Cap com Rennes Internet et politique : pas de révolution

Le forum Cap com net était l’occasion de deux interventions de poids, celles de Benoit Thieulin (Netscouade) et Thierry Vedel (Cevipof). Ces deux experts sont revenus sur les relations complexes entre politique et Internet, cassant au passage quelques idées reçues.

Actualité oblige, le forum Cap com net, qui se déroulait les 5 et 6 avril à Rennes, a laissé une place à la politique sur Internet, notamment dans le cadre d’une campagne électorale. Pour ce faire, deux personnes de choix sont intervenues à tour de rôle : Benoit Thieulin, Directeur associé de la Netscouade et ancien responsable de la campagne web de Ségolène Royal en 2007, et Thierry Vedel, chargé de recherche CNRS au Cevipof.

Internet, outil de mobilisation ?
Le premier s’est attaché plus particulièrement aux réseaux sociaux lors de sa conférence. Il situe la naissance du web politique en France à 2005, avec le référendum sur le Traité de constitution européenne (TCE). Le net aurait alors ouvert un nouvel espace de débat et de réflexion, notamment pour comprendre ce texte complexe.

Pourtant, Internet ne permet pas de gagner une campagne électorale d’après Benoit Thieulin. A l’instar de la campagne de Barack Obama, la toile serait plutôt un outil qui permet de mobiliser et coordonner des personnes sur le terrain. Le dernier exemple en date est celui des révolutions arabes, pour lesquelles les réseaux sociaux ont aidé l’information et la coordination, mais ne remplace pas les manifestations de rue.

Le net toujours derrière la TV
L’élection présidentielle de 2012 se caractérise par une campagne trans-média pour le directeur de la Netscouade, la télévision étant toujours prédominante. Un constat partagé par Thierry Vedel, qui précise que d’après une étude de son labo, ¾ des français s’informent sur la politique via la télé, contre 27% via le net. La confiance est d’ailleurs plutôt donnée à la télévision pour s’informer sur la campagne (44%) qu’à Internet (35%).


¾ des français s’informent sur la politique via la télé.

Néanmoins, Benoit Thieulin note une vague de réintermédiation grâce au web, en raison du trop grand nombre d’information. Les journalistes, bloggeurs ou think tank amènent une révolution des contenus qui permet de décrypter et de détailler point à point (ex : Décodeurs du Monde, Véritomêtre de Owni). Il n’y a d’ailleurs pas de campagne spécifiquement numérique car le numérique est partout dans la campagne.

Des internautes très différents
Le chercheur du Cevipof constate lui aussi que le net facilite l’accès à la politique, avec des typologies d’internautes très différentes. Cependant, la toile permet aussi de se détourner de « la chose publique » car il y a beaucoup de contenus à voir autre que la politique. Ces phénomènes conduiraient donc à une triple fracture : civique, informationnelle et sociale.

Internet est donc un espace qui permet avant tout de s’organiser politiquement, prolonger le débat et de s’informer librement. La politique peine cependant à y trouver sa place car une minorité de personnes échangent sur la campagne (10% des internautes qui sont sur les réseaux sociaux) ou même la suivent (1/3 des twittos). En cela, le net ne révolutionne pas les échanges entre politiques et citoyens.

La cantine-Rennes

URL: http://www.lacantine-rennes.net
Via un article de La Cantine, publié le 8 avril 2012

©© a-brest, article sous licence creative common info