Ville Durable et numérique : interview de Daniel Kaplan

La FING (fondation Internet Nouvelle Génération) est une association qui vise à repérer, stimuler et valoriser l’innovation dans les services et les usages de l’Internet. Engagée dans un programme de recherche et d’actions intitulé la Ville 2.0, l’association s’attache à ne "pas dire ce que l’avenir sera mais à aider à y réfléchir" comme l’explique Daniel Kaplan, délégué général. Rencontre avec un homme qui se refuse à considérer les nouvelles technologies comme un simple outil mais qui les aborde comme un catalyseur de changement sociétal.

Un article repris du site ACID site sous licence Creative Commons By NC ND


Qu’est-ce qui caractérise la FING ?

C’est un projet collaboratif, associatif, centré autour de l’innovation numérique dans la société de l’économie. Notre métier est de rapprocher les acteurs pour produire des intuitions neuves, de faire émerger des projets innovants (techniquement, socialement, économiquement) à partir d’une exploration collective. Il comporte une part de prospective, au sens où nous cherchons à comprendre le passé et à imaginer des futurs possibles pour aider à prendre des décisions dans le présent.

Pourquoi travailler sur le thème de la ville numérique ?

Parce que 75% des français, et plus de la moitié de la population mondiale vivent en ville ! Et ce, autant par choix que par obligation : la ville est avant tout un espace de frottements, de contacts, d’opportunités auquel le contact numérique en réseau ne se substitue pas, bien au contraire. Mais les villes sont aujourd’hui en tension : développement peu durable, engorgement, ségrégation, transformation des métiers, désynchronisation des rythmes, redéfinition des interventions publiques... Autant de champ qu’on peut (entre autres) explorer sous l’angle de l’innovation numérique.

Justement le programme "Ville 2.0" engagé il y a maintenant un an a vocation à faire émerger des projets innovants,
qu’en est-il ?

Le "web 2.0" n’est pas un phénomène technique mais un changement de pratiques et de modèles de construction de services : personnalisation, participation des utilisateurs à la conception et à la production des services, agrégation et assemblage dynamique d’informations et de services de toutes origines - à l’image des "mashups" qui associent les cartes de Google, les disponibilités de Vélibs, les restaurants recommandés par les parisiens, etc...
Sur ce projet nous avons choisi de travailler avec deux cabinets d’étude, Chronos et Tactis, plusieurs grands partenaires et nos réseaux d’entrepreneurs, de chercheurs et de territoires. Nous concentrons désormais l’effort autour de quatre "grands défis" :

  • la ville comme plateforme d’innovation ouverte
  • la ville complexe (individualisée, 24/24, physique et virtuelle) et familière
  • une mobilité plus libre et plus durable
  • et le "5ème écran", l’écran public interactif qui fédère et agrège ce que produisent les écrans individuels.

    Concrètement que pouvons-nous voir émerger de ce programme ?

Si elle a choisi de se poser et de poser des questions, la FING s’inscrit aussi dans l’action. Le programme "Ville 2.0" a pour objet de susciter des expérimentations concrètes. Certaines commencent à se dessiner, comme "CityPulse" par exemple, dont l’idée est de produire des capteurs environnementaux personnalisés et géo-localisés que chaque citadin volontaire porterait sur lui et qui mesurerait le bruit, la teneur en CO2 mais aussi le rythme cardiaque de l’individu. En agregeant ces mesures (anonymisées), l’idée est de proposer une autre représentation de la ville, de relier différentes mesures de la tension urbaine, à des niveaux de précision que les dispositifs de mesure n’atteindront jamais - et en rendant publiques ces données.

Depuis le début du programme, nous avons aussi travaillé avec plus de 200 étudiants qui ont ouverts de nombreuses pistes d’application. Notre rôle est un peu celui d’un incubateur ; ensuite quand un projet doit rentrer dans sa phase expérimentale, nous cherchons à fédérer les énergies intellectuelles et économiques pour que l’aventure aboutisse. C’est dans ce cadre que nous organisons des sortes de "speeddating", pour mettre face à face projets et moyens.

Avez-vous des projets communs avec ACIDD ?

Bien sûr. Dans le cadre du défi "une mobilité plus libre et plus durable", nous avons choisi de travailler aux côtés d’ACIDD et d’

Posté le 6 février 2008

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