L’"école publique" un projet de formation qui s’organise par le web à Paris

un article repris de la page de présentation de l’école Publique

GLOBAL

L’Ecole Publique est une école sans programme. Pour l’instant, elle fonctionne comme suit : premièrement, des cours sont proposés par le public (« Je veux apprendre ceci » ou « Je veux enseigner cela »), puis, il est possible de s’inscrire pour les cours (« Je tiens aussi à apprendre cela ») et, finalement, lorsque suffisamment de personnes ont manifesté de l’intérêt, l’école trouve un professeur et offre un cours à ceux qui ont signalé vouloir y participer.

L’Ecole Publique n’est pas agréée, elle ne donne pas de diplômes, et elle n’a aucune affiliation avec le système scolaire public. Il s’agit d’un cadre qui prend en charge les activités autodidactes, en partant du postulat que tout est dans tout.

LOCAL

L’Ecole Publique est avant tout un projet artistique et culturel, qui s’inscrit dans une conception pragmatiste de la culture, cherchant à créer des opportunités d’individuation pour tous. Elle part du double principe qu’il est possible de travailler la demande et que l’individu se crée en fabriquant ses propres outils d’émancipation. Plus qu’une transmission des savoirs, il s’agit d’une construction tout à la fois individuelle et collective. Pour ce faire, il convient de prendre en compte le public dans la conception même du projet et de tenir compte du fluide social, c’est à dire des associations qui se font sans cesse entre humains et non-humains. Alors, de nouvelles modalités de travail privilégiant un axe de recherche et d’échanges entre l’artiste et le public peuvent s’inventer.

L’Ecole Publique propose une alternative au format de l’exposition stricto sensu et à ce qu’on a appelle « la médiation » dans le jargon des centres d’art, tout en évitant l’instrumentalisation de l’artiste ou la participation démagogique. Chaque cours est l’occasion d’inventer un nouveau format et de nouvelles connexions et oeuvre à récuser la distance radicale, la distribution des rôles et les frontières entre les territoires. « La distance n’est pas un mal à abolir, c’est la condition de toute communication. », écrit le philosophe Jacques Rancière dans Le Spectateur Emancipé. Il ne s’agit pas de plaire à tout le monde, mais de travailler avec le public le plus large et le plus diversifié possible. S’engager dans la pédagogie ne signifie pas inventer un modèle, mais penser ce que Boris Charmatz appelle « des élans hétérogènes ». L’Ecole Publique redistribue en permanence les rôles. Habitants et commerçants du quartier, étudiants et enseignants de l’université, professionnels, amateurs et acteurs de disciplines variées sont tour à tour maître ou élève. Les frontières entre les territoires sont brouillées par la diversité des participants et la variété même des cours.

Recherche, création, pédagogie et culture se retrouvent articulés au sein d’un projet politique. L’Ecole Publique vise à contribuer à lever les apriori sur l’art tout en ouvrant le champ d’action de la recherche artistique et curatoriale au delà de l’art. Comme le rappelle Bruno Latour dans Changer de société, refaire de la sociologie, « une culture est à la fois ce qui fait agir les gens, une abstraction complète créée par le regard de l’ethnologue, et ce qui est généré au cours des interactions par l’inventivité inépuisable des participants. »

Posté le 17 septembre 2009

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