L’université de Rennes 1 et le bureau Libre Free-Eos - interview de Jean-Pierre Dussol

Jean Pierre Dussol est responsable du pôle poste de travail en équipement informatique au CRI (Centre de Recherche Informatique) de l’université de Rennes 1.

Comment avez-vous découvert ce CD bureau-libre free eos et qu’est ce qui vous a plu dans ce projet ?

  • « J’ai découvert le CD bureau libre par le site du « groupe Logiciels Université-Recherche », du Ministère Délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies [1]. Ce groupe a recensé un certain nombre d’initiatives autour du « logiciel libre », qui semblent relativement pérennes. En première ligne apparaît « bureau libre free eos ».
  • Comme nous n’avions pas de temps à consacrer à une analyse sérieuse, de la pléthore de logiciels libres disponibles, nous nous sommes rapprochés d’une association de confiance. L’initiative « bureau libre free eos », soutenue par l’association « l’archipel du libre » et la ville de Brest, nous a intéressé.
  • Ce qui nous a plu dans le cédérom bureau libre hormis le concept de logiciel libre est son accessibilité au plus grand nombre. Accessibilité en terme de contenu et de disponibilité. Le cédérom propose les logiciels de base pour un poste bureautique. L’Université de Rennes 1 en a donc fait presser 10000 pour l’année universitaire 2006-2007 et réitère cette année pour les mêmes quantités. Ces cédéroms viennent en complément à l’opération MIPE menée dans les Université."

Comment s’est passée la diffusion ? quels retours en avez vous eu ?

  • « 22000 étudiants sont concernés par ces logiciels. Nous n’avons pas de retour de leur part". Concernant la diffusion « nous recevons les cédéroms qui sont ensuite distribués sur l’ensemble des sites (les 3 campus de Rennes, Lannion, Paimpont, Saint-Brieuc et Saint-Malo). La distribution s’effectue par l’intermédiaire des Services Scolarité. Les cédéroms sont généralement attribués en premier lieu aux primo-entrants à l’Université.
  • "En 2006 nous n’avions pas de documents joints au cédérom. Il est envisagé cette année d’y adjoindre la plaquette d’information proposée par « bureau libre free eos ». Nous devrions aussi apposer des affiches pour informer de la disponibilité de ce cédérom. Pour que tous puissent également accéder aux informations en ligne. Les logiciels du cédérom seront présents dans l’ENT (Environnement Numérique de Travail) de l’étudiant, voire du personnel."
  • « Nous comptons sur les moniteurs informatiques, présents sur les campus et chargés d’aider les étudiants dans l’utilisation de leur "Poste de Travail Portable", pour promouvoir l’utilisation des logiciels présents sur le cédérom. Par exemple par l’utilisation du logiciel antivirus et de la bureautique présents sur le CD. S’ils rencontrent des difficultés, ils auront un interlocuteur, par l’intermédiaire du moniteur. »
  • Depuis l’opération MIPE, les étudiants disposent d’un réseau Wi-Fi sur les campus, ils travaillent bien souvent avec leur propre machine, nous incitons par l’entremise du bureau libre à utiliser les logiciels libres mais avérés sains. »

Est ce que les utilisateurs connaissent les logiciels libres ?
Avez-vous noté leurs intérêts ?

  • Les utilisateurs connaissent les logiciels libres « de nom, oui en majorité !!! Il y a les « adeptes » du libre et les autres...Pour ces derniers, la différence entre « logiciel libre et logiciel gratuit » n’est pas claire. Et la philosophie du libre, leur est obscure.
  • Je préfère employer le vocable « ouvert » plutôt que « libre », qui a une connotation « gratuite » comme dans « duty free ». Tous les logiciels libres ne sont pas gratuits, tous les logiciels propriétaires ne sont pas payants.
  • Les logiciels gratuits, dans lesquels on trouve beaucoup de logiciels « libre », sont une excellente alternative aux logiciels payants. Il ne sont peut-être pas aussi performants ou pointus, mais en a-t-on vraiment besoin ?
    Par exemple, le logiciel "Acrobat" permet de créer un fichier pdf, payant. Il y a beaucoup de fonctions et de possibilités mais PDFCreator fait la même chose, avec un peu moins de possibilité. Mais rares sont les cas nécessitant l’utilisation du logiciel payant. Expliquons, montrons qu’une alternative gratuite est préférable à un piratage !.
  • D’autre part des logiciels « libres » sont arrivés au niveau des logiciels imités, la suite Open Office et le logiciel Gimp sont les alter ego de Microsoft Office et Photoshop.
    Reste, malgré tout, à ces logiciels, à « singer » au plus près les standards de fait que sont les logiciels payants, pour que l’utilisateur, sortant de 10 à 20 ans d’utilisation du logiciel privé, ne soit pas désorienté par le logiciel libre et ne le rejette pas.!
    Reste à expliquer aux utilisateurs, tout l’intérêt des formats ouverts, par rapport aux formats propriétaires...
  • Il serait hypocrite, de ne pas parler de l’économie substantielle faite en utilisant les logiciels gratuits sur les postes de travail. Il est évident que la généralisation de Open Office, à la place du produit Microsoft, sur l’Université permettrait de faire une très belle économie, nous avons 9000 postes Windows... Office97, office2000, office XP, Office 2003, office 2007, en 10 ans 5 versions, cela finit par faire très cher !
  • Le RGI (Référentiel Général d’Interopérabilité) [2], règlement qui devrait entrer en vigueur dans quelques mois, exige l’adoption de formats ouverts .odt [3] au niveau de l’administration. Microsoft ne le propose pour le moment pas. Peut-être l’occasion de passer le pas.

Avez vous organisé des moyens d’information sur ces questions ?

  • « L’idée n’est pas sans intérêt ! Il faudrait voir avec le service Formation Continue de l’Université et trouver un intervenant qui présenterait la philosophie du libre et le RGI [2]."

Quels sont les manques et les demandes que vous avez entendus ?
Avez-vous des suggestions pour améliorer le CD et son usage ?

  • "Nous avions parlé du flou entre libre et gratuit, je pense que ce message n’est pas encore assez clair sur le cédérom du bureau libre.
  • Le cédérom, vise un objectif, celui de pouvoir atteindre le plus grands nombre d’utilisateurs. Pour les étudiants, il y a sûrement des besoins de logiciels plus ciblés, en physique, chimie, mathématiques, statistiques... bien d’autres. Là réside l’intérêt d’inculquer cette philosophie du libre pour que chacun puissent trouver les pointeurs vers les associations (similaires au bureau libre) qui proposent des ensembles logiciels dédiés. Par exemple et non exhaustif : Plume, WinLibre, OpenCD, Colibris..."

Entretien effectué par Valérie Dagrain le 4 juin 2007


Ressources

  • [1] Le site du Ministère Délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies est consultable ici
  • [2] RGI : Le Référentiel Général d’Interopérabilité (RGI) spécifie l’ensemble des règles dont le respect s’impose à tous pour faciliter les échanges et rendre cohérent l’ensemble constitué des systèmes d’information du service public, pour assurer la simplicité d’intégration de nouveaux systèmes et pour faciliter l’évolution du système global ainsi que son utilisation par tous les acteurs.
    Sources de cette définition ici.
  • [3] ODT : OpenDocument est un format ouvert de données pour les applications bureautiques : traitements de texte, tableurs, présentations, diagrammes, dessins et base de données bureautique. OpenDocument est la désignation d’usage d’un standard dont l’appellation officielle est OASIS Open Document Format for Office Applications, également abrégée par le sigle ODF. Sources de cette définition ici
Posté le 21 juin 2007 par Valérie Dagrain

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