Une inititiative du réseau Communautique

Pistes de réflexion pour les Journées de consultation de l’internet Citoyen au Québec

Plateforme québécoise de l’Internet citoyen ,

Extrait du document diffusé pour Journées de consultation sur la Plateforme québécoise de l’Internet citoyen par le réseau Communautique

Vous participez aujourd’hui à une consultation concernant la Plateforme québécoise de l’Internet citoyen, plateforme qui a reçu l’appui de plusieurs, et continue de soulever bien des débats, notamment : c’est quoi au juste « L’Internet citoyen » ? Est-ce que ça existe ? Comment est-ce que ça s’articule ? Est-ce vraiment pour nous ?

Au cours de la journée, nous allons explorer avec vous quels sont les différents éléments susceptibles de constituer l’Internet citoyen :

  • un espace où chacun pourrait participer aux débats publics,
  • un lieu de mobilisation et de concertation pour le milieu communautaire,
  • un nouveau canal pour les services gouvernementaux,
    le nouvel isoloir pour le vote en ligne,
  • un nouveau lieu ou un nouvel outil d’éducation populaire,
  • et quoi encore ???

Dans ce feuillet, nous vous présentons en vrac quelques textes évoquant divers aspects de l’Internet citoyen pour alimenter votre réflexion. Si vous le désirez, nous pourrons éventuellement vous fournir, sur demande, d’autres références vers des textes touchant à divers aspects de l’Internet citoyen dans tous ses états !

L’Internet citoyen : propositions pour son développement L’accès aux technologies de l’information et de la communication : un droit pour tous et toutes

L’accès aux TIC pour toute la population doit être vu comme un droit s’inscrivant dans la foulée des autres droits tels les droits à l’éducation, à la communication, à une information plurielle, etc.

L’ensemble de la société doit jouer un rôle dans le développement de l’accès - gouvernements, réseaux publics, entreprises privées, syndicats, organismes d’action communautaire et d’économie sociale - et tous doivent pouvoir avoir une prise sur son développement.
La fracture numérique doit aussi être abordée comme une dimension supplémentaire des fractures sociales actuelles et comme un facteur qui contribue à l’exclusion et à la pauvreté.

La fracture numérique doit être considérée dans son sens le plus large comme la différence qui existe tant dans la capacité d’accéder que dans celle de contribuer à la production de connaissances véhiculées sur Internet.
La fracture numérique doit être considérée également sur le plan de l’accès inégal à cet outil de communication permettant la constitution de réseaux d’information, d’échange, d’action et de participation citoyenne.
(Communautique, 2002, p.20)

Avez-vous d’autres propositions ? Des mesures concrètes à proposer ?

« Le gouvernement en ligne »

Le gouvernement en ligne cherchera à renouveler le processus de la fonction gouvernementale qui semble avoir de plus en plus de difficultés à trouver un équilibre entre la vie économique et la vie sociale. Dans tous les pays, la population fait de moins en moins confiance au gouvernement avec comme conséquence une légitimité qui va en décroissant.

Pour un citoyen, recevoir plus d’informations n’équivaut pas nécessairement à vivre dans une plus grande démocratie ; c’est pour cela que le Web ne doit pas devenir qu’un comptoir à brochures gouvernementales ou un guichet automatique. Aujourd’hui, le citoyen désire être consulté ; le nouveau contrat social repose sur le concept qu’il n’y aura de participation que s’il y a véritable consultation. La nouvelle société qui émerge repose sur la qualité du dialogue entre gouvernés et gouvernants, dialogue sur lequel repose la notion centrale de consensus, sans laquelle il ne peut y avoir de société qui fonctionne. On commence seulement à mesurer le coût de la non-participation des gens et même celui encore plus onéreux de la résistance passive.

Ici et là, des solutions commencent à s’esquisser sous le nom de gouvernance locale, de « smart mobs » aux États-Unis, de collectivités locales en France et d’une Europe des régions dans l’Union européenne. On découvre que les groupes d’intérêts servent d’interface entre l’individu et sa société et qu’un fort courant de personnalisation modifie le tissu sociétal : apparition des niches, des portails thématiques et des micromarchés à valeur ajoutée.

Les groupes sont un relais entre le citoyen et l’État où s’exprime la solidarité, base du développement durable. Pour les groupes de citoyens, la réponse réside dans le développement de réseaux collaboratifs où ils peuvent échanger leurs vues et collaborer à leur développement ; un réseau qui aidera le citoyen à créer une agora publique, c’est-à-dire une nouvelle ingénierie de l’être ensemble. » (Dumais, 2004a)

Accessibilité et handicap  [1]

« La capacité de naviguer sur le Web est aujourd’hui une condition de la participation sociale. La fracture numérique frappe d’exclusion les plus démunis de notre société pour des raisons économiques ou tout simplement parce que ces personnes ont des incapacités fonctionnelles dont les maîtres de ces technologies n’ont pas tenu compte. L’exclusion fondée sur les incapacités fonctionnelles frappe particulièrement les personnes handicapées, mais affecte également à des degrés divers une grande proportion de la population vieillissante.

Pourtant, le Web permet aux personnes handicapées d’abolir des barrières au niveau de l’accès à l’information ou des déplacements pour réaliser des transactions. En ce sens, le Web constitue un outil très important de participation sociale qui est malheureusement lui-même semé d’obstacles qui en rendent l’utilisation difficile ou impossible.

Le niveau d’accessibilité particulièrement désolant pour la grande majorité des 200 sites Web évalués (84% ont été qualifiés de faible, très faible ou nul) a des répercussions importantes sur la participation sociale et économique des personnes handicapées ainsi que des personnes vieillissantes. Il ne s’agit pas simplement d’obstacles à la navigation sur le Web en lui même dans un contexte facultatif. Comme l’échantillonnage le démontre, il est question d’accès à des activités de consommation, de travail, d’apprentissage et de formation, de participation civique, d’accès à l’information, etc.

Dans un Québec où les technologies deviennent rapidement le mécanisme préviligié sinon unique de communication et d’interaction dans plusieurs secteurs, les conséquences de l’état très faible du Web québécois en matière d’accessibilité ne peuvent être sous-estimées. Alors que les technologies de l’information présentent, en tant qu’outils d’adaptation de l’information et des services, un potentiel d’inclusion considérable, des situations importantes de handicap existent déjà et, sans une prise de conscience collective et des engagements clairs, les interventions visant à réduire le fossé numérique laisseront de côté tout un pan de la société. (D’Amour, 2003)

...

Jeunes et anciens [2]

À ces groupes, et même à tous les groupes d’intérêts, je dis qu’une solution existe, bien qu’il ne faille pas cesser de faire pression sur nos gouvernants pour recevoir de l’aide. Elle est même sous vos yeux, elle n’attend qu’un signal de votre part pour se manifester. Mais elle vous demandera de revoir votre façon de faire les choses. Cette solution, elle vient des « digital kids », ces jeunes branchés qui ont assimilé l’art de la communication numérique en s’appropriant les outils technologiques.

Ces jeunes, âgés aujourd’hui de 15, 20 et 25 ans, sont les futurs chefs de file de demain, ceux qui auront à réparer nos erreurs, et ils ne le savent que trop. Altermondialistes dans l’âme, les réseaux sont pour eux un moyen pour lutter contre la mondialisation et les injustices. Contrairement à nous, les « digital kids » ont compris que ces outils et les réseaux étaient des moyens formidables de créer et d’innover. Et aussi de communiquer.

Bref, ces citoyens à part entière, au même titre que leurs aînés, n’attendent qu’un signal de la part de ces groupes communautaires pour s’engager et venir les appuyer dans leurs démarches. Pour ces jeunes, mettre leurs ressources au service du bien commun est tout ce qu’il y a de plus naturel. Comme le disait Mark Prensky, un auteur qui a contribué à populariser la métaphore de « digital natives and immigrants », dans son texte The Death of Command and Control ?, si ces jeunes décident de changer le monde, il n’y a rien que nous ne pourrons faire pour les arrêter. Ils sont bien organisés et connaissent à fond les technologies leur permettant d’organiser l’information. Regardez comment l’opposition au projet du Suroît s’est rapidement mise en place sur la Toile.

En offrant à ces jeunes la possibilité de participer à un mouvement citoyen en leur confiant la gestion des technologies, leur « lingua franca », plusieurs de ces mouvements citoyens ont vu leur taux d’adhésion grimper en flèche en plus de se voir insuffler, c’est le cas de le dire, une nouvelle jeunesse. En plus de voir leurs actions valorisées, ces jeunes apprennent à devenir de meilleurs citoyens. Une fois qu’ils ont mis en place les outils, il n’est pas rare de les voir continuer à s’engager activement au sein de l’organisme.

Cependant, il est crucial, pour les vieux croûtons que nous sommes, de résister à la tentation de considérer ces jeunes, non pas comme des membres à part entière, mais comme du simple « cheap labor ». Ils ont des idées différentes ? Ils ne parlent pas la même langue ? Ils ont pour eux la fougue de leur jeunesse ? Et alors ? N’était-ce pas ce que nous étions, nous aussi, il y a vingt-cinq ans de cela ? » (Dumais, 2004b)

Références

  • Cartier, Michel (2004). Libre-opinion : Quel e-gouvernement ? Le Devoir, 9 mars 2004.
  • Dumais, Michel (2004a). Technologie : Gouvernement en ligne, une occasion à saisir. Le Devoir, 1er mars 2004.
  • Dumais, Michel (2004b). Technologie : Les jeunes branchés au secours des groupes communautaires.
    Le Devoir, 26 avril 2004.
  • Quenneville, Serge (2001). L’impact des nouvelles technologies sur les pratiques d’un groupe populaire en alphabétisation. Centre de lecture et d’écriture (CLÉ Montréal), rapport de recherche, juin 2001, Montréal.

[1intertitre du rédacteur

[2intertitre du rédacteur

Posté le 15 juillet 2004

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