Les effets économiques et culturels du P2P sont extrêmement positifs

Selon une étude commandé par le gouvernement des Pays-Bas, les effets du partage de fichiers et du téléchargement gratuit seraient globalement positifs pour la société néerlandaise.

Reprise d’un article publié par Numerama
sous Contrat creative Commons posté le mercredi 21 janvier 2009 à par Guillaume Champeau

[L’article, ses liens et commentaires -
http://www.numerama.com/magazine/11765-Les-effets-economiques-et-culturels-du-P2P-sont-extremement-positifs.html]

A l’échelle d’une société tout entière, la lutte contre le piratage est-elle pertinente pour le développement économique et culturel ? En France, le gouvernement ne semble pas en douter, pressé par le Président Nicolas Sarkozy de faire adopter au plus vite la riposte graduée par l’Assemblée nationale. Mais dans les pays nordiques, des doutes persistent. Le gouvernement néerlandais a ainsi commandé au cabinet TNO un rapport de 142 pages sur les effets économiques et culturels du partage de fichiers aux Pays-Bas, dont les résultats viennent d’être publiés. Contre toute intuition, ils concluent que le P2P a un effet économique globalement positif sur l’économie néerlandaise.

Après avoir interrogé de gros utilisateurs de P2P, sondé 1500 internautes néerlandais et questionné des professionnels des industries de la musique, du cinéma et du jeu vidéo, les chercheurs ont découvert que "les implications économiques du partage de fichiers sur le niveau de bien-être aux Pays-Bas sont extrêmement positives sur le court terme et le long terme".

Le cabinet estime que 4,7 millions d’internautes néerlandais âgés de plus de 15 ans ont téléchargé sans payer entre 1,5 et 2 milliards de fichiers musicaux en un an, ce qui fait environ 7,5 morceaux téléchargés pour 1 morceau acheté. Mais selon l’étude, les P2Pistes néerlandais qui téléchargent de la musique se seraient "enrichis" de l’équivalent de 200 millions d’euros de fichiers musicaux, tandis que l’industrie musicale n’aurait perdu dans le pire des scénarios que 100 millions d’euros de manque à gagner.

"L’industrie doit trouver de nouveaux modèles économiques"

C’est la magie de la multiplication des pains permise par le P2P, qui ne cause pas nécessairement de préjudice direct à l’industrie. Mais qui, au niveau sociétal, permet d’avoir globalement une société mieux instruite, plus "consommatrice" de culture, sans appauvrissement économique. "Beaucoup de ceux qui partagent de la musique n’achèteraient pas autant de CD au prix actuel si le téléchargement n’était plus possible", constate notamment l’étude. "Soit parce qu’ils ne peuvent pas se le permettre, soit parce qu’ils ont d’autres priorités budgétaires : ils manquent de pouvoir d’achat".

Globalement, les téléchargeurs sont aussi les plus gros payeurs. L’étude note ainsi que "parmi ceux qui téléchargent de la musique et des films, le pourcentage de ceux qui en achètent est aussi élevé que parmi ceux qui ne téléchargent pas". Mieux, "parmi ceux qui téléchargent des jeux vidéo, le pourcentage des acheteurs est même plus élevé que ceux qui ne téléchargent pas". Les P2Pistes achètent plus de films sur DVD (mais en louent moins) que les autres, plus de jeux vidéo, vont davantage aux concerts, et achètent plus de produits dérivés. Ils sont également une grande majorité à dire qu’ils n’achèteraient pas davantage si le P2P n’existait plus.

Contactée par Numerama, l’auteur de l’étude, Annelies Huygen, estime qu’il est "important pour l’industrie de lancer de nouveaux modèles économiques". "Actuellement, une partie de la demande n’est pas satisfaite. Les gens sont prêts à payer, mais l’offre ne rejoint pas la demande", constate-t-elle.

Les pouvoirs publcis, eux, devront s’inspirer des conclusions de l’étude. En matière de droit d’auteur, tout l’art du législateur est de trouver le meilleur équilibre possible entre la protection des intérêts économiques des créateurs et l’intérêt culturel de la société tout entière. Il n’est pas certain, loin s’en faut, que la riposte graduée contribue à trouver cet équilibre.

Mais on peut déjà parier que, fidèle à ses habitudes, le gouvernement français préfèrera ignorer totalement cette nouvelle étude et ne citer que celles commanditées par les lobbys de l’industrie culturelle.

Posté le 27 janvier 2009

©© a-brest, article sous licence creative common info

Nouveau commentaire
  • Février 2009
    22:21

    Les effets économiques et culturels du P2P sont extrêmement positifs

    par Severe

    Mais payer pour avoir des titres de très bonne qualité auditive, des petits plus si pratiques : la portabilité sur différents appareils ( autoradio, téléphone...), des tags, la légalité, le plaisir de savoir que l’artiste qu’on aime en profite et nous en ressorte une meilleure...

    Payer pour avoir accès a un maximum de titres car trop, beaucoup trop, sont introuvables dans le commerce de proximité.

    Mais payer un juste prix aux auteurs-interprètes et le circuit de création et pas aux intermédiaires ou le circuit pressage/distribution dont l’existence ne se justifie plus dans le cas de vente immatérielle ( téléchargement et gravure aux frais de l’internaute ).

    L’offre de iTunes qui remplissait une seule de ces conditions a fait un tabac, imaginez la totale ;-).

    Mais bon certains devraient se passer de leur Rolex, en échange de quoi pour le même budget vous auriez plus accès a une culture plus diversifiée et les artistes ( et ceux qui gravitent autour : musiciens, enregistrement...) seraient mieux payés.

    Et enfin la SACEM retrouverait son rôle originel : Défendre les intérêts des artistes contre les diffuseurs futurs, et non les intérêts des diffuseurs actuels contre le public.

  • Février 2009
    00:38

    Les effets économiques et culturels du P2P sont extrêmement positifs

    Suite .. Désolé..
    Prêts à acheter un produit à valeur ajoutée : les chansons d’un album en mp3, c’est à dire écoutable dans toutes les conditions (matérielles, notamment, iPod, Sony,etc), avec les paroles synchronisées, par exemple, et aussi la traduction, tiens ! Et si c’est vendu en téléchargement 10 € alors qu’un cd physique vendu en magasin n’en vaut que 5 de plus, ne pas hésiter à "offrir" aussi la possibilité de télécharger en plus une version sans perte de qualité. Et sans oublier le livret...
    Sinon, à ne pas respecter son client en tentant de lui fourguer un produit mal conçu, il risque d’oublier de respecter le produit en question, et de trouver normal de n’être pas très honnête avec des malandrins...

  • Février 2009
    00:19

    Les effets économiques et culturels du P2P sont extrêmement positifs

    Prêt à payer pour une offre qui mérite le prix qu’elle vaut...

  • Février 2009
    09:58

    "offre insuffisante" ?

    par céline-dye

    il y a un passage peu clair dans cet article (qui par ailleurs est très intéressant). C’est le suivant :
    "Contactée par Numerama, l’auteur de l’étude, Annelies Huygen, estime qu’il est "important pour l’industrie de lancer de nouveaux modèles économiques". "Actuellement, une partie de la demande n’est pas satisfaite. Les gens sont prêts à payer, mais l’offre ne rejoint pas la demande", constate-t-elle.

    Comment ça, "ils sont prêts à payer" ?
    payer pour quoi ?
    pourquoi l’offre est insuffisante ?
    l’offre de quoi ?

    merci pour votre jugeotte !