Quelle compréhension les Français ont-ils du monde numérique ?

Santé, industrie, transports, agriculture, communication, environnement... pas un domaine qui n’ait radicalement évolué grâce aux sciences et aux technologies du numérique. Des inventions qui façonnent aujourd’hui les contours d’un « Nouveau Monde  ».

Ce quotidien, à la fois invisible, multiple et omniprésent, soulève une question fondamentale : quelle compréhension les Français ont-ils du monde numérique dans lequel ils évoluent ?

Inria a initié avec TNS Sofres une grande enquête pour répondre à cette question et suivre au fil des années l’évolution de la population française face à ce monde en mutation.

Les enseignements clés du baromètre

Des Français ouverts à ce Nouveau Monde

  • Les Français sont en général plutôt confiants (64 % des individus interrogés) et curieux (71 %) quant aux avantages, aux bénéfices et à l’influence du numérique dans leur quotidien.

Six profils de voyageurs numériques

Les Français n’ont pas tous la même façon d’appréhender ce monde façonné par les sciences du numérique. Certains ont déjà pris possession de ce Nouveau Monde, d’autres refusent le « tout-numérique »...

  • Les grands Explorateurs (18 %) : Pionniers du numérique et toujours en tête de file, ils sont les premiers spécimens de l’homo numericus. Ils prennent véritablement possession de ce Nouveau Monde et s’y déplacent aisément, toujours en quête de lieux insolites à découvrir.
  • Les Baroudeurs pragmatiques (16 %) : Ils se déplacent rapidement sur ces territoires défrichés par les grands Explorateurs, dans une démarche avant tout pragmatique. Curieux et ouverts, lucides sur ses potentiels, ils ont également conscience de ce que le «  monde d’avant » avait de structurant et mettent en avant la responsabilité dans leur exploration.
  • Les apprentis Voyageurs (20 %) : Ils viennent tout juste de s’engager sur les sentiers du Nouveau Monde. Aventureux et enthousiastes, ils n’osent que rarement cependant emprunter ses chemins sauvages.
  • Les Randonneurs vigilants (16 %) : Ils savent qu’ils font partie d’un monde en mutation, mais se méfient des territoires qu’ils découvrent et font un usage encore relativement modéré de leurs propres découvertes.
  • Les Révoltés du numérique (10 %) : Observant les évolutions de ce Nouveau Monde d’un oeil inquiet, ils utilisent les nouvelles technologies, mais n’apprécient pas les conséquences. Ces nouveaux espaces les rendent nostalgiques et ils rêvent de rembarquer dans le monde d’avant pour retrouver leur confort et leurs repères.
  • Les bienheureux Sédentaires (16 %) : Le numérique est loin d’être indispensable pour eux. Ils ne s’y confrontent pas ou peu dans leur vie quotidienne et ne cherchent pas à s’informer des évolutions dans ce domaine. Ils ne sont pour autant pas opposés aux évolutions et peuvent réviser leur jugement avec des exemples concrets d’utilisation.

Une influence perçue comme étant plutôt positive sur soi et son entourage

Des innovations devenues indispensables dans le quotidien

À la question : « Y a-t-il des innovations ayant changé votre vie et dont vous ne pourriez plus vous passez ? », les Français répondent en majorité «  oui  » pour leur équipement personnel :

  • 59 % ne peuvent plus se passer de leur téléphone mobile,
  • 56 % d’internet,
  • 52 % des moteurs de recherche,
  • 51 % de leur ordinateur personnel.

Un gain sur le développement de l’individu

En matière d’épanouissement individuel et d’interactivité avec le monde, le numérique est perçu comme bénéfique :

  • 87 % des Français estiment que le numérique a eu des conséquences très positives sur l’accès à la connaissance,
  • 62 % sur la possibilité d’assouvir ses passions,
  • 56 % sur l’intérêt porté au travail.

Des avis plus mitigés sur l’aspect relationnel

  • 31 % des Français déplorent les conséquences du numérique sur les relations familiales,
  • 34 % sur les relations amoureuses.

Une vision parcellaire du fait d’un vrai défaut d’information

De la santé à la communication, les sciences du numérique ont eu un impact sur tous les domaines d’activités. Si les Français jugent de façon positive l’apport du numérique pour certains de ces secteurs, ils le considèrent parfois abstrait et ne voient pas toujours son utilité.

Des apports reconnus et jugés utiles dans des domaines orientés « grand public »

  • La santé : pour 88 % des Français, le numérique a été utile pour la santé.
  • La communication  : 87 % des Français reconnaissent les avancées en matière de numérique, d’objets intelligents et de communication via les réseaux sociaux.
  • L’enseignement : pour 79 % des Français, le numérique est devenu indispensable en matière d’éducation.
  • Les transports  : 75 % des Français ont conscience de l’apport des sciences du numérique, notamment dans le domaine des technologies embarquées dans les avions, les voitures, les fusées ou les trains.

Une vision moins claire dans d’autres domaines où la technologie est pourtant très utile

  • L’environnement : seuls 16 % des Français jugent le numérique très utile dans ce secteur.
  • L’agriculture : plus de 26 % des Français estiment que le numérique reste peu ou pas utile dans ce domaine.

L’agriculture et le numérique...

De nombreux équipements à usages agricoles sont désormais munis de capteurs numériques.

Par exemple, ceux installés dans des étables pour la surveillance des bêtes sur le point de vêler et reliés aux écrans de télévision ou de tablette numérique des exploitants. Ou encore les capteurs d’humidité intégrés sur une ensileuse qui mesurent précisément le taux de matière sèche du maïs, indicateur de la qualité de conservation de fourrage. Enfin, des capteurs de rendement peuvent équiper une moissonneuse ou des capteurs d’inclinaison corriger le système de guidage des véhicules sur un terrain en pente.

Des avancées encore trop souvent méconnues...

  • Même si 59 % des Français se déclarent bien informés, les progrès liés au numérique semblent encore manquer de visibilité.
  • 55 % des Français pensent que l’on ne pourra jamais communiquer par la pensée.
  • 25 % des Français pensent qu’un chirurgien ne pourra jamais opérer à distance.
  • 25 % des Français pensent que les voitures ne se conduiront jamais toutes seules.

L’avenir du numérique ?

Aller plus loin ou arrêter tout ? Entre les deux, leur coeur balance...

Les Français hésitent et sont plutôt divisés dès qu’il s’agit de « développement des technologies numériques », estimant à :

  • 43 % que les choses sont bien comme elles sont aujourd’hui,
  • 32 % qu’il faut aller plus loin,
  • 16 % que nous sommes déjà allés trop loin.

Des enjeux importants

  • Si 80 % des Français sont favorables à un accès du plus grand nombre aux technologies numériques, ils se sentent inquiets quant aux impacts, notamment sur leur vie privée.
  • 92 % d’entre eux jugent important de mieux protéger la vie privée sur internet.
  • 89 % estiment nécessaire d’encadrer l’utilisation d’internet pour les plus jeunes.
  • 74 % souhaitent la mise en place d’un code d’éthique et de déontologie, surtout dans les secteurs de la robotique ou de la bioinformatique.
  • Enfin, 80 % d’entre eux estiment qu’il serait intéressant et nécessaire de faire une place aux sciences du numérique à l’école, au même titre que la chimie ou la physique. Un premier pas bientôt franchi avec la mise en place d’une option «  informatique et sciences du numérique » au lycée en 2012...

Le « Nouveau Monde numérique »

Par ses travaux de recherche et ses relations avec le monde industriel, Inria participe au développement du nouveau monde numérique. Il souhaite aussi favoriser le débat public autour des questions de société liées au numérique et doter tous les « voyageurs du Monde numérique » des bons outils pour mieux appréhender ces nouveaux horizons.

publié le 16 janvier 2012

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