À qui profite l’accord Microsoft/UNESCO ?

communiqué d’April et de la FSF , le 19 novembre 2004

L’APRIL et la FSF France s’inquiètent des effets de l’accord signé
mercredi
17 novembre par l’UNESCO avec Microsoft [1].

La politique induite par ce
document est en effet en contradiction avec le soutien au logiciel libre
affiché par cette organisation ces dernières années [2].

De plus cet
accord
survient dans un contexte international trouble. Les États-Unis mènent
en
effet actuellement une offensive sans merci contre le logiciel libre
dans
le cadre de la préparation du Sommet Mondial de la Société de
l’Information
(SMSI), sous l’égide des Nations Unies, tout en imposant à certains pays
dits « en voie de développement », par des accords bilatéraux, des
régimes
de gestion des oeuvres et des inventions inadaptés. Ces pays ne
disposent
en effet pas des actifs et du tissu industriel nécessaires à la
production
de certains types de biens. Subissant un système de droit inadéquat car
conçu pour un pays développé, ils sont contraints de se les procurer à
des
prix insoutenables auprès des grandes sociétés du Nord.

L’accord signé avec l’UNESCO conduira cette organisation à patronner la
mise à disposition de plus de logiciels propriétaires aux pays en voie
de
développement. De tels logiciels, qui ne peuvent pas être utilisés,
étudiés, modifiés et redistribués librement, ne contribueront pas à
garantir à terme l’équipement du plus grand nombre des citoyens de ces
pays.

Alors que la volonté commune d’émancipation du Japon, de la Chine et de
la
Corée du Sud les conduit à développer un système d’exploitation commun
basé
sur le noyau Linux, alors que le député Bernard Carayon [3] a récemment
mis
en avant les risques importants induits par le recours massif à des
logiciels propriétaires, il est regrettable que l’UNESCO invite ainsi
les
pays en voie de développement à mettre le doigt dans l’engrenage de la
dépendance informationnelle plutôt que d’investir dans la fourniture
d’instruments technologiques leur permettant de prendre à terme leur
destin
en main.

Le logiciel libre est en effet un bien commun informationnel librement
utilisable et adaptable par tous. Il permet d’accéder au patrimoine
commun
de l’Humanité en la matière à un prix raisonnable et de mener des
stratégies de développements mutualisés génératrices d’importantes
économies. Il est également créateur d’emplois locaux qualifiés, les
développeurs du Sud ayant la possibilité d’adapter les logiciels aux
besoins. Il permet enfin de mettre gratuitement à disposition les
logiciels
ainsi développés, possibilité dont il semble superflu de souligner
l’importance pour des pays n’ayant parfois pas même les moyens d’assurer
la
sécurité alimentaire ou sanitaire de leurs populations.

L’APRIL et la FSF France soulignent que la copie de logiciels
propriétaires
peut également être effectuée, comme pour toute oeuvre immatérielle, à
un
prix réduit. Il ne coûtera donc en pratique pas que peu à Microsoft de
mettre à disposition des plus pauvres des oeuvres par essence abondantes
et
déjà largement rentabilisées par leur vente dans les pays riches.

L’APRIL et la FSF France prennent acte des propos de Koïchiro Matsuura,
Directeur général de l’UNESCO, qui a indiqué que la relation entre
Microsoft et l’UNESCO n’était pas exclusive. L’APRIL et la FSF France
invitent cependant l’UNESCO et les pays du « Sud » à ne pas se tromper
sur
l’identité du bénéficiaire à terme d’une telle « générosité ».

À propos de l’APRIL

L’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique
Libre, créée en 1996, est composée de personnes physiques et morales
impliquées dans le développement de l’informatique libre et fortement
implantées dans le tissu social. Elle a pour objectif de sensibiliser
les
entreprises, les administrations et les particuliers sur les risques des
solutions propriétaires et fermées et de les informer des bénéfices
offerts
par les logiciels libres et les solutions basées sur des standards
ouverts.

  • contact contact at april.org.

À propos de la Free Software Foundation France (Fondation pour le
Logiciel Libre)

La FSF France est une association loi 1901
se
consacrant à tous les aspects du Logiciel Libre. Pour la FSF France,
l’accès au logiciel conditionne la participation des individus à la
société
de l’information. Par conséquent, les libertés d’utilisation, de copie,
de
modification et de redistribution du logiciel, telles que décrites dans
la
définition du Logiciel Libre, permettent une participation équitable à
l’ère de l’information. Susciter l’intérêt pour ces sujets, protéger le
Logiciel Libre politiquement et légalement, et libérer tout un chacun en
participant au développement de Logiciels Libres sont les préoccupations
centrales de la FSF France.

  • Courrier électronique de contact : contact at fsffrance.org
Posté le 20 novembre 2004

©© a-brest, article sous licence creative common info