Appel à projets du Pays de Brest - Innovations d’usages, expression multimédia, lien social et appropriation sociale des TIC et du multimédia.

Projet Regards et images du Pays de Brest Mémoire collective et participative proposé par l’association Trajectoire

I - L’association Trajectoire, itinéraire d’une idée au projet

L’association est née en 1996 sous l’impulsion d’acteurs de la vie locale brestoise ayant une forte sensibilité à toutes les formes de créations artistiques s’appuyant sur une coopération du spectateur.
Les fondateurs de l’association sont tous issus de l’Education Populaire.

A ce titre, Trajectoire milite pour une diffusion de la connaissance et des arts au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s’épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient. Hébergé
à ses débuts au Fourneau à Brest, très vite Trajectoire a fonctionné sous le registre d’une coopérative.
Deux secteurs ont émergé : le secteur dit « arts de rue/ arts nouveaux » et le secteur Termaji (lanterne magique) pour tout ce qui concerne l’image.

A. Le secteur Arts de rue/arts nouveaux a permis à l’association de grandir auprès d’artistes demandant systématiquement une adaptation à un environnement mais surtout à une participation
des publics.
Trajectoire a pris à sa charge l’administration et la gestion de compagnie ou d’artistes dont elle partageait les choix et surtout une approche « Troupe » impliquant un fonctionnement en collectif :
Les Saltindanses, http://www.lefourneau.com/creations/02/saltindanses/projet.htm ; Bris de Banane,
http://brisdebanane.canalblog.com ; Compagnie Cacahuète, http://www.sete.fr/Compagnie-Cacahuete-le-Lieu-Noir.html ; Tango Sumo, http://www.tangosumo.com/ ; Las Malqueridas ; Akys
Projecte ; Cirque Sans Nom, www.cirquesansnoms.com ; Familie Flöz, www.floez.net .
Certains de ces artistes ont une renommée internationale ce qui a contraint Trajectoire à installer une antenne à Liévain, notamment en raison du parcours européen de la familie Flöz.

B. Le secteur TERMAJI (en langue bretonne « lanterne magique », et dans le langage populaire nom des projectionnistes itinérants d’antan) est apparu progressivement sur la base des compétences
d’équipe de cinévidéastes amateurs du bassin brestois autour de Claude ARNAL. Principal initiateur -longtemps- du seul évènement en Bretagne dédié à la diffusion d’oeuvres filmées par des cinéastes amateurs non ferrues de compétition et n’entrant dans aucun réseau de distribution commerciale, il a su autour de Trajectoire tisser un véritable réseau. Cet évènement intitulé La Nuit des Cancres s’est structuré et est aujourd’hui une association à part entière qui vise à la diffusion de film de fictions réalisés par des cinéastes amateurs à dominante humoristique.
Au sein de Trajectoire, un maillage s’est donc formé révélant indirectement une création de Xavier Kim pour Akys Projecte associant : cirque, musique, danse et vidéo.

De ce réseau de plus de 300 groupes, personnes, associations et collectifs sur la Bretagne est née une volonté de fédérer, d’aider et d’accompagner les arts visuels sur la thématique du droit libre d’accès à l’image. Nous parlons du droit d’accès et non des droits attachés ou que l’on attache à une image.

Face à la disparition des réseaux de diffusions locaux, plus connus sous le nom de cinéclub ou cinéma itinérant ou Termaji, Trajectoire s’est doté du seul projecteur cinéma 35 mm portable associatif
et d’un projecteur Super 8 puissant. En partenariat avec Cinéphare, Trajectoire a permis la diffusion d’oeuvres filmées dans tous types de salles, sur des formats très différents, et hors des réseaux commerciaux (ile de Batz, Molène, Plourin, Lampaul Plouarzel...). Au cours de ces rencontres, l’association a été amenée à confronter des images à ceux qui les avaient faites, à ceux qui y figuraient, à ceux qui en apportaient lors des soirées...

A l’heure du virage au numérique du cinéma commercial, Trajectoire souhaite s’appuyer sur la technologie des multimédias pour construire un outil éducatif sur l’image mais dans la proximité c’est-à-dire au niveau d’un Pays et en quelque sorte éviter la fracture numérique.

II - Le projet : Regards et images du Pays de Brest - Mémoire collective et participative

« Le passé ne comporte pas d’entrée, l’avenir pas de sortie. Quant au présent, placé en position intermédiaire, il est si bref et insaisissable qu’il ne possède aucune longueur propre et paraît se réduire à la conjonction du passé et de l’avenir. Il est si instable qu’il ne demeure jamais au même endroit ; et tout ce qu’il traverse, il l’arrache à l’avenir pour confier au passé. »

(Censorinus, De die natali, 1642)

L’éducation populaire a été une source de démocratisation dans la réalisation de films et d’images. Sur le Pays de Brest,dans les années 70, il existait plus de 40 caméra clubs, associations d’éducation
à l’image, cinéma scolaire, photos clubs, etc...Ils ont disparu pour l’essentiel car la technologie fait qu’aujourd’hui faire un film à la maison ne relève plus de l’exploit mais d’un banal commun... Cela va du film avec le téléphone portable (pocket film) au film en HDV quasi-professionnel.

Tous ces clubs disparus ont tourné à un moment donné en film Super 8 ou 8. Cela représente un volume important dont il faut déterminer l’intérêt ou élaguer les bordures pour rendre pertinent le document. Rendre pertinent correspond au minimum à identifier les années, le lieu, les personnes à l’image... Un travail qui n’a pas nécessité de faire intervenir un documentaliste professionnel.

Si les images ont été faites par un amateur, un autre amateur doit pouvoir en donner un minima d’information et lui redonner du sens. A noter que le mot « amateur » n’a rien de péjoratif dans le cadre d’une action participative.

Le film 8 mm et le film S8 ont été des médias prisés par les familles, mais que dire de la cassette vidéo VHS dont aucune cinémathèque ne veut assurer a conservation ou même le transfert sauf document d’exception. Ils ne peuvent tous être confiés à une cinémathèque ou à des archives sans avoir au préalable été soumis à un REGARD.

Une association comme Film et Culture a fait dans le cadre d’activité cinéma dans les écoles plus de 400 films de S8 d’une durée de 3 mn... Ce n’était que pour les écoles privées du secteur, la Ligue de l’Enseignement en a fait de même. Qui a déjà vu ces films ? On ne peut pas douter du succès de leur restitution en observant l’intérêt du public pour des sites comme les Copains d’avant.

Le volume de ces films est considérable, s’il n’y a pas l’intervention de bénévoles, la collectivité devra assumer un coût important pour les rendre accessibles . Des gens de l’ORB l’ont bien compris et se sont équipés d’un appareillage bricolé mais que deviennent les images ayant un intérêt qu’ils ont numérisé ? et de quel intérêt s’agit-il ?

Si à un moment l’Education Populaire s’est emparé du film S8 et qu’aujourd’hui elle s’empare de la vidéo , c’est qu’il y a un lien entre ces médias. Le multimédias , c’est-à-dire la mise en numérique peut permettre une conjonction des contenus des 2 aires de l’IMAGE, tout simplement parce que derrière il y a de l’humain et une conscience collective.

Hier filmer en S8, aujourd’hui sur carte SD (nous utilisons ici des termes propres à des technologies correspondant à une époque), c’est une façon de permettre de comprendre le monde et les faits de société et donc de communiquer. Mais pour le plus grand nombre, le format est incompréhensible, et sans intérêt. Le véritable intérêt est le contenu et ce qu’il ressentent voyant le film. En clair, ce qui va entrer ou sortir de sa mémoire. Si d’autres coopèrent et participent en documentant à leur tour un même film ou une même image, nous passons à une mémoire collective. Trajectoire l’envisage en terme de mémoire collective et non de patrimoine. Le mot patrimoine comporte 2
parties : patrie et moine qui peuvent mener à des extrêmes inacceptables.

III - L’objectif principal du projet est de faire de chacun un citoyen face à un monde d’images. Un citoyen qui se responsabilise et gère les images qu’il produit ou diffuse avec l’aide des Creative commons.

Un citoyen qui par une contribution volontaire sur un médias spip va permettre à d’autres personnes d’accéder à un savoir ou à des connaissances.

Cette contribution volontaire ne peut être faite que si le film est accessible en ligne donc pour le S8, le 8, le 9,5 , le 16 ou le 35 mm soit numérisé hors d’un contexte de sauvegarde de l’élément d’origine. Le coût de sauvegarde d’un support ne peut être seulement justifié par le fait qu’il soit rendu accessible comme le préconise les Archives du Film Français et bien des cinémathèques.

En se fédérant de façon non-formelle, le réseau autour de Trajectoire a permis des échanges de compétences et de prêts de matériel, et surtout il a révélé deux manques sur le plan technique lié à :

  • la mise en numérique de films argentiques et de vidéos magnétiques dans une logique d’utilisation et non d’exploitation commerciale.
  • une capacité de stockage des données numériques et un serveur sur lequel on pourrait les consulter.

Ce créneau de numérisation ne vise pas la sauvegarde et la conservation mais bien l’accès à un document. La haute définition professionnelle (HD) n’est pas un critère pour ce qui est coopératif et participatif puisqu’aucune plus value ne peut être prise en compte dans le champ du libre accès au risque d’engager une complexité technique rebutante pour le débutant des multimédias ou le contributeur.

Sur ce registre Trajectoire propose sur la première année de son projet :

  • l’acquisition de matériel simple sur le plan de la mise en œuvre pour numériser les films argentiques. La numérisation se faisant sur des encodages qui correspondent à des accès sur le net, Trajectoire assurera la gestion, la formation et la mise à disposition de ce matériel dans le cadre d’un cahier des charges précis sur lequel nous reviendrons dans le tableau de différenciation/complémentarité présent au chapitre X.
    Les publics visés en priorité seront les associations ou les collectivités ayant en stock « poussière » des films S8 et 8.
  • de travailler à rendre accessible les images sur le médias spip et à oeuvrer à leur valorisation coopérative et participative avec un contrôle A POSTERIORI de la documentation. Cette ouverture nécessitera un accompagnement.
  • d’animer 4 séances publiques par an sur le territoire du Pays de Brest sur grand écran pour mettre en valeur le médias spip. Il faut rappeler que l’image vue en groupe est facteur de sociabilisation
    et d’éducation d’autant qu’elle permet de cibler des publics : personnes âgées, scolaires, etc...

Trajectoire souhaite la gestion du stockage et du médias spip à l’association INFINI avec qui elle travaille depuis 1996, mais en ne manquant pas de transmettre des suggestions pour que le développement correspondent aux usages. Trajectoire s’appuie sur l’expérience d’autres médias spip. Elle prend pour modèle une expérimentation menée par une structure du centre de la France
qui aujourd’hui est un exemple.

IV - Exemple de site coopératif et participatif
source Centres Images

Les lecteurs du site peuvent apporter leurs commentaires, géolocaliser, compléter avec des photos...
Il y a plus de 420 connections par semaine alors que le site vient de démarrer. Les contributeurs apportent de nombreux éléments à l’enrichissement documentaire et échangent entre eux des
informations. L’accès est gratuit. Le fonds n’est pas exploité en édition vidéo et fait rarement des cessions de plan (vente d’images au télévisions).

V - Différenciation / Complémentarité
Le projet Regards et Images du pays de Brest se différencie d’un travail d’archives sur les plans suivants :

1. Le projet n’induit aucunement la conservation des supports. Les personnes qui souhaitent utiliser le matériel de numérisation auront une information concrète et sincère sur les possibilités qu’offrent les structures d’archives en priorité piubliques. Elles seront encouragées au don aux archives communautaires de Brest Métropole ou au dépôt à la cinémathèque de leur choix.

2. Le projet n’induit pas une sauvegarde mais une numérisation propre à une utilisation sur un médias spip soit en basse résolution. Les supports films concernés dans un premier temps seront le 8 mm et le Super 8.

3. Le projet laisse libre toutes structures d’archives de prendre contact directement avec les personnes ayant mis leurs films en ligne.

4. Le contenu documentaire des films mis en ligne portera les mentions de mise en garde identique à celle d’un Wiki. Une structure d’archive désirant récupérer ces informations pourra le faire suivant
la charte creative commons.

5. Toute opération supplémentaire faite avec le matériel de numérisation sera facturée à son utilisateur. Par exemple s’il souhaite passer au télécinéma par lui-même des films de famille sans intérêt notable : une participation sera demandée. Avant chaque utilisation, une convention de prêt du télécinéma sera signée avec l’utilisateur. Le prêt sera prioritairement réservé aux associations du territoire Pays de Brest.

6. Si Trajectoire détecte des films essentiels, elle s’engage à en informer le service public le plus proche c’est-à-dire les archives communautaires de Brest métropole.

7. Un cahier des charges précis sera remis aux utilisateurs du télécinéma pour ne pas concurrencer les photographes locaux assurant cette prestation.S’il n’y a aucun film pouvant être mis en
ligne, il n’y aura pas de prêt du télécinéma.

8. En cas de cessation d’activité, Trajectoire signera des autorisations pour que le gestionnaire du médias spip puisse maintenir en ligne les contenus et récupère le télécinéma. Le but est d’éviter le même problème rencontré par le musée de l’affiche de Locronan.

9. Le projet ne comporte aucune gestion des droits pour un tiers.

10. Les évènements donnant lieu à la présentation sur grand écran de films issus du médias spip se feront dans des lieux dédiés aux cinémas ou disposant d’un équipement grand écran, ET en lien avec Cinéphare.

11. Une information sera faite sur les droits sur les musiques éventuellement rapportés sur les films. Si des doutes existent, le film ou sa bande son seront supprimés du serveur.

12. Les archives désirant utiliser le médias spip seront les bienvenues. Elles auront la possibilité de mettre en ligne leurs fonds de films en définissant les licences Creative Common.

13. Des sessions de formations pour les utilisateurs seront mis en place avec participation financière sauf aide d’une collectivité. Pour mémo, l’objectif du projet est de rendre accessible des documents filmés dans le cadre de l’Education Populaire.

Pour mémo, l’objectif du projet est de rendre accessible des documents filmés dans le cadre de l’Education Populaire.

VI - Conclusion

Regards et images du pays de brest
Mémoire collective et participative

Ce projet devrait avoir une suite dans le sens ou d’une part car d’autres formats de films y compris magnétiques seront à intégrer et d’autre part car le libre accès ne saurait être une finalité dans le cadre de l’Education Populaire. Des animations avec des modes pédagogiques innovants sont à envisager.

Il faudra donc creuser encore quelques années pour qu’au-delà de la forme extérieur comme dans un sabot, le pied prenne place en douceur...

VII - Partenaires et utilisateurs envisagés :

Infini (dans le champ de la gestion du médias spip du Pays de Brest) - Depuis 1996 Infini et Trajectoire ont un lien d’hébergement.
http://www.infini.fr/

Canal Ti Zef
Les Cancres du Cinéma
http://nuitdescancres.over-blog.com/
Cinéphare : réseau de salles de cinéma associatives du Finistère
http://www.cinereseau29.org/reseau.asp
Le triporteur
http://triporteur.canalblog.com/
Office des retraités brestois (ORB) Section vidéo et Wiki Brest
Film et culture Brest
http://www.film-et-culture.org/
Iris films PLPR Brest / caméra club de Brest
http://plmpr.free.fr/index.php?page=video
Focalys Films / association de réalisations de films
Ateliers d’éducation à l’image de l’association Côtes Ouest Violaine Guilloux.

Coordonnées du responsable du projet :
Bruno Lathulière, administrateur
Trajectoire, 2 rue Jean Jaurés 29200 Brest.
0953446060 / 0679673578
administrateur : trajectoire@infini.fr
SECTEUR ARTS DE L’IMAGE, TERMAJI Claude ARNAL
cinemaallumes@free.fr

Posté le 15 avril 2012 par Valérie Picolo

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