Rennes, le 16 novembre : Le livre vit lui aussi sa révolution numérique

Comme la musique ou le cinéma, le livre est lui aussi concerné par le passage au numérique. Ce nouveau mode de diffusion amène de nouveaux éditeurs : les pure-players, spécialisés dans ce format. Quatre d’entre eux étaient présents à la Cantine numérique rennaise, mercredi 16 novembre 2011, pour échanger à l’occasion d’une table ronde. Les débats étaient menés par Lorenzo Soccavo, chercheur indépendant en prospection du livre et de l’édition.

Des livres à « valeur ajoutée »
Pour ce dernier, nous vivons actuellement la 4ème évolution du livre, après le passage de la tablette argile au papyrus, puis au livre, la transition du manuscrit à l’imprimé, et enfin au numérique. Ce changement, qui devrait se terminer vers 2022, amène de nombreuses mutations dans les habitudes de lecture d’après le chercheur (voir présentation).

En pratique, le livre numérique est aujourd’hui essentiellement homothétique, c’est-à-dire qu’il ne s’agit que d’un duplicata de la version papier à lire sur écran. Pourtant pour Stephen Belfond, fondateur de iGutenberg, il faut chercher « la valeur ajoutée » pour que l’éditeur devienne « incontournable ». Les auteurs qui ont les droits peuvent en effet aujourd’hui facilement publier leurs textes directement en ligne, sur Amazon par exemple.

Du son, de la vidéo et bien plus
Un plus, c’est exactement ce qu’apporte Françoise Pretre et sa société « la Souris qui raconte ». Ses histoires pour enfants, les bambins peuvent les lire devant leur écran mais aussi les écouter, avec la narration d’une actrice et des bruitages. Des interactions sont également possibles pour que le lecteur soit acteur de son histoire. Le résultat : plus qu’une simple copie numérique, mais un véritable livre augmenté !


Le polar à lire sur smartphone

Autres solutions, celles de Smartnovel de Jean-Charles Fitoussi et d’Angle mort de David Queffélec. Le premier propose des polars sur smartphone, à lire notamment dans les transports. Grâce à un QR code, on retrouve directement l’ouvrage sur son téléphone. Le second réalise une revue numérique de science-fiction, avec des nouvelles d’auteurs francophones ou traduits. Le tout est enrichi par des interviews des auteurs, et bientôt du son, de la vidéo ou encore un texte qui change en fonction des conditions de lecture.

La difficile rentabilité
Le problème de ces projets reste aujourd’hui le modèle économique. Aucun n’est encore rentable et la plupart sont en recherche d’investisseurs afin de poursuivre leur activité. L’explication est à chercher du côté des gros éditeurs qui proposent uniquement des livres homothétiques à des tarifs équivalents à ceux du papier, avec des protections limitant la diffusion. Conséquence, le livre numérique ne pèse à l’heure actuelle que 1% du chiffre d’affaire de l’édition en France.


Un pourcentage plus important pour les auteurs.

Pour autant, cette 4ème évolution du livre ne peut se démentir. Elle offre la possibilité à de nouveaux entrants de venir concurrencer les principaux éditeurs, et aux auteurs de toucher un pourcentage plus important sur les ventes (50% en numérique, contre 10% en papier). Le piratage montre également un intérêt des lecteurs pour ce format, mais pas dans les contraintes budgétaires et technologiques actuelles.

Les images de la conférence :

La cantine-Rennes

URL: http://www.lacantine-rennes.net
Via un article de La Cantine, publié le 22 novembre 2011

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