Interview de Sophie Mahéo

En formation, il est possible d’entreprendre et d’innover ensemble

Sophie Mahéo, tu es « Community Manager » à l’Université de Paris Descartes, ce que tu traduis parfois par responsable de stratége éditoriale.

Peux-tu nous décrire le réseau social de l’Université de Paris Descartes ?

La plate-forme sociale de l’université, est un réseau nommé Les Carnets 2 dont les auteurs sont les membres de l’université (étudiants, enseignants-chercheurs, personnels de l’université).

Les Carnets 2 permettent de créer et gérer une page personnelle publique, publier des articles (blog, wiki), partager des événements (agenda) et/ou sa veille (bookmark), créer ou participer à des groupes du réseau (thématiques, de recherche, associatifs...), en créer aussi. Certains contenus peuvent être recommandés, évalués, commentés.

Ils sont organisés autour de thèmes de publications (Vie universitaire, MundiVox, TICE TIC Web, Documentations, Récits de chercheurs) pour à la fois fixer un cadre éditorial et faciliter la lecture des contenus. Plusieurs outils à disposition des auteurs.

Les Carnets 2, c’est un réseau interne en dialogue avec l’extérieur, les articles rendus publics (choix des auteurs) sont accessibles à tous les internautes. Ils peuvent engager des discussions si les auteurs ont ouvert à commentaire leur production. Ils contribuent à la mise en valeur des publications et de la recherche des acteurs de l’université qui peuvent échanger sur leurs pratiques et usages, capitaliser leurs compétences et expériences. Le but : construire et gérer une identité numérique professionnelle et rendre visibles ses compétences !

C’est votre deuxième version des Carnets. Pourquoi cette progression ?

Le réseau est né en 2006, au moment des tous débuts de viadeo (viaduc), à l’époque nous parlions plutôt de "ferme de blogs". Très rapidement nous nous sommes que les usages des utilisateurs n’étaient pas forcément ceux attendus mais étaient très intéressants néanmoins. L’ergonomie et le design sont des éléments importants et nécessaires à l’appropriation d’un service, le réseau a donc vécu en 4 ans, changé de nom, de look...

En fait il s’agit de notre 4e version, avec changement de nom, de design, de version de développement, de fonctionnalité et de dimension de projets.
Depuis 2008 nous étions coincés en effet dans une version non évolutive du réseau, laquelle ne permettait pas de répondre aux demandes pédagogiques des enseignants. Les Carnets 2, les Carnets de Paris Descartes, mais aussi de chacun des utilisateurs, des lecteurs, un titre un peu sur un jeu de mots qui souligne et la nouvelle dynamique et l’appropriation possible par chacun.
La progression tient aussi au temps de l’intégration progressive de l’outil dans le système d’information de l’université.

Tu t’investis dans la communauté des utilisateurs d’Elgg qui est votre plate-forme support, pourquoi ?

Nous utilisons comme support aux Carnets 2, elgg, un outil open source. L’équipe de développement de ce logiciel est anglaise, elle se concentre sur le développement du core du logiciel. La communauté internationale des utilisateurs crée et échange des plugins de fonctionnalité.

Mon rôle à l’université est d’être interface entre technique et usagers donc de comprendre leurs points de vue respectifs et faire passer des informations des uns aux autres pour la bonne orientation et marche de l’outil. L’année dernière, à défaut provisoire de moyens techniques internes, j’ai dû trouver d’autres interlocuteurs utilisateurs de Elgg, confrontés à des problématiques similaires aux nôtres. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec l’UVSQ (Université de Versailles Saint-Quentin). Nous avons rencontré ensemble lors d’un accélérateurs de projets de la Fing d’autres usagers engagés souhaitant fédérer une communauté francophone d’utilisateurs du logiciel. C’est ensemble qu’on est fort, et qu’on a des idées. Nous souhaitions favoriser outre l’échange de développements, le partage de pratiques. La communauté Elgg francophone est donc née autour du site http://elgg.fr à l’occasion d’un ElggCamp en juin 2009. Nous avons réitéré l’événement samedi 12 juin 2010 et organisons régulièrement des rencontres découvertes de communautés ou de projets (elgg apéro).

Nous avons à cœur la pérennité du logiciel, et souhaitons dialoguer et faire des remontées à la communauté internationale elgg.org

C’est sans doute aussi une dérive de l’animateur d’aller voir plus loin et d’explorer pour guider les membres de sa communauté au-delà des limites de celle-ci.

Quels projets au niveau de Paris Descartes, et peut être à un niveau inter universitaire ?

Aujourd’hui notre projet a changé de dimension. Les Carnets 2 sont à la fois plus tournés vers l’extérieur (interactions sociales) et plus ancrés dans l’université. Ils constituent un éco-système social, un réseau de réseaux. Les Carnets 2 présentent le méta réseau, mais il existe des sous réseaux non ouverts au public, dans lesquels les étudiants construisent des portfolios permettant évaluation par les compétences et suivi de stage.

Avec L’Université de Versailles Saint-Quentin, nous travaillons ensemble de façon informelle depuis deux ans. Au niveau inter universitaire, nous rencontrons de nombreux collègues plus ou moins avancés dans leurs projets. Nous cherchons un cadre de partage, qui possiblement ne sera d’ailleurs pas forcément institutionnel (ENT, PRES), que nous souhaitons ouvert.

D’ailleurs pour quel partage ? Au niveau connaissances, compétences et moyens, cela se fait assez spontanément, mais devons-nous partager nos plates-formes et comment, chacune la sienne ou une mutualisée ? Aucune université n’a plus légitimité que qu’une autre à accueillir les publications de toutes, pas plus qu’à héberger toutes les données. Notre réflexion doit aller plus loin, vraisemblablement vers des réseaux acentrés, permettant des échanges entre réseaux différents, pas forcément uniquement universitaire (autres acteurs publics, certains acteurs privés), mais avec des thématiques communes d’enseignement et de formation.

Sophie Mahéo participera à la session « En Formation, il est possible d’entreprendre et d’innover ensemble » du Forum des Usages Coopératifs, et sera à la table des intervenants pour la matinée de jeudi sur "Réseaux sociaux, blogs, espaces collaboratifs : la co-production avec les étudiants"

Posté le 19 juin 2010 par Jean-Marie Gilliot

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