Les dimensions symboliques et communicationnelles de l’action publique

Journée d’étude Vendredi 28 janvier 2011 - 9h30-17h Université Paris-Est Créteil

Organisation  :

  • Jean-Baptiste Comby, Carism (E.A. 2293, Université Paris 2-Panthéon Assas)
  • Caroline Ollivier-Yaniv, Céditec (E.A. 3119, UPEC)
  • Isabelle Paillart, Gresec (E.A. 608, Université Stendhal-Grenoble 3)

Depuis quelques années, des travaux croisent les sciences de l’information et de la communication et la sociologie politique pour interroger la composante symbolique de l’action publique et ce, dans différents domaines comme la santé (Padioleau 1976, Berlivet 1997, Paicheler 2002, Ollivier-Yaniv 2009 et 2010), la sécurité routière (Brunet 2006, Grossetête 2008, Marchetti 2008), ou encore l’environnement (Comby 2008). Ces travaux ont en commun de considèrer la médiatisation ainsi que les politiques de communication comme des instruments (Legalès, Lascoumes, 2004, pp.14-15) des politiques publiques étudiées – et non leur reflet ou leur ornement, ni même la dissimulation d’une inaction politique. Cette composante symbolique des politiques publiques et de l’action publique en général ou ces « actes politiques symboliques » (Gusfield 2009) font l’objet d’une ingénierie qui témoigne de leur reconnaissance dans la division du travail politique institutionnel ainsi que de transformations de l’action de l’Etat.

Ce phénomène peut être repéré et analysé à partir d’au moins deux ordres de discours qui le rendent manifeste dans la sphère publique : discours politiques et institutionnels (prises de parole d’un responsable politique, campagnes de communication, sites internet, communiqués de presse…) et discours médiatiques (médias généralistes de grande audience en particulier). Il peut également être questionné en prenant en considération les groupes d’acteurs sociaux, au sein et en-dehors des institutions, dont on peut dire de manière générale qu’ils le coproduisent sans pour autant méconnaître ni occulter les divergences et les conflits qui caractérisent leur configuration, au sens éliasien de cette notion (Elias 1970) : on pense aux interactions entre acteurs institutionnels (politiques ou administratifs), consultants professionnels de la communication ou du lobbying, journalistes, mais encore acteurs sociaux représentants d’associations (professionnelles, syndicales, mouvements sociaux) que les acteurs politiques et administratifs font en sorte d’impliquer dans la définition de certaines politiques publiques sous la forme de « partenariats » – sans toutefois toujours parvenir à neutraliser la publicisation de définitions alternatives de celles construites dans l’action institutionnelle (ex. de la contraception ou même de la lutte contre le tabagisme).

Du point de vue de l’analyse, cette définition générale de la médiatisation et de la communication de l’action publique se trouve donc notamment caractérisée par l’articulation étroite entre sa dimension discursive (symbolique) et sa dimension sociologique, ni l’une ni l’autre n’étant de manière exclusive détentrice du monopole de l’analyse des enjeux sociaux et politiques des phénomènes étudiés.

Dans cette perspective, nous proposons de dégager trois axes de questionnement. Ces trois axes sont fondés sur des travaux scientifiques plus ou moins développés et consolidés sur le plan de l’armature conceptuelle et des résultats produits. En l’état, on peut considérer qu’ils vont du plus étayé au plus prospectif.

1. Les transformations de l’action publique au prisme de sa médiatisation

Le premier axe se situe au croisement de l’analyse des politiques publiques et de la sociologie de la communication et des médias. Il vise à interroger ce que la médiatisation et la communication de l’Etat et de ses services nous disent des transformations de l’action publique :

En premier lieu, du point de vue des rapports des agents de l’Etat – et lesquels – à la médiatisation et à la communication : Comment caractériser l’activité médiatique et communicationnelle des politiques publiques et ses formes de professionnalisation ? Quelles sont les transformations les plus marquantes des pratiques professionnelles et des dispositions (à la médiatisation, mais aussi à la médiation) des acteurs politiques et administratifs ? Enfin dans quelles mesures ces transformations concourent-elles à un renouveau de l’analyse cognitive des politiques publiques (Muller 2005) ?

Toujours dans ce premier axe, on interrogera également la conception du monde social et la conception de la capacité d’action sur le monde social dont témoigne le développement de cette composante symbolique de l’action publique. Celui-ci apparaît caractérisé par une individualisation des problèmes publics ainsi que par la construction d’une responsabilité individuelle (Ollivier-Yaniv 2009), lesquelles peuvent être caractérisées comme concourant à une représentation dépolitisée du monde social (Comby-Grossetête 2007), cette caractérisation restant à définir précisément.

Intervenants :

  • Jérémie Nollet, docteur en sciences politiques, CERAPS (UMR 8026), IEP de Lille
  • Frédéric Pierru, chargé de recherches CNRS, CURAPP (UMR 6054), Université d’Amiens
  • Discutante : Julie Bouchard, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, LabSIC (E.A. 1803), Université Paris 13


2. La dimension symbolique de l’action publique et ses relations avec « l’espace public »

Le deuxième axe se propose de faire dialoguer l’analyse de l’action publique et la sociologie des problèmes publics (Gusfield 1981/2009).

L’analyse des processus de définition des problèmes publics (Gusfield 1981 et 2009) et de leur carrière (Bereni 2007) met l’accent sur les luttes entre groupes sociaux qui tentent d’imposer des définitions concurrentes, parfois contradictoires, du problème en cours de naturalisation. Elle induit également que tous les groupes sociaux ne disposent pas des mêmes ressources pour y parvenir, mais encore que ces ressources n’ont pas la même importance selon les espaces de débat – les « arènes » (Hilgartner-Bosk 1988) – dans lesquelles elles sont rendues plus ou moins publiques. D’autres travaux insistent encore sur l’importance d’éclairer les débats visibles dans les arènes ou les espaces publics par la prise en considération des luttes définitionnelles qui se déploient de manière plus ou moins ponctuelle et parallèle dans des « espaces confinés », circonscrits aux experts et aux responsables politiques (Henry et Gilbert 2009).

Quelle mise en perspective peut-on établir des multiples cadres théoriques proposés pour étudier ces questions (« espaces publics partiels », « arènes », « arènes publiques ») ?

Dans quelle mesure l’ingénierie symbolique institutionnelle accélère ou freine la valorisation médiatique des problèmes et de leurs définitions ? L’ingénierie symbolique institutionnelle est-elle présente dans tous ces espaces ? Dans quelle mesure et à quelles conditions contribue-t-elle au à sa discussion dans la sphère publique, ou au contraire à son retrait ? Mais encore dans quelle mesure la formulation et la désignation d’un problème, lorsqu’elles font l’objet d’une promotion de l’Etat, contribuent-elles à la raréfaction du dicible, ou encore à la stabilisation des énoncés permettant de le caractériser ? Enfin lorsque l’action publique symbolique porte les traces de points de vue alternatifs (comme par exemple en matière de lutte contre le tabagisme : Ollivier-Yaniv 2010), que dit-elle de la capacité de l’action publique à intégrer des demandes contradictoires, notamment du fait de leurs enjeux économiques ?

Intervenants :

  • Julie Sedel, maître de conférences en sociologie, GSPE-PRISME (UMR 7012), Université de Strasbourg
  • Bernard Miège, professeur émérite en sciences de l’information et de la communication, Gresec (E.A. 608), Université Stendhal-Grenoble 3
  • Discutante : Caroline Ollivier-Yaniv, professeure en sciences de l’information et de la communication, Ceditec (E.A. 3119), Université Paris-Est Créteil

3. Les réceptions de l’action publique

Un troisième axe se propose de décloisonner les perspectives centrées ou sur les médias ou sur les institutions, pour envisager l’intérêt heuristique d’une analyse sur les modalités de réception. L’importance prise par ces discours en matière de prévention, de dépistage et d’anticipation des conséquences des comportements individuels sur soi et sur autrui invite à interroger ce qu’en font les acteurs sociaux. Comment, compte tenu de leurs caractéristiques sociales, s’établissent des négociations entre identité, intimité parfois et discours institutionnels médiatiques et prescriptifs. Comment caractériser les conduites des individus face à une volonté de l’Etat d’intervenir dans la sphère privée ? Quelles sont les pratiques d’information et de communication des individus ? Comment s’organisent les modalités de contournement des discours publics ? Comment se structurent-elles ? Quels types d’informations sont produits par les individus et les groupes (associations) les représentant ?

Intervenants :

  • Mathieu Grossetête, post-doctorant en sociologie au CESSP (EHESS, Université Paris 1)
  • Valérie Devillard, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, HDR, Carism (E.A. 2293), Université Paris 2
  • Discutant : Vincent Goulet, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, CREM (E.A. 3476), Université Nanc


Programme

  • 9h30-10h30 : Accueil - Présentation de la journée et de ses objectifs
  • 10h30-12h : Axe 1 - Les transformations de l’action publique au prisme de sa médiatisation
  • 12h-13h30 : Déjeuner
  • 13h30-15h : Axe 2 – La dimension symbolique de l’action publique et ses relations avec « l’Espace public »
  • 15h-15h30 : Pause café
  • 15h30-17h : Axe 3 - Les réceptions de l’action publique

http://ceditec.u-pec.fr/actualites/journee-d-etude-les-dimensions-symboliques-et-communicationnelles-de-l-action-publique--397508.kjsp?RH=CEDITEC-FR

Localisation

  • Université Paris-Est Créteil (UPEC)
  • Site : Mail des Mèches
  • UFR des Sciences économiques (Grand bâtiment blanc sur la gauche en sortant du métro)
  • Salle Keynes (2ème étage)

M° Créteil-Université (ligne 8)

Entrée libre

Pour des renseignements complémentaires, merci de nous contacter à l’adresse mail suivante : jbay20@gmail.com

Posté le 24 janvier 2011

licence de l’article : Contacter l’auteur