Rencontres Intelligence collective à Nimes les 22,23,24 mai

Les rencontres RIC’2006 sont un séminaire scientifique organisé par les centres de recherche LGI2P de l’Ecole des Mines d’Alès et CERIC de l’Université de Montpellier III.

information reprise du site de la rencontre

La première journée comportera des Doctoriales et un Atelier.

  • Les Doctoriales permettront à des doctorants de présenter leurs travaux de recherche (posters et présentations courtes).
  • L’Atelier "L’intelligence collective et le groupe", animé par le Groupe Intelligence collective de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), permettra de débattre autour de cinq thèmes de réflexions.

Les deux journées suivantes seront consacrées à un séminaire scientifique sur l’intelligence collective, dont les sessions seront introduites par des conférenciers invités. Afin de favoriser les échanges inter-disciplinaires, toutes les sessions seront plénières.

4 thèmes de travail : cognitions, représentations , interactions, épistémologie

  • COGNITION COLLECTIVE

Les collectifs peuvent être des groupes prédéfinis avec des invariants permettant la construction d’ontologies partagées, ou des groupes caractérisés par des protocoles d’échanges entre individus ou sous-groupes d’individus. Des objectifs peuvent être atteints par communication entre processus fondés sur les dimensions rationnelle ou émotionnelle et résultant de prédispositions ou de mises en situation dans un contexte.

Un collectif en action peut être abordé comme un système cognitif complexe qui s’élabore en construisant ses connaissances et évolue par émergence de nouvelles cohérences.

Les courants socioconstructivistes et l’éthnométhodologie ont montré que la cognition est rendue possible par interaction et médiation sociale. Les courants de l’action située et de la cognition distribuée ont quant à eux montré que l’activité cognitive avait un caractère ancré dans la situation et même distribué dans l’environnement entre acteurs et artefacts. Les apports de la phénoménologie sociale nous invitent à nous concentrer sur la construction du sens dans les situations de travail collaboratif médiatées.

  • Quelles plateformes collaboratives pour une médiation technique ?
  • Comment mettre en œuvre une stratégie de management des organisations ?
  • Comment accompagner le déploiement du dispositif socio-technique ?
  • Quel rôle donner à l’information et à la connaissance ?
  • REPRESENTATIONS DU COLLECTIF

L’action collective prend forme par et autour d’objets communicationnels et de dispositifs qu’il s’agit de décrire et d’analyser. Les propriétés de l’objet et ses caractéristiques formelles jouent un rôle complexe. D’une part, elles déterminent fonctionnellement les attitudes et les pratiques des acteurs (stratégie de types adaptatives). D’autre part, elles sont bousculées, transformées par ces mêmes acteurs en fonction des intentions qui les animent (stratégies de types subversives et créatives). Dans tous les cas l’objet et le dispositif offrent une représentation du collectif, les interfaces deviennent un point de rencontre, reflet mais aussi révélateur et mobilisateur de phénomènes collectifs.

Cette méta communication nécessite non seulement de disposer d’une représentation métaphorique du collectif mais aussi d’une faculté de « coup d’œil » permettant une empathie entre les acteurs. Ces représentations dynamiques se construisent dans la dimension intersubjective des échanges.

Il est ainsi envisageable de disposer de miroirs du collectif et de cartographies dynamiques, qui vont faciliter le processus de construction cognitive.

  • Quels événements collectifs peuvent aider à mieux réaliser l’action individuelle ?
  • Comment les objets communicationnels peuvent-ils révéler ou restituer ces processus sociaux, souvent opaques ?
  • Quelles places ces objets peuvent et doivent-il prendre dans un dispositif socio-technique ?
  • NTERACTIONS, ACTEURS, AGENTS

Le collectif peut être vu comme un monde multi-agents, au sens de l’intelligence artificielle ou de l’économie. L’interaction entre individus via un système de communication (une plate forme notamment) s’exerce dans un cadre déontique et permet ou non l’émergence de propriétés collectives ou globales. Dans une vision systémique, l’agent est caractérisé par son rôle et sa place dans le collectif plutôt que par son être organique. Le cadre déontique peut être défini par les types d’interaction, les formes et les intentions de communication, les codes et les actes de langage.
L’intelligence collective se traduit alors comme une capacité de résolution et d’adaptation dans un environnement complexe ; elle est fondée sur l’auto-organisation d’un système qui opère de façon à atteindre ses buts (ou un niveau de performance) sans qu’aucun système de décision centralisée ne coordonne toutes les actions individuelles.

  • En quoi le modèle multi-agent est-il un outil d’investigation des collectifs en action ?
  • Comment instrumenter la coopération acteurs - agents ?
  • Comment rendre compte des notions d’équilibre, de crise, de rupture et d’évolution dans un collectif ?
  • EPISTEMOLOGIE DE L’INTELLIGENCE COLLECTIVE

Le concept d’intelligence collective peut être positionné à la fois dans l’évolution historique du concept d’intelligence (voire de l’intelligence artificielle), mais aussi dans la tradition philosophique du travail collaboratif. L’intelligence collective peut s’appréhender par observation de communautés naturelles, culturelles ou virtuelles.

  • Comment expérimenter des dispositifs d’interaction collective d’où peuvent émerger des formes d’intelligence ?

L’intelligence collective se situe à la croisée de plusieurs champs disciplinaires attestant de la complexité de l’objet d’étude entre cognition collective, Interaction Homme Machine, dispositifs socio-technique et processus de communication. Une réflexion épistémologique et heuristique mérite d’être engagée.

  • L’hypothèse de la cognition collective est-elle pertinente et opératoire ? Pourrait-on parler du « knowledge level » d’un sujet collectif ?
  • L’articulation de ces approches permet-elle d’envisager une épistémologie de l’intelligence collective : Quel(s) paradigme(s) ? Quelles méthodologies de recherche ?
  • Le chercheur doit-il mettre en place des protocoles expérimentaux ou réaliser des études de situations ?
  • La visée heuristique permet-elle de concilier réflexion et action ?

Plus d’infos et inscriptions :

Les conférenciers invités

A l’invitation du comité d’organisation des rencontres RIC’2006, sept conférenciers introduiront les sessions :

  • Bruno BACHIMONT

Bruno Bachimont est directeur scientifique du département de Recherche de l’Institut National de l’Audiovisuel. Ingénieur civil des Mines, docteur en informatique et en épistémologie (Ecole Polytechnique), habilité à diriger les recherches. Enseignant Chercheur l’Université de Technologie de Compiègne, il est co-responsable de l’équipe Document et connaissance du l’unité mixte du CNRS/UTC Heudiasyc. Ses recherches portent sur l’inscription ontologique et documentaire des connaissances, où le problème est de savoir comme modéliser et représenter des connaissances pour qu’elles puissent fonder le fonctionnement de systèmes informatiques et numériques et ainsi constituer des usages ou y participer. Ces recherches reposent sur un travail philosophique sur la technique et la connaissance où l’outil et le système technique ont un rôle constitutif de la cognition et de la rationalité.

  • Jean-François DORTIER

Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Sciences Humaines, jean-François Dortier a suivi un parcours qui l’a conduit des mathématiques à la philosophie, de la psychologie à la sociologie, et finalement à une large ouverture sur les sciences humaines. S’intéressant à l’intelligence sous toute ses formes, notamment chez l’enfant et chez l’animal, il en vient naturellement à interroger les concepts d’intelligence artificielle et d’intelligence collective. Il a publié et dirigé plusieurs ouvrages récents parmi lesquels "Le cerveau et la pensée : la révolution des sciences cognitives" en 2003, "l’homme , cet étrange animal", ou encore "le dictionnaire des sciences humaines en 2004.

  • Pierre Léonard HARVEY

Pierre Harvey est professeur-chercheur au département des communications de l’ Université du Québec à Montréal. Il est actuellement directeur du Laboratoire de Communautique Appliquée (LCA) de l’UQÀM où il dirige plusieurs projets dans les domaines du e-learning, des communautés de pratique et de la gestion des connaissances. Consultant auprès du gouvernement du Québec pour l’Inforoute québécoise de la culture, il est également conseiller ou chercheur associé pour des organismes publics et privés. Il a également contribué à la mise sur pied d’Hexagram, l’Institut de recherche et création en arts et technologies médiatiques, où il dirige l’axe de recherche « Télévision interactive et communautés virtuelles ». Pour rendre compte de la réalité des nouvelles pratiques communicationnelles, il propose le terme de communautique.

  • Dominique LESTEL

Ethologue et philosophe, Dominique Lestel enseigne les sciences cognitives à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Il est aussi chercheur associé en éco-anthropologie pour le museum d’histoire naturelle. Dans ses travaux de recherche, il s’oppose aux représentations classiques de l’animal, remet en cause notamment l’opposition entre nature et culture, et s’intéresse particulièrement à l’interaction homme/animal. Réexaminant les notions d’outils, de communication, de rationalité, il a écrit de nombreux articles scientifiques et ouvrages dont "Paroles de singes. L’impossible dialogue hommes/primates" en 1995, "L’animalité. essai sur le statut de l’humain" en 1996, "Les origines animales de la culture" en 2001, et "l’animal singulier en 2004".

  • Pierre LEVY

Pierre Lévy est titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur l’intelligence collective, à l’université d’Ottawa. La chaire qu’il dirige a comme objectifs l’élaboration et la mise en oeuvre informatique d’un langage formel capable d’exprimer les subtilités sémantiques des langues naturelles et d’adresser les documents numériques dans un espace cognitif géométrisé. Ce "Métalangage de l’économie de l’information" est conçu pour augmenter l’intelligence collective humaine en exploitant au maximum les nouvelles potentialités ouvertes par l’informatique.. Ces travaux se situent dans la ligne de recherche dessinée dès les années 1960 par Douglas Engelbart, qui parlait d’augmentation des potentialités intellectuelles de l’humain, tant sur les plans individuel que collectif . Pierre Lévy a publié plus d’une centaine d’articles scientifiques et de collaboration à des ouvrages collectifs et a signé douze ouvrages, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels, "L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberspace".

  • Serge PROULX

Serge Proulx est professeur titulaire à l’École des médias, Faculté de communication de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), directeur du Groupe de recherche sur les usages et cultures médiatiques et directeur du Laboratoire de communication médiatisée par ordinateur (LabCMO). Son programme de recherche a pour but d’analyser la mutation des usages et cultures médiatiques et les enjeux de l’appropriation sociale des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le contexte de transformation des sociétés contemporaines. Ses chantiers actuels portent sur : les enjeux de l’appropriation sociale des TIC ; les controverses sociotechniques entourant le développement et l’usage de logiciels libres ; les pratiques de coopération et de collaboration au sein de groupes associatifs québécois ; la mobilisation de réseaux personnels dans l’appropriation personnelle des TIC. Serge Proulx a publié plus d’une centaine d’articles scientifiques, a écrit ou dirigé de nombreux ouvrages.
Parmi les plus récents : L’explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle (avec Ph. Breton), Internet, nouvel espace citoyen ? (dir. avec Francis Jauréguiberry), en 2002 ; La révolution Internet en question, en 2004 ; Internet, une utopie limitée, (dir. avec F. Massit-Folléa, B. Conein), en 2005 ; Communautés virtuelles, penser et agir en réseau (dir. avec L. Poissant, M. Sénécal), à paraître aux Presses de l’Université Laval, en mai 2006.

  • Louis QUERE

Louis Quere est directeur de recherche au CNRS et directeur du CEMS à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Dans ses travaux de recherche, il s’intéresse notamment à la théorie de l’action et de l’événement, à la sociologie de la confiance et à l’épistémologie des sciences sociales. Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et ouvrages, dont "La sociologie à l’épreuve de l’herméneutique" en 1999, "Comment analyser les collectifs et les institutions" en 2001, ou encore "Le vocabulaire de la sociologie de l’action" en 2005.

Posté le 3 mai 2006

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