Bibliothèques et Biens Communs ; Bibliothèques comme Biens Communs

A l’invitation de Lionel Dujol, j’ai eu l’occasion d’intervenir sur les rapports entre les bibliothèques et les biens communs, à la médiathèque de Romans-Sur-Isère.

Lorsque je fais ce genre de présentations, j’aime bien commencer par montrer cette photo que j’ai prise d’une étiquette collée sur un ouvrage emprunté dans le réseau des bibliothèques de la ville de Paris.

Par Lionel Maurel. CC-BY

Par Lionel Maurel. CC-BY

Les bibliothécaires qui ont collé cette étiquette sur ce livre s’adressent à leurs lecteurs en leur disant que ce livre constitue "leur bien commun". On retrouve d’ailleurs en effet certaines caractéristiques de la théorie des biens communs : l’idée d’une ressource partagée fragile à protéger et un corps de règles à respecter au sein d’une communauté pour assurer la durabilité de la ressource dans le temps.

Mais les livres physiques d’une bibliothèque constituent en réalité davantage un bien public qu’un véritable bien commun, d’après le sens que l’analyse économique attache à ces notions. Et même si biens publics et biens communs sont souvent liés (comme c’est le cas pour des questions comme la gestion de l’eau par exemple), il s’agit bien de deux notions distinctes.

Les bibliothèques entretiennent en réalité des liens complexes avec la notion de biens communs. Elles incarnent en effet l’idée d’une mise en partage de la culture, au sein d’une sphère non-marchande. Elles peuvent contribuer à la constitution de biens communs, notamment lorsqu’elles ouvrent les conditions de réutilisation de leurs métadonnées ou des contenus qu’elles numérisent ou lorsqu’elles incitent leurs usagers à en creer . Elles peuvent également avoir un rôle important dans la médiation de contenus culturels libres et ouverts auprès de leur public. Leurs espaces physiques peuvent aussi être organisés de manière ouverte (et cela devrait être un des axes de la réflexion sur les tiers-lieux, qui existe déjà au niveau des FabLabs par exemple). Mais les bibliothèques peuvent aussi parfois fragiliser, voire menacer directement des biens communs essentiels (comme le domaine public). Et leur mode de gouvernance n’est pas forcément compatible avec l’horizontalité qui caractérise la gestion en commun. Les choses sont donc ambivalentes et j’essaie de tracer quelques pistes dans la présentation ci-dessous :

Notez que dans le cadre du festival Villes en Biens communs, qui aura lieu du 6 ou 20 octobre prochain, plusieurs bibliothèques et médiathèques se sont associées à l’initiative pour proposer des évènements. Organisé par plusieurs collectifs et associations dont SavoirsCom1, ce festival se donne pour objectif de rendre visibles les initiatives qui existent en France autour des biens communs et de faire se rencontrer les communautés impliquées.

villesOn trouve notamment  :

Ce sera autant d’occasion d’interroger en action les relations entre bibliothèques et biens communs et je vous en reparlerai dans S.I.Lex !

Je termine en vous recommandant fortement cette courte présentation réalisée dans le cadre de Villes en biens communs, qui permet rapidement de se familiariser avec la notion :

PS : message à mes collègues bibliothécaires, si vous voulez proposer des évènements dans le cadre de Villes en biens communs, il est encore possible de le faire. Et si ce sujet vous intéresse, mais que vous voulez davantage le découvrir, un forum ouvert aura lieu le 12 octobre à Paris, qui sera l’occasion d’échanger et de rencontrer les acteurs impliqués.


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Via un article de calimaq, publié le 25 septembre 2013

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