Peer to peer et droits d’auteurs, quelles perspectives pour l’industrie musicale ?

Extrait d’un article publié par Thomas Le Texier sur le site de l’Ecole Doctorale Marchés et Organisations

La diffusion publique des progrès technologiques n’est pas forcément synonyme de prospérité économique. Dans un paysage économique, plus électronique que jamais, les majors s’indignent de la généralisation du téléchargement illicite en ligne, facilitée par le « peer-to-peer ». Le « peer-to-peer » désigne le partage de fichiers, audio, vidéo ou autres, sur le net, à partir de logiciels spécifiques. Cette pratique fut introduite via le défunt Napster - ou tout du moins sa version non commerciale - dont la neutralisation n’a pas, comme escompté, éliminé ce type de pratique. Au contraire, l’éviction de Napster a permis l’émergence de nouveaux logiciels tels que KaZaA ou encore Emule, dont les architectures techniques, contrairement à leur aîné, apparaissent aujourd’hui juridiquement inébranlables.

Il s’avère difficile dans un tel contexte de s’en prendre directement aux créateurs d’un logiciel qui ne peut pas être considéré comme illégal, mais dont l’utilisation peut être détournée au profit de pratiques illicites, au mépris des droits d’auteur. L’industrie de la production des biens culturels (phonographiques, cinématographiques et logiciels) a donc naturellement changé de stratégie et attaque désormais les usagers du système, dont l’accès est facilité par des connexions à haut débit de plus en plus rapides et de plus en plus abordables, aussi bien géographiquement qu’économiquement. Voyant leurs ventes diminuer sensiblement[1], les majors s’engagent de plus en plus dans une stratégie procédurale, la dernière vague de poursuites juridiques, en France, ayant eu lieu le 22 octobre 2004[2]. Ces actions en justice ont des conséquences multiples. Si elles parviennent effectivement à dissuader certains usagers de télécharger en ligne de manière illégale, elles ont également abouti à la mobilisation d’une partie de la communauté internaute choquée par des pratiques dont la portée leur paraît plus symbolique qu’efficace. L’industrie culturelle a ainsi affaire non plus uniquement aux partageurs de fichiers en ligne mais également à d’autres internautes qui voient en ces actions en justice une solution démesurée, incompatible avec leur idéal du réseau des réseaux.

Lire l’article de Thomas Le Texier, GREDEG/CNRS

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Posté le 11 décembre 2004

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