Visite de Madame Christine Boutin, ministre du logement et de la ville à Kerourien et autour de l’internet en habitat social

l’intervention du ministre

Voici la trame du discours du ministre voir aussi demain les présentations des acteurs du quartier impliqués dans l’appopriation srociale

Intervention de Madame Christine BOUTIN
Ministre du logement et de la ville

Espace public multimédia à Kerourien

Lundi 26 mai 2008
Brest

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse de pouvoir vous rendre visite aujourd’hui et de découvrir par moi-même la bonne marche de l’espace public multimédia à Kerourien et le formidable élan qui a été donné à votre quartier par le numérique.

L’objectif de ma venue est de vous entendre et de profiter de votre expérience sur la thématique de l’initiation du grand public, de tous les publics, aux technologies de l’information et de la communication. Je suis curieuse d’en apprendre davantage sur votre réseau d’animation scolaire sur Internet au collège de Kéranroux, sur votre wiki, votre outil coopératif qui a pour but de vous rassembler afin de construire ensemble un projet multimédia à l’échelle du quartier de Kerourien en réfléchissant autour des usages de l’Internet

Pour nous tous, bien sûr, les enjeux de la révolution numérique sont multiples. Internet, c’est d’abord un outil de croissance, avec à la clef des centaines de milliers d’emplois, mais c’est aussi un outil de liberté, de connaissance, de création, de créativité et diversité culturelle, de qualité de vie et de pouvoir d’achat... Il n’est pas un secteur de notre société qui ne soit concerné par les bouleversements en cours.

Ministre de la ville, l’aspect qui m’intéresse particulièrement, c’est qu’Internet peut nous permettre de développer des relations dans nos villes parfois en mal de chaleur humaine. La ville à l’origine était consubstantiellement un espace et de brassage et de rencontres entre les hommes et les femmes, un espace de partage et de plaisir. Or, le temps aidant, cet axiome ne va plus de soi.

On le vérifie dans le cas de certains lotissements dans lesquels une population plus prospère mais atomisée semble cultiver l’entre-soi, ne se déplaçant qu’en voiture, à l’abri de tout contact avec un autrui qui serait différent.
On le constate aussi - vous êtes bien placés pour le savoir - dans beaucoup de quartiers fragiles où la population vit repliée sur elle-même avec le sentiment d’être rejetée par le reste de la ville.

Ces morceaux de ville où l’on ne se parle plus, ces parties désagrégées sont le signe d’une ville qui ne va pas bien, où la circulation, l’échange et le rencontre ne fonctionnent plus.

L’intérêt d’Internet c’est que c’est par construction un moyen de communication et d’échange où chacun peut recevoir et donner, produire et consommer. C’est pourquoi notre mission est bien de créer les conditions de l’appropriation universelle de ce nouvel outil. Dans nos quartiers, internet peut permettre à bien des citadins de changer leur regard sur l’autre, de se découvrir, d’échanger, de partager et ainsi construire de nouvelles relations qui permettent de « mieux vivre ensemble ».

L’objectif de 100% de la population couverte par les technologies d’accès haut débit, fixe et mobile, a été solennellement confirmé par le gouvernement. C’était essentiel et l’on peut s’en réjouir. En effet, les couches les plus favorisées de la population sont rentrées de plein pied dans la société de l’information. Elles participent déjà pleinement à une société qui offre des possibilités d’échange et de coopération inédites entre ses membres… Restait à ne pas oublier les publics les plus fragiles qui ont des attentes très fortes, parfois même plus fortes car ils savent tout ce qu’Internet peut leur offrir. Je considère que les quartiers et les personnes plus modestes doivent pouvoir accéder à une offre Internet et être guidés dans cet univers qui est aussi un formidable outil de désenclavement culturel.

Une multitudes d’expériences intéressantes sont actuellement conduites par des structures associatives. Et j’espère que les collectivités et, au premier chef, les bailleurs sociaux sauront leur apporter tout le soutien qu’elles méritent.

Le développement du numérique peut prendre de nombreux chemins. Souvent, ils ne sont pas connus par avance : les usages émergent parfois comme par enchantement. Je pense en particulier à l’appropriation des blogs dans notre pays. Ne cherchons donc pas à standardiser nos modes de développement mais donnons les moyens à chacun d’innover. Ouvrons le champ des possibles : c’est ce qui fera la richesse de nos territoires, la force de notre développement, le rayonnement de notre pays.

L’appropriation par tous des pratiques des TIC, peut nous permettre de bâtir une société conforme à nos idéaux républicains et à nos aspirations les plus profondes en terme de qualité de vie et de lien social.

Brest fait figure de modèle dans le domaine du développement des TIC. Je suis d’ailleurs venue avec Jacques-François MARCHANDISE de la FING, la fédération de l’internet nouvelle génération, think tank du numérique français, dont la présence est là pour le confirmé. Et si Balzac disait que le silence est un des traits du caractère breton, vous prouvez le contraire : vous avez fait de cet endroit, un lieu ouvert à tous, avec un vrai souci de la vie du quartier ; un lieu où vous se vérifie chaque jour que les Bretons, qu’ils le soient de naissance ou d’adoption, prennent de plue en plus de plaisir à communiquer entre eux. Et je tiens à vous en féliciter. Je souhaite que cette heureuse expérience essaime rapidement dans beaucoup d’autres villes, dans beaucoup d’autres quartiers.

A cet effet, je suis heureuse de vous annoncer que j’ai décidé d’apporter mon soutien financier aux projets que vous portez : pour accompagner le développement des usages de l’internet, vous lancez un projet innovant d’internet social et accompagné auquel je veux contribuer en finançant, par une subvention de 20 000 €, l’étude que vous allez confier à M@rsouin pour bien définir cette démarche qui vise à permettre aux usagers les plus fragiles de s’approprier ces outils et d’entrer pleinement dans la société de l’information et servir de support pour des déploiements dans d’autres villes.

Comme vous le savez, cette semaine, Eric Besson, secrétaire d’État à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique, va lancer les Assises du numérique. Plusieurs chantiers seront mis en route, en lien avec différents ministères. Naturellement, je ne manquerai pas de m’impliquer directement dans les ateliers qui concerneront la ville et le logement.

Cette initiative qui va permettre de mobiliser toutes les forces vives du pays au-delà de ceux qui sont connus dans le domaine. Cette démarche, qui vise à tous nous associer, va considérablement enrichir le Plan de développement du numérique pour la France qu’il doit remettre en juillet prochain au Président de la République, qui l’a souhaité personnellement.

Je suis très enthousiaste et convaincue de la nécessité de ce chantier.
J’animerai en particulier un atelier sur le logement et la ville. Vous le devinez, je souhaite mettre l’accent sur les enjeux des usages et des services. J’attends bien entendu que Brest puisse y participer. Comme j’utiliserai largement l’outil internet, tout le monde pourra y participer.

Nous ne sommes qu’aux prémisse de la révolution numérique et de ses applications dont quantité sont encore inconcevables à ce jour. Comme l’électricité a entraîné notre civilisation dans une nouvelle étape de son histoire, le numérique nous entraîne dans des mutations considérables.

Sachons accueillir ces nouvelles technologies et inventons les moyens de les mettre au service de la qualité de vie et du renforcement de notre cohésion.

Je compte sur chacun de vous pour aider notre pays à relever ce formidable défi.

Je vous remercie.

Posté le 26 mai 2008

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