Oufipo, la webradio de Longueur d’ondes, qui a fêté ses 10 ans cette année, est une plateforme de podcast créée en 2011. Elle valorise les projets portés par l’association qui organise le Festival de la radio et de l’écoute à Brest depuis 18 ans.
Oufipo, c’est aussi un projet d’éducation et de sensibilisation au média radiophonique. L’équipe d’Oufipo œuvre sur le terrain jour après jour, auprès de différents publics : élèves, migrants, publics en insertion, jeunes des équipements de quartiers de la métropole brestoise, adultes de divers horizons, etc. Oufipo les accompagne dans l’écoute réciproque, l’expression écrite et orale, la confiance et l’estime de soi, le développement de l’esprit critique, la créativité et le faire ensemble.
À l’été 2019, Oufipo se lançait pour la première fois dans un voyage radiophonique en Mer d’Iroise. Des jeunes de la Maison de quartier de Bellevue et des étudiants de l’UBO embarquaient à bord de l’Oiseau rare, sinon le Rara Avis, pour profiter du paysage, s’émanciper toujours un peu plus et faire de la radio ensemble. Cette expérience collective, qui portait le nom de Radio Batô, a donné lieu à de nombreuses rencontres avec les habitant.e.s du coin. Une pratique radiophonique fédératrice et itinérante qui a été reconduite les années suivantes via d’autres modes de transports : le vélo (en 2020), la randonnée (en 2021). Ce qui ressort indéniablement de ces projets c’est l’envie des habitant.e.s à faire de la radio, à aller à la rencontre de l’autre, à être à l’écoute.
Au printemps 2020, les temps étaient plus troublés, Covid19 oblige. Pour garder une trace de ce printemps inédit, la ville de Brest a fait appel à Oufipo pour mettre en place une série d’ateliers radio dans les quartiers de Lambézellec, Saint-Pierre, Europe, Bellevue, Quatre Moulins, Saint-Marc et Brest Centre. L’objectif était double : ouvrir un espace de parole pour faire émerger nos vies confinées et proposer une initiation à la radio. De ces ateliers participatifs une réalité ressortait : certain.e.s habitant.e.s ont véritablement souffert d’isolement et de solitude. Alors, à cet instant, s’exprimer au micro était un acte fort et nécessaire. À cet instant nous nous sommes souvenus de nos voisins, qu’étaient-ils devenus ?
Aujourd’hui, au travers du projet Mon voisin nous souhaiterions vivement accompagner les Brestois.e.s à aller à la rencontre de leur voisin, dans tous les quartiers de la ville. Inutile d’attendre la fin de la pandémie, dont nous percevons toujours l’écho, pour tendre le micro autour de nous. L’occasion pour tous de réaliser un reportage de voisinage ! Une aventure collective qui mêlerait rencontre, écoute et prise de parole. Avec l’envie d’adopter un ton léger, ludique, suffisamment libre pour que tout le monde s’y retrouve.
Projet 2021-2022 : Mon voisin
L’année 2021-2022 voit un nouveau projet advenir qui consiste à démocratiser la figure du reporter. Munis d’un enregistreur, d’un micro, d’un appareil photo ou d’un téléphone nous pouvons toutes et tous en être. L’intention de Mon voisin étant de proposer aux Brestois.e.s d’adopter la casquette de reporter du quotidien. Le temps d’un reportage, elles et ils pourront collecter le témoignage d’un voisin et glaner les sons qui l’entourent en ayant à l’esprit d’en isoler un en particulier.
La figure du voisin est vaste. Il y a le voisin de palier, de bureau, de l’étranger, de pensée, de cœur. De la même manière qu’il existe des pairs et des frères de cœur nous souhaitons laisser la liberté à tout un chacun de choisir son voisin. Ici la notion de voisin est à prendre au sens élargi.
Concrètement, l’atelier relatif à ce projet radiophonique se déroulerait en trois étapes.
La première étape, en présence d’une partie de l’équipe d’Oufipo, consisterait à créer une synergie de groupe avant de définir individuellement quels sont les voisins respectifs choisis par chacun.e.s. Les exemples sont nombreux, en voici quelques-uns : un enfant va enregistrer sa voisine âgée, un salarié va enregistrer un intérimaire dans un couloir, une jeune femme va enregistrer l’intriguant voisin d’en face, etc. Puis, avec le groupe de participant.e.s, l’idée serait de rédiger plusieurs questions, de synthétiser nos attentes principales, de façon à se préparer à aller sur le terrain. Une fois la dimension réflexive terminée, l’atelier se concentrerait davantage sur l’aspect technique du travail, à savoir la prise en main de l’enregistreur. Apprendre à manier l’enregistreur tout en adoptant une posture de reporter matérialise la réussite d’un bon reportage.
La deuxième étape, en autonomie pour les participant.e.s, serait le temps du tournage. Ici les participant.e.s pourront tourner seul.e ou en binôme, car l’une des volontés de ce projet est de créer du lien social, et de faire se rencontrer, au sein même de l’équipe des reporters du quotidien, des personnes d’âges, de sexes et de quartiers différents. Par ailleurs, lors des tournages quelques consignes seront à suivre dans le but d’anticiper le dernier atelier, celui du montage. Il s’agira donc : de réaliser avec son voisin un entretien in situ de 30 minutes maximum ; de glaner des sons d’ambiances pour les intégrer dans un générique qui sera ensuite réalisé collectivement, avec l’ensemble du groupe de reporters ; de dégoter un son particulier lié au voisin. Par exemple concernant la création du générique collectif, les sons pêchés pourraient être les suivants : une sonnette retentissante, une main qui frappe contre une porte, un chien méchant qui aboie, ou enfin une voix enjouée qui dit : « entrez ! » Aussi, concernant les sons propres aux voisins, ils sont multiples et demandent à être provoqués par des questions précises. Exemples : quel est l’aliment manquant dans votre frigo ? Quel est le livre de votre bibliothèque que vous n’avez jamais lu ? Quelles sont les fleurs préférées que vous avez plantées dans votre jardinière ? Quel est l’objet le plus inutile de votre garage ? Combien de fois par semaine descendez-vous le verre ? Pourrais-je vous y accompagner, aux poubelles ?… Autant de bribes sonores qui constituent nos réalités journalières. Ainsi, les reporters du quotidien auront à loisir de sublimer le minuscule de nos vies majuscules.
La troisième étape, en présence d’une partie de l’équipe d’Oufipo, consisterait à former au montage radiophonique les Brestois.e.s volontaires. Seulement, avant l’étape du montage, nous nous attarderons collectivement et individuellement sur deux étapes essentielles à l’efficacité d’un montage sonore : le dérushage et la retranscription synthétique. Ce projet radiophonique matérialisera une occasion pour les participant.e.s d’approfondir leurs compétences numériques via l’utilisation d’un logiciel de montage sonore relativement simple d’utilisation nommé Reaper. Ainsi, chaque reporter du quotidien réalisera le montage de son propre reportage et participera également à la réflexion et au montage du générique commun à l’ensemble du groupe. In fine, de manière à créer une galerie de reportages sur les habitant.e.s de Brest, nous souhaitons que l’ensemble des reportages prennent la même forme, soit que chaque production débute par le générique collectif et dure entre 5 à 7 minutes. Puis, pour apporter une identité visuelle à ce projet radiophonique nous proposerons aux reporters de prendre en photo un objet, une vue ou encore un paysage liée aux voisins respectivement enregistrés.
Objectifs de Mon voisin
- Favoriser la cohésion sociale, le dialogue intergénérationnel et interculturel entre les différents participant.e.s du projet et avec les voisins enregistrés.
- S’approprier l’outil radiophonique comme outil fédérateur du mieux vivre ensemble.
- Prendre confiance en soi sur sa capacité à appréhender et se servir des outils numériques.
- Constituer une mémoire contemporaine du territoire brestois.
Public visé
Mon voisin est un projet qui vise l’ensemble de la population brestoise. Quels que soient leurs âges, leurs lieux de vie, leurs catégories socio-professionnelles, cette expérience est ouverte à tous. Notre envie est effectivement de toucher des publics divers que l’association Longueur d’ondes n’accompagne pas forcément encore.
Par ailleurs, en amont du lancement de ce projet, pour favoriser un maximum de mixité sociale, un temps fort sera consacré à la communication. Communication sur les réseaux sociaux, via la presse quotidienne régionale, communication également dans les équipements de quartiers dans lesquels Oufipo a l’habitude d’intervenir.
Aussi, nous souhaiterions que Mon voisin soit un projet qui rejoigne d’autres ateliers que nous menons déjà dans certains quartiers prioritaires de la ville. Notamment à Bellevue où nous travaillons avec la Mission Locale et la Maison de quartier, et Pontanézen où nous sommes en lien avec des femmes qui visent le retour à l’emploi via une activité rémunérée d’aide aux devoirs. Le public visé est donc également celui des quartiers prioritaires.
Ce projet bénéficierait à dix participant.e.s dans un premier temps, et à davantage d’habitant.e.s si la demande s’en fait ressentir.
Rayonnement de Mon voisin
Mon voisin est un projet qui, pour sa première année d’existence, donnera lieu à une galerie de dix reportages réalisés par des habitant.e.s. À chaque reportage son voisin. Dans le cadre de certains ateliers proposés par Oufipo dans différentes structures (Garantie Jeunes, Centre social de Pontanézen), les bénéficiaires pourront s’ils le souhaitent réaliser un reportage dans le cadre de Mon voisin. Les contenus sonores réalisés viendront rejoindre la collection de dix portraits. L’ensemble de la production sera hébergée sur le site d’Oufipo, la webradio de l’association Longueur d’ondes, sous la forme de podcasts, clairement identifiés comme faisant partie d’une série intitulée Mon voisin.
Et pour apporter une visibilité et une identité plus forte à ce projet, nous pensons qu’il est important que le public brestois soit en prise direct avec les reportages réalisés par les reporters du quotidien. C’est pourquoi nous désirerions vivement organiser une diffusion publique, place Keruscun, le jour de la fête des voisins, soit le vendredi 27 mai 2022.
