Un mouvement de fond pour les publications scientifiques en accès ouvert

Depuis quelques semaines le mouvement des acteurs publics qui choisssent de demander aux chercheurs un accès ouvert aux travaux qu’ils financent s’amplifient : gouvernement canadien, université d’Havard ....

Face à l’augmentation continuelle du coût des abonnements exigés par les acteurs de l’édition scientifique une prise de conscience du caractère public et ouvert des travaux scientifiques semblent se dessiner.

Dans un contexte de renforcement des droits de propriétés au profit de quelques sociétés de distribution, cet élargissement des biens publics vers des biens communs est un signe encourageant.

Voci une revue de brèves publiées depuis un mois par "Open Access" site
sur Le libre accès à l’information scientifique et technique.

Un site sous licence Creative commons

Archives ouvertes

Les objectifs du mouvement des archives ouvertes sont l ’amélioration de la circulation et de la diffusion de l’information scientifique. Pour y arriver, il faut des outils qui permettent la création d’archives électroniques, leur mise en ligne et leur l’interopérabilité. Ces outils utilisent un ensemble de protocoles techniques, de normes notamment pour la description des données et pour leur interrogation.
La mise en place d’archives met en cause de nombreux acteurs à des niveaux différents de la société et fait émerger des questions techniques, juridiques et financières. Tous ces points sont abordés dans « Des archives ouvertes à l’ouverture d’archives » .

  • IEEE rejoint l’initiative SCOAP3

Le vendredi 7 mars 2008.

L’association IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) soutient l’initiative SCOAP3. C’est la revue IEEE Transactions on Nuclear Science dont la thématique correspond partiellement à celle intéressant le projet mené par le CERN qui est concernée. Cette décision s’appuie sur les principes de l’association concernant la publication scientifique - et notamment les modèles économiques - diffusés en novembre 2007.
Cette annonce intervient après de nouveaux soutiens américains et européens - Roumanie, Slovaquie et Hongrie - qui portent à douze le nombre de pays déjà impliqués dans cette opération.

  • SHERPA annonce une nouvelle version de JULIET

Le jeudi 6 mars 2008.

JULIET propose désormais la position des agences de financement de la recherche concernant la publication en Libre Accès et la mise à disposition des données issues de la recherche. Ces informations complètent la politique de ces mêmes agences quant au dépôt dans une archive.
L’information est disponible pour trente organismes qui financent ou gèrent la recherche.

  • Comment respecter la politique des NIH

Le mercredi 5 mars 2008.

SPARC (the Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition), Science Commons et l’Association of Research Libraries (ARL) publient un livre blanc Complying with the National Institutes of Health Public Access Policy : Copyright Considerations and Options. Il doit servir d’aide aux différents acteurs des universités pour être en accord avec les conditions imposées par la nouvelle politique des NIH (National Institutes of Health).
A partir du 7 avril, les chercheurs, dont les recherches sont financées par les NIH, ont l’obligation légale de déposer leurs articles dans PubMed Central, dès acceptation pour publication. L’accès doit être effectif dans un délai maximum de douze mois après la date officielle de publication.

L’université d’Auckland choisit Creative Commons pour son archive
Dec 31, 1969 23:59:59 GMT
L’université d’Auckland propose à ses étudiants de joindre un contrat Creative Commons lors du dépot de leur thèse dans l’archive de l’université ResearchSpace@Auckland.
L’extension de cette possibilité aux autres collections de l’archive est à l’étude.

  • La Californie rejoint SCOAP3

Le jeudi 28 février 2008.

La California Digital Library, qui agit au nom des bibliothèques des dix campus de l’Université de Californie, soutient l’initiative SCOAP3.
Les Etats-Unis, selon l’étude menée dans le cadre de cette initiative, représentent 24,3% de l’édition dans le domaine de la physique des hautes énergies.

  • Open Science Directory

Le lundi 25 février 2008.

EBSCO, associé à la bibliothèque de l’Université de Hasselt en Belgique, vient de mettre en ligne un répertoire international des ressources électroniques en libre accès destiné aux pays en développement. En interrogeant Open Science Directory, les scientifiques de ces pays peuvent connaitre les revues accessibles librement ainsi que celles disponibles dans le cadre de programmes spéciaux comme HINARI et AGORA. Le moteur permet aujourd’hui d’accéder à près de 13 000 revues scientifiques. A terme, il devrait en compter 20 000.
Le programme IODE de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO (COI) est partenaire dans le développement de ce site.

  • la brève sur Open-acces
    « Open Access, Open Science »
    Dec 31, 1969 23:59:59 GMT
    A lire, une interview de Bill Hooker réalisée lors de la conférence Science Blogging . Ce biologiste et partisan du Libre Accès expose notamment comment et par qui il a été convaincu. Il évoque certaines conséquences - comme la diffusion plus rapide de l’information ou la possibilité d’accéder aux données - qui selon lui vont modifier le processus de recherche et la manière d’enseigner la science, plus que la publication scientifique.
  • Le Libre Accès en Australie

Le jeudi 21 février 2008.

L’Australian Partnership for Sustainable Repositories (APSR) organisait le 14 février dernier une conférence intitulée : « Open Access Collections : workshop on the challenges and opportunities of open access publishing for Australian universities ». Les support des présentations sont en ligne.
Au programme de cette journée :
les différentes initiatives du gouvernement pour améliorer l’accès aux résultats de la recherche (publications, données..),
la présentation du OAK Law Project,
les témoignages et réflexions de différents scientifiques sur le Libre Accès, les archives et leur rôle.

  • Avis favorable de l’Europe pour OAPEN

Le mardi 19 février 2008.

La Commission européenne a retenu la proposition d’Open Access Publishing in European Networks (OAPEN) dans le cadre du programme eContentplus. Le consortium européen de presses universitaires a pour objectif de publier des ouvrages en sciences humaines et sociales selon « un modèle d’édition numérique et imprimé en accès ouvert ».

  • Harvard choisit le Libre Accès

Le lundi 18 février 2008.

La Faculté des Arts et Sciences de l’université de Harvard demande à chacun de ses membres de conserver les droits afférents à leurs articles scientifiques, dans le but d’une plus grande dissémination de leurs résultats de recherche. Une copie de la version finale de chaque article devra être fournie à la faculté pour être déposée dans une archive ouverte.
Ainsi, Harvard devient la première université américaine à adopter une politique en faveur du Libre Accès.

  • Canada : accès libre pour les résultats issus de la recherche médicale

Le lundi 11 février 2008.

La politique des IRSC (Instituts de recherche en santé du Canada), pour l’accès aux résultats de la recherche, entre en vigueur. Les bénéficiaires des financements des IRSC, accordés après le 1er janvier 2008, doivent s’assurer que leurs articles soient en accès libre au plus tard dans les six mois après publication. Ils doivent également déposer les données associées dans des bases de données appropriées, comme GenBank pour les séquences de gènes.
Les IRSC avaient publié leur politique en septembre 2007.

  • L’effet d’« Oxford Open » sur le coût des abonnements

Le vendredi 8 février 2008.

Dans sa lettre d’information à destination des bibliothèques, Oxford Journals propose un point sur l’effet du modèle hybride sur le prix des abonnements en 2008. Oxford Open est proposé pour 54 titres depuis 2006 : le coût des abonnements 2008 est calculé en fonction de la « quantité » de contenu disponible en accès libre.

Le libre accès à l’information scientifique et technique –
dans A propos http://openaccess.inist.fr/apropos.php3

Le monde de la communication scientifique est en train de vivre un profond changement dont personne ne peut prévoir l’issue. Il est dû en grande partie à la crise que connaît, depuis plus d’une décennie, l’accès aux publications scientifiques, à leur libre circulation.
On peut dire que ce bouleversement a essentiellement pour origine deux phénomènes : l’augmentation des tarifs des revues scientifiques et l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication dont l’internet.

Parmi les acteurs de la communication scientifique, les chercheurs sont doublement impliqués :

  • d’une part en tant qu’utilisateurs d’information : la recherche scientifique ne peut exister sans information scientifique,
  • d’autre part en tant qu’auteurs de cette même information.
    C’est certainement dans ce dernier rôle qu’ils sont les plus à même de proposer des solutions pour sortir de cette crise.

Un des premiers sursauts est le mouvement des archives ouvertes, apparu dans les années 1990, en réaction aux tarifs pratiqués par les infomédiaires, la politique des éditeurs commerciaux étant la plus controversée ; vont suivre des opérations libre accès, plus axées sur la publication scientifique.

L’Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (14 février 2002) résume très bien l’esprit du libre accès : mettre à disposition en ligne, gratuitement et sans restriction les résultats de la recherche.
Elle recommande deux stratégies complémentaires (mais sans exclure d’autres solutions) :

  • l’auto-archivage : les chercheurs déposent leurs articles dans des archives électroniques ouvertes,
  • les revues alternatives : la création de nouvelles revues engagées dans le libre accès et des revues existantes qui choisissent de s’orienter vers cette voie.

Les deux stratégies sont étroitement liées mais la première stratégie veut agir en aval, sur les chercheurs/consommateurs d’information - diffusion et circulation de l’information -, alors que la deuxième, elle, se propose d’intervenir en amont sur les chercheurs-producteurs d’information - création et publication scientifiques.

Posté le 8 mars 2008 par Michel Briand

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