Responsables : Sylvie Jochems (UQAM) et Maryse Rivard
Depuis quelques décennies déjà, des prophètes contemporains annoncent l’avènement d’un
village global, d’une économie de savoir forte d’une intelligence collective. De Norbert Wiener
à Marshall McLuhan puis à Bill Gates, l’utopie cybernétique [1] fait de plus en plus d’adeptes
dans bien des sphères d’activités de la société : industries culturelles, institutions
gouvernementales, réseaux financiers, etc.
Plus récemment, la tenue des premiers Sommets mondiaux sur la société de
l’information (SMSI en 2003 à Genève et 2005 à Tunis) s’est réalisée sur le constat que la
révolution numérique est la troisième révolution industrielle (voire « postindustrielle »)
caractérisée par une globalisation réticulaire soutenue par les technologies numériques, le
cyberespace et les médias satellitaires. Des discours s’y entrechoquent et influencent le
développement de nos sociétés.
Or, une critique s’élève et martèle le débat sur l’idéal
informationnel de questions d’importance :
- quel est l’avenir du lien social ?
- Peut-on craindre
un déficit démocratique ? - Peut-on miser sur les innovations technologiques pour s’émanciper,
progresser socialement, lutter contre la pauvreté et l’exclusion ?
On observe d’ailleurs que
différents acteurs sociaux s’engagent maintenant sur les questions d’accès, d’usages et
d’appropriation de l’information pour actualiser leur projet citoyen et qui va à l’encontre du
paradigme informationnel.
Des chercheurs québécois de la discipline de la communication investiguent déjà ce
champ de recherche qu’il s’agisse de communication médiatisée par ordinateur (CMO) ou de
l’approche de la socio-politique des usages des TIC [2]
liée notamment aux enjeux citoyens [3].
Cependant, force est de constater que ces nouvelles pratiques sociales sont peu connues.
Pourtant, ces
nouvelles pratiques expérimentent et développent de nouvelles stratégies et tactiques qui
gagnent à être connues. Particulièrement, au Québec, les pratiques sociales médiatisées par
les technologies de l’information et de communication (TIC) sont encore très peu
documentées dans le domaine du travail social [4]
.
Conséquemment, pour son numéro d’octobre 2008, NPS invite les praticiens-nes, les
étudiants-tes engagés-es en intervention sociale, les militants-tes des organismes syndicaux,
communautaires et bénévoles, les professeurs-es et les chercheurs-es à réfléchir aux enjeux
que pose la société dite de l’information pour les acteurs sociaux tant des institutions
publiques, académiques que des mouvements sociaux. Ce dossier est une contribution à
l’identification des enjeux sociaux locaux, nationaux, mondiaux mais aussi au repère de
nouvelles pratiques sociales et académiques face au développement de la société de
l’information.
Nous cherchons donc des contributions scientifiques mettant l’emphase sur les enjeux
démocratiques que soulèvent de nouvelles pratiques sociales médiatisées par les TIC :
- pour
qui, par qui ? - Au service de quels besoins ou de quels groupes sociaux ?
- Par quelle
appropriation sociale, par quels usages, vers quelles finalités et quelle éthique ?
Analyses sur le sens des nouvelles pratiques sociales médiatisées par les TIC
- Problématisation entre médiation, technique, intervention et pratique sociale : quels
potentiels et enjeux démocratiques ? Comment le déterminisme technologique
s’actualise-t-il dans la sphère sociale ?
- Analyse du discours de représentantEs de la société civile : projet citoyen et société
« de l’information » ; proposition(s) de gouvernance médiatisées par les TIC ; etc.
- Problématisation de l’identité à l’ère de la virtualité et du cyberespace : émergence de
nouveaux courants théoriques et pratiques « cyberféministe » et « cybermilitant » ; les
concepts de « Sujet nomade », « hybridité », « desembodiement » et leur portée
citoyenne ; etc.
- Pouvoir médiatique : analyse de discours sur les problèmes sociaux diffusés sur
Internet par les médias traditionnels, communautaires et alternatifs.
Analyses sur les méthodes et formes de nouvelles pratiques sociales médiatisées par
les TIC
- Analyse de stratégies communicationnelles ayant recours aux TIC pour sensibiliser et
mobiliser l’opinion publique :
— * Organisations communautaires ou publiques qui visent à établir un rapport
de force ; organisations qui optent pour une stratégie conflictuelle médiatisée
par les TIC ; nouvelles pratiques en marketing social ; analyse d’une
pratique de communication participative ; etc.o
— * Des pratiques liées à des phénomènes : la propagande haineuse, mysogyne
et anti-féministe, etc. - Analyse des usages institutionnels des TIC et enjeux citoyens : cyberdémocratie et gouvernance par Internet ; confidentialité, contrôle et usages de banques de données
et de systèmes informatisés ; etc.
- Réflexions critiques et scientifiques sur les usages citoyens de nouveaux objets
communicationnels (cellulaires, blogues, blackberry, liste de diffusion, etc.) :
— * Quel(s) impact(s) pour le lien social et politique ? Pensons à ces usages qui
favorisent une mobilisation « spontanée » ; à l’information qui prépare la prise
de décision mais qui est diffusée en-dehors des lieux collectifs décisionnels ;
à la mobilité des acteurs sociaux ; etc.
— * L’accès et les usages de l’ordinateur et d’Internet induisent-ils une fracture
politique à l’intérieur même de nos organisations ?
— * Développement et usages du « libre » : une option citoyenne !
— * Nouvelles morphologies de pratiques sociales médiatisées par les TIC :
réseaux, coalitions, engagement militant distancié, etc.
- Réflexions critiques et scientifiques sur le potentiel démocratique du cyberespace :
Internet un lieu de liberté, d’expression et de débat ?
Les manuscrits doivent être soumis avant le 15 novembre 2007 par courrier électronique à
Nouvelles pratiques sociales (nps@uqam.ca).
Pour toute question relative à ce numéro thématique, les auteur(e)s sont invité(e)s à
communiquer avec les responsables :
- Sylvie Jochems Maryse Rivard
Professeure Responsable des communications
École de travail social
Université du Québec à Montréal
Centre de documentation sur l’éducation des
adultes et la condition féminine(CDÉACF)
Tél. : 514-987-3000 poste 3702 Tél. : 514-876-1180 poste 334
- Jochems.sylvie@uqam.ca rivard@cdeacf.ca