC. Dans les 500 points d’accès Internet gratuits installés pour la plupart dans les bibliothèques, le personnel vient en aide aux citoyens qui ne sont pas encore familiarisés avec Internet.

Pour en savoir plus : http://www.tiigrihype.ee/eng/sihtasutus/eesmargid.html

ndr : A noter que 500 points d’accès public à l’échelle de 1,5 millions d’habitants donneraient 20 000 points d’accés publics en France à comparer aux 3 à 5 000 existants !

Posté le 11 décembre 2004

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