Lecture : Pour une mobilité plus libre et plus durable

Par Daniel Kaplan, Bruno Marzloff - Editions Fyp

Le changement climatique est désormais un fait vérifiable. La pollution et la congestion des villes dégradent les conditions de vie. L’augmentation du prix des hydrocarbures devient insupportable pour ceux qui dépendent de leur voiture pour vivre et travailler, en particulier pour les "périurbains".

La mobilité automobile décroît dans les villes occidentales, mais au prix d’une plus grande inégalité dans l’accès aux ressources de la ville. La "mobilité durable" est devenue un sujet prioritaire.

Un article repris du site villes 2.0 -> http://villes2.fr/index.php?action=article&numero=265]

L’ouvrage propose une nouvelle approche, pour rendre la mobilité durable populaire, désirable, tout en obtenant des résultats significatifs en termes d’environnement et d’équité sociale.

L’objectif : concilier la liberté de mouvement avec l’atteinte d’objectifs collectifs, environnementaux et sociaux.

En s’appuyant entre autres sur les technologies numériques, ce livre donne des outils concrets pour répondre aux besoins de mobilité, tout en respectant les besoins collectifs en termes d’environnement et de solidarité. Il propose des nouvelles solutions techniques, organisationnelles, de service et d’usages. Ce livre pensé et écrit par Daniel Kaplan et Bruno Marzloff en partenariat avec Agora energy, le Groupe Chronos, La Fing, Internetactu, Villes Internet, Tactis et Acidd a été publié par les Editions Fyp dans le cadre de la collection La Fabrique des Possibles.

La Fabrique des Possibles traite des grands enjeux de société au croisement de la prospective, de l’économie, des stratégies des entreprises privées et publiques, des technologies et de leurs usages, des nouveaux services et de leurs impacts sur la vie quotidienne. Cette collection permet de stimuler les imaginations prospectives, et d’anticiper les profondes mutations que les ruptures technologiques apporteront dans les prochaines années.

Pour une mobilité libre et durable - Introduction

Un article repris du site villes 2.0

Il y a urgence, bien sûr. Le changement climatique est désormais un fait vérifiable. La pollution et la congestion des villes dégradent les conditions de vie. L’augmentation rapide (et structurelle) du prix des hydrocarbures devient insupportable pour ceux qui dépendent de leur voiture pour vivre, en particulier pour les "périurbains". La mobilité automobile décroît dans les villes occidentales, mais au prix d’une plus grande inégalité dans l’accès aux ressources de la ville. La "mobilité durable" devient donc un sujet prioritaire. Mais un sujet toujours difficile, parce que les résultats des actions menées sont souvent frustrants et que, si l’objectif est admis, les mesures prises sont souvent impopulaires. Nous pensons qu’il est possible de l’approcher autrement, de rendre la mobilité durable populaire, désirable, tout en obtenant des résultats significatifs en termes d’environnement et d’équité sociale. C’est ce que nous désignons par une mobilité "libre et durable".

La voie de la raison

Face aux défis de la mobilité durable, le premier réflexe consiste à répondre avec les outils classiques des politiques publiques : la régulation, la tarification, la taxation, ou les grands investissements. Ces approches produisent des résultats, mais elles sont souvent conflictuelles, longues et difficiles à mettre en oeuvre, coûteuses alors que les ressources publiques se raréfient. On peut aussi s’en remettre aux évolutions techniques, mais là encore, les résultats sont longs à venir, insuffisants (20% à 30% de gains en efficience des moteurs), quand les effets pervers ne dépassent pas les bénéfices (cas des biocarburants).

et celle du désir

Il existe une autre voie, qui ne s’oppose pas aux précédentes, mais les complète. Une voie qui s’appuie sur l’énergie et le désir des individus autant, voire plus que sur la raison ou la pression sociale. Nous l’avons appelée "la voie du désir ", ou celle de l’innovation. D’autres parlent de "green design". Il s’agit, en s’appuyant entre autres sur les technologies numériques, d’inventer les services, les intelligences, les représentations, les agencements, les espaces de discussion grâce auxquels les aspirations et les expériences individuelles se relient aux enjeux collectifs. De répondre aux besoins qui sous-tendent la mobilité, tout en atteignant des objectifs collectifs en termes d’environnement et de solidarité. Partout dans le monde, des territoires, des jeunes entreprises et d’autres plus installées, des laboratoires, des associations, des groupes de citoyens, explorent cette voie d’une mobilité à la fois libre et durable. Pourtant, elle demeure beaucoup moins visible que la voie de la régulation et de la technique "lourde".

Ce manifeste espère corriger ce déséquilibre. Il entend rendre compte de ce qui s’invente, tout en explorant de nouvelles pistes pour l’avenir. Il se focalise sur la mobilité des personnes, mais d’autres domaines de la "ville durable" pourraient demain être abordés de la même manière. Libérer les énergies Notre manifeste s’intéresse aussi aux conditions dans lesquelles ces innovations pourraient émerger et se répandre dans les villes. On ne planifie pas l’innovation. Elle n’appartient pas aux seuls ingénieurs, ni aux seuls spécialistes de la mobilité. Au contraire, elle émergera probablement d’où l’on ne l’attend pas : c’est un afficheur (JC Decaux) qui a créé le système de vélos en libre-service Velib’, un moteur de recherche internet qui a révolutionné l’usage des cartes. Si l’on veut réussir, il faut donc ouvrir les portes et les fenêtres : partager ou rendre accessibles les données, les systèmes, les usagers ; décloisonner les services, les secteurs, les disciplines, les esprits. Dans un système aussi complexe et essentiel que le système de mobilité, cela ne va pas de soi, y compris pour de bonnes raisons de sécurité, de sûreté ou de fiabilité. Pourtant, l’ouverture est la mère des innovations durables, et la condition de leur appropriation par la société.

Le droit à la mobilité et la réduction de son impact environnemental, la raison et le désir, les politiques à grande échelle et les micro-innovations : autant d’associations improbables, en tout cas inhabituelles. S’agissant de la mobilité durable, nous espérons vous montrer qu’elles sont au contraire à la fois possibles et nécessaires.

Posté le 17 janvier 2009 par Michel Briand

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