Projet Expert, laboratoire d’usages Marsouin

Les dynamiques locales d’écriture publique sur Brest et Vandœuvre lès Nancy.

L’expérience des Places Publiques Locales

Le développement des usages de l’Internet a fait émerger l’importance des dynamiques d’auto-publication (blogs) ou de co-publication. Caractérisé par la simplification des logiciels de publication, ce nouvel essor de l’Internet est marqué par l’importance des sites personnels ou collectifs dans divers domaines, de la diffusion de l’intimité dans l’espace public aux sites favorisant l’expression des citoyens.

C’est ce développement qu’il convient d’interroger, à la fois dans une dimension spatiale et temporelle. Spatiale, puisque le renouvellement institutionnel favorisant l’exercice d’une citoyenneté active s’ancre dans un local pratiqué. Temporelle, puisque l’expression citoyenne n’est évidemment pas chose nouvelle apparue ex-nihilo, que ce soit par la mise en œuvre d’un dispositif législatif ou par la diffusion des usages de l’Internet. Les formes de l’expression citoyenne sont multiples et variées comme le laisse entrevoir le terrain brestois.

Reprise de l’article publié par Olivier Trdan sur le site du projet Expert

E - X - P - E - R -T

EXpression Publique : État des lieux et Réalisation de Tutoriaux

publié mercredi 25 janvier 2006

par Olivier Tredan

Autres articles publiés :

publié samedi 31 décembre 2005

par Nicolas Jullien

publié lundi 6 février 2006

par Hakima Moussaid, Florence Morvan, Michel Briand, Frédéric Bergot

publié le vendredi 3 juin 2006

par Olivier Tredan et Daniel Thierry

publié lundi 9 janvier 2006

par Anne Dhoquois

publié vendredi 27 mai 2005

par Aude Barthélemy

  • Expression citoyenne dans la Société de l’information.

Article publié dans le cadre de l’ouvrage "Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de l’information à paraître

par Michel Briand

publié jeudi 26 mai 200(

par Aude Barthélemy

Face aux sites Web d’expression publique perdurent des supports médiatiques plus traditionnels (gazettes de quartiers, télévision locales...). Le véritable phénomène à étudier serait alors le passage d’un mode de communication à l’autre. Dans quelle mesure les actions publiques en faveur de la diffusion d’un objet technique ont changé les habitudes de publication ? Comment se déroule ce passage ; si passage il y a ? Ou au contraire, quelles sont les résistances qui se jouent autour de la diffusion des usages de la co-publication ?

La démarche de Place Publique dans un cadre localisé, Brest et Vandœuvre-lès-Nancy, interroge les dynamiques d’expression citoyenne dans un processus de transcription des paroles citoyennes en ligne. La présente étude a en effet pour fonction de mesurer la pertinence des outils utilisés pour favoriser cette prise de parole publique. Les évolutions observables dans les dynamiques de production de l’information et dans les modalités de mise en circulation permettent ainsi d’interroger à la fois l’ergonomie des produits mis en place, mais aussi les représentations quant à la prise de parole en ligne. L’hypothèse induite est une perception d’un support médiatique adapté en fonction de la finalité de la publication.

La position de l’association Place Publique soulève ainsi une série d’interrogations. Elle est porteuse d’une double expertise. Elle forme le public aux techniques d’écriture journalistique, puis les encadre dans un espace de publication centré sur les villes, les Places Publiques Locales. Le rapport idéalisé au journalisme, cheville ouvrière de la démocratie, va structurer les expérimentations menées sur les deux terrains. Le préalable à l’écriture publique en ligne est en effet la formation aux règles de la pratique journalistique. L’observation des pratiques d’écriture développées par les écrivants publics dans les quartiers permet alors de mesurer les écarts entre les velléités de Place Publique de former un public à l’écriture journalistique et les attentes d’un public majoritairement investi dans l’espace public local. La démarche de l’association prétend renforcer l’efficacité rédactionnelle des rédacteurs locaux par l’acquisition de savoir-faire développés dans un cadre professionnel.

La fonction de l’écriture publique se retrouve interrogée dans un cadre localisé. Il est en effet nécessaire d’appréhender les démarches d’écriture publique dans le cadre de la ville, notamment en prenant en considération les différentes territoires intermédiaires qui la composent. Le cas brestois nous apprend effectivement le développement de démarches dans un cadre de proximité, où se développent des réseaux sociaux autour d’un vécu et d’une identité de quartiers partagés. Moins qu’une démarche journalistique, la fonction des écrits de proximité assurerait une double fonction : celle de la représentation d’intérêts localisés et de l’entretien d’identités particulières, au sein d’espaces publics autonomes. Dans cette veine, nous émettrons que cette expression publique nécessite au préalable un processus de légitimation de ces écrivants ; récusant par la même l’idée d’une expression publique généralisable.

L’expérimentation de Place Publique interroge les processus d’une expression publique en ligne, dans le cadre d’espaces de publication préalablement développées :

Elle interroge les résistances face à la diffusion des usages de l’Internet, observables en particulier chez des acteurs insérés dans un tissu social peu propice à l’appropriation de l’Internet ; Elle met en lumière les contradictions inhérentes entre la mise en place d’un cycle de formations en vue de l’adoption des règles journalistiques et des acteurs qui cherchent partiellement à se départir d’un modèle d’écriture normé ; Le développement de l’écrit public dans le cadre de territoires interroge l’unicité de l’espace public local. La démarche de Place Publique repose effectivement sur le présupposé d’un contexte local pacifié, marqué par l’absence de tensions internes à la Ville.
Penser l’espace public local, singulier ou pluriel ?

Réfléchir sur les dynamiques d’écritures publiques et plus largement l’expression citoyenne ne peut bien entendu faire l’économie d’une réflexion sur la démocratie locale. Il ne va effectivement pas de soi de découpler ces écrits des initiatives menées en faveur de la consultation des habitants, quelques soient les formes et modalités choisies. L’information produite, émanant de collectifs ou d’institutions publiques, joue un rôle éminemment important dans la structuration d’un espace public local. Les procédures de consultation mises en place jouent un rôle d’évacuation de la conflictualité1. De plus elles favorisent les procédures d’institutionnalisation de collectifs au sein d’un espace publique « légitime ». Mais l’expression citoyenne ne peut se résumer à cette seule dimension procédurale.

Bien au contraire, l’analyse de l’écrit public, sous son double statut d’action publique et d’initiatives des citoyens, nécessite de prendre en compte les multiples manières dont les acteurs définissent, perçoivent et pratiquent leur engagement dans l’espace public, tout autant que leur appartenance à des collectifs. Cette approche nécessite alors de prendre en compte les obstacles rencontrés par ces acteurs et les possibilités qu’ils créent. Les dynamiques ainsi développées doivent nécessairement être prises en compte avec leur contexte de production. Cet ancrage local structure et alimente les processus de production, de même qu’elles influent sur la perception de l’espace local. Cette remarque aboutit nécessairement à affirmer l’importance des territoires de proximité, territoires vécus, dans les processus de production de contenu médiatisé.

Il est effectivement aisé de postuler l’existence d’un espace public, révélé par procédures institutionnelles mises en œuvre. Le singulier ici s’impose pour caractériser les démarches développées : Conseils de quartier, groupe coopératif autour de la diffusion de la culture numérique ou Place Publique. Or, l’observation des démarches d’écriture publique laisse davantage supposer une multiplicité d’espaces publics locaux, en particulier dans le cas brestois. Néanmoins, notre problématique n’est pas d’analyser directement ces espaces publics en action2. Nous cherchons davantage à montrer l’importance du rôle de l’information produite et mise en circulation dans un espace social restreinte. Cette circulation réticulaire - notamment par ce que l’information transite par des relais sociaux de proximité - aboutit à la structuration d’espaces publics locaux relativement autonomes, où se conjuguent affirmation de collectifs particuliers à travers la reconnaissance de l’action menée par le collectif et par la collectivité élargie.

Dans ce sens, l’espace public local constituerait moins une scène unifiée et animée par le pouvoir local que des théâtres autonomes de luttes où les groupes cherchent à assurer leur reconnaissance. L’espace public pris dans le sens d’une scène d’apparition nécessite alors de prendre les acteurs sociaux en leur qualité d’agents, non pas uniquement considérer les écrivants publics comme parfaitement rationnels dans leurs moyens et leurs fins, mais que leur action est également influencée par leur position occupée dans l’espace social. Il est alors nécessaire de ne pas s’intéresser uniquement aux motivations exprimées par les acteurs, mais également aux systèmes de représentation qui conditionnent leurs actions. De quelle légitimité disposent les acteurs en présence ? Dans quel cadre et par quel processus est-elle socialement construite ?

Cette caractéristique de l’espace local divisé en espaces publics locaux relativement autonomes, au sein desquelles se construisent et se résolvent des problèmes publics de proximité, interroge de la sorte la démarche Place Publique au niveau local. Dans quelle mesure le projet est-il adapté au terrain local. Ou plus exactement, nous émettons l’hypothèse d’un modèle d’organisation éditoriale qui repose sur une gestion centralisée en inadéquation structurelle avec les réalités d’une prise de parole publique autonome et décentralisée. En d’autres termes, la négation des spécificités des initiatives prises dans les espaces de proximité aboutirait à une autre négation de la part des acteurs investis dans ces micro-territoires. De ce point de vue, le point de cristallisation se concentre autour du concept de « refus d’auto-promotion » posée par Place Publique comme préalable à toute démarche journalistique, alors que cette même auto-promotion (ou plus exactement auto-valorisation) constituerait la raison d’être de l’investissement des journalistes amateurs. Place Publique constituerait davantage une scène de médiation au sein de l’espace public local en vue de mise à l’agenda de problèmes publics et de théâtre pour la mise en visibilité d’actions collectives, qu’un espace où pourrait se créer ex-nihilo une nouvelle forme d’expression citoyenne, basée sur un investissement distancié à l’égard de toute participation à des réseaux de sociabilité.
Les nécessités d’une mise en perspective des politiques locales.

La démarche de Place Publique, couplée d’une action publique visant à développer l’écrit public en ligne, nécessite une mise en perspective. Cette prise de distance permet de mieux cerner le processus de production d’une action publique particulière. Cette déconstruction vise à mettre en lumière le rôle joué par chacun des participants.

Dans le contexte localisé brestois, l’élu référent pour la mise en œuvre d’une politique publique en faveur d’une citoyenneté active se retrouve en position de médiateur3. Dans cette perspective théorique, les médiateurs, individus ou institutions, sont entendus comme des « agents du transfert, les traducteurs qui permettent [ à des univers sociaux] de se parler l’un à l’autre. [...] Chacun à leurs manières, ils ont été des traducteurs, prélevant des informations dans une sous-culture et les transformant en données compréhensibles pour une autre.4 »

Cet acteur central dans le développement dans l’action publique en faveur de l’appropriation sociale des nouvelles technologies se retrouve ainsi aux frontières de trois univers sociaux. Universitaire, il occupe une fonction de directeur de la formation au sein de l’ENSTB [Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications de Bretagne]. Politique, il est élu Vert et adjoint au maire de Brest (démocratie locale, citoyenneté et nouvelles technologies). Associatif, on le retrouve proche du tissu associatif local et co-fondateur d’associations nationales, dont l’action est centrée sur la diffusion des usages de l’Internet (I3C, Créatif...).

Le caractère pilote de la ville de Brest en matière de diffusion des usages de l’Internet peut ainsi s’analyser à travers ces différentes fonctions occupées. L’action mise en œuvre s’affiche ainsi comme le résultat des transferts d’informations d’un système à l’autre5. Ce transfert se concrétise par une activité de décodage et de recodage d’informations propres aux différents systèmes. Sa proximité cognitive avec les aspects techniques et stratégiques de l’Internet (connaissance et maîtrise des outils logiciels ou militant en faveur de la non-brevetabilité des logiciels libres) lui permet d’influer sur l’action publique locale. Plus précisément, il agit comme un traducteur, au sens de vulgarisateur, de l’information propre à l’univers de l’Internet citoyen vers l’espace politico-administratif local. Ces mêmes interactions se développent en lien avec les autres univers et interagissent, secteur associatif (« société civile ») et sphère politico-adminsitrative, à l’échelle de Brest.

Ces dynamiques de traduction s’inscrivent dans un double flux d’informations d’un espace social autonome à un autre, dans un mouvement rétroactif entre local et global. Le local, ici le contexte administratif et social brestois, sert de terrain d’expérimentation pour une mise en œuvre d’une politique locale, dont l’idéologie s’inspire des argumentaires développés dans le cadre de forums et d’arènes nationaux6. Local et global rétroagissent à travers ce flux d’informations, où l’information globale se transforme en actions locales, et où l’observation des expérimentations locales alimente une réflexion globale.

Concernant l’action mise en œuvre autour de l’ « écrit public », la fonction de médiateurs occupée entre plusieurs systèmes s’appuie sur d’autres médiateurs, secondaires, au sein de systèmes plus spécialisés. Localement (par exemple, l’association Infini, hébergeur local et relais pour la mise en place de formations à la co-publication sous SPIP), ou au sein de réseaux nationaux (Place Publique pour la diffusion d’une expression citoyenne), ces médiateurs sont des relais pour la diffusion d’usages de l’Internet. Ces deux acteurs ne constituent que quelques exemples parmi des cas plus nombreux, mais illustrent cette dynamique entre local et global, partie prenante d’une action publique sur le développement de l’expression citoyenne en ligne7. Ces rôles d’interprètes mettent également en lumière l’importance des idées dans les dynamiques de changement : l’équité d’accès et d’appropriation des technologies de l’information et de la communication, la prise de parole publique sur support multimédia. Cette expression est permise par un apprentissage dans le cadre de formations publiques et gratuites. Plus largement, l’idéologie s’enracine dans une tradition démocratique, reposant sur le pluralisme des idées en présence et sur leur diffusion par des canaux appropriables par tous. Il est alors significatif de rappeler que l’idée de formation à l’écrit journalistique d’un public profane a été co-construite par une journaliste (Place Publique) et l’élu référent.

Cette même observation est possible, quoique plus institutionnalisée, sur le terrain vandopérien. Maire et responsables de services au sein de la collectivité joue cette même activité de médiations. La dynamique locale autour de l’Internet s’ancre, dans le cas de Vandœuvre, dans une problématique de modernisation des services municipaux, centrée sur la réduction de la distance administration - administré , davantage qu’élu - citoyen. De fait, le rôle de Place Publique au sein de l’action engagée pour l’usage de l’Internet apparaît davantage secondaire. La valeur centrale portée au sein du dispositif repose sur une conception gestionnaire de la municipalité. Les citoyens sont intégrés dans le cadre de procédures de consultation, incités à faire valoir leur expertise issue de la pratique de la ville.
Méthodologie.

Pour l’étude du développement d’une expression publique « citoyenne » sur les territoires de Brest et de Vandœubre lès Nancy, notre démarche a été de procéder à une enquête qualitative sur la base d’entretiens semi-directifs. Ils ont été réalisés autant auprès des pratiquants de l’écriture publique que des acteurs institutionnels chargés partie prenante de l’animation d’une politique publique en faveur de l’expression citoyenne en ligne.

Un préalable nécessaire est bien entendu la maîtrise des terrains locaux. Notre démarche, en vue de constituer un corpus représentatif, implique une connaissance précise du contexte local propre à chacune des deux villes. Ce travail réalisé en amont permet ainsi d’éviter un écueil important. Se focaliser de manière trop limitée sur les expériences institutionnalisées ou montrer en exemple par la collectivité implique un risque de surévaluer leur importance. Ces expériences ne révèlent ni la diversité, ni la complexité des situations d’écriture publique et risquent d’occulter des initiatives davantage représentatives. De la même manière, il faut être vigilant sur les réalisations qui s’intègrent dans le tissu local, mais qui ne donnent pas lieu à une communication importante. Cette méthode s’est avérée être plus simple à mener sur Brest que sur Vandœuvre, principalement du fait d’une connaissance ancienne des expériences menées sur le terrain brestois. D’autres raisons peuvent être avancées, tout en soulignant les orientations méthodologiques choisies.

Une première approche pour appréhender le terrain local consiste à observer le local par le biais de l’Internet. Cette méthode permet effectivement de prendre connaissance en particulier des initiatives prises en matière d’expression ou d’animation de collectifs par le biais d’un usage de l’Internet et le développement d’un site Internet. Cette pratique est largement simplifiée dans le cas Brestois, où le service Démocratie Locale et Citoyenneté anime deux sites de co-publication, une ressource informationnelle sur les expériences développées localement, le plus souvent en lien avec l’Internet. Pour l’exemple, l’appel à projets multimédia8 organisé par la Collectivité constitue une première base de données sur les actions locales. D’autres collectifs, tel que la Ligue de l’Enseignement - FOL29, prennent également le soin de communiquer les initiatives locales des habitants. Nous avons ainsi pu bénéficier des différentes informations relatives au Collectif des journaux de quartiers.

Il est toutefois bon de souligner les déconnexions observables entre ce que la manière dont le tissu local s’offre à voir sur Internet et la réalité des activités locales. La création de sites Web est le plus souvent le fait de collectifs bénéficiant d’une représentativité limitée dans l’espace local. L’Internet permet à des acteurs de communiquer par ce canal, pour combler partiellement les difficultés d’accès aux médias traditionnels. A l’inverse, nombre de collectifs représentatifs ne jugent par forcément bon de développer leur propre outil de communication. Ce décalage entre tissu local réel et tissu virtuel nécessite de recourir à d’autres voies pour parfaire la connaissance des terrains d’études. Celle-ci est apportée par quelques entretiens réalisés en amont auprès des acteurs administratifs chargés du suivi et de l’animation des actions publiques en faveur des dynamiques de prise de parole publique, notamment dans le cadre des démarches de démocratie participative.

Notre étude prenant appui sur l’expérimentation menée par Place Publique à Brest et à Vandœuvre lès Nancy, les écrits publiés offrent une base supplémentaire en vue de la constitution d’un corpus d’entretiens. La consultation des deux sites d’expression citoyenne a fait l’objet d’un recensement afin d’identifier les acteurs les plus prolixes. L’organisation de Place Publique forme une autre entrée pour identifier les acteurs les plus investis, dans le cadre du Comité de rédaction. Cette entrée permet à la fois de comprendre les objectifs du projet - à Brest, la mairie est largement représentée dans le dispositif - et de connaître les acteurs les plus investis dans les démarches d’expression publique - à Vandœuvre, les correspondants de secteur. Les formations à l’écriture journalistique constituent enfin une dernière base de données. Nous avons sélectionné quelques acteurs ayant participé à ces formations, en croisant cette information avec celles disponibles sur ces acteurs (investissement associatif, participation à des démarches d’écriture autonomes, liens existants avec d’autres associations ou les collectifs institutionnalisés - par exemple le groupe Citoyenneté et nouvelles technologies9 brestois).

Il est nécessaire de rappeler que la composition d’un corpus, construit partiellement à partir des acteurs participants aux Places Publiques Locales, ne vaut qu’au moment de sa composition. Il ne peut en effet prendre en compte les évolutions ultérieures constatées. Soulignons comme exemple le remplacement de certains membres du Comité de rédaction de Place Publique Vandœuvre. Ce turn-over a pour conséquence de réduire la place des Correspondants de secteurs, acteurs sur qui repose la démarche locale de démocratie participative, dans le Comité de rédaction. Cette évolution, tout comme l’arrivée de nouveaux participants, ne peut évidemment être prise en compte.
La réalisation d’entretiens.

Les corpus constitués regroupent 40 entretiens, respectivement 26 sur Brest et 14 sur Vandœuvre lès Nancy. Ce corpus tente ainsi de couvrir l’ensemble des aspects soulevés par les dynamiques d’écriture publique. Nous avons rencontré plusieurs animateurs de sites développés sous SPIP. L’écrit public ne pouvant se résumer à la dimension de l’Internet, nous avons également cherché à rencontrer les écrivants publics participant à des démarches d’expression citoyenne, tel que les journaux de quartier. L’objectif était moins de les interroger sur leurs pratiques de l’Internet que de comprendre la manière dont leur démarche s’articulait avec le contexte local. L’écrit public constituant une politique publique menée sur les terrains brestois et vandopériens, nous avons interviewé les différents protagonistes : élus, personnels administratifs, animateurs socio-culturels, associations para-municipales.

Nous avons donc adopté une démarche sur la base d’entretiens semi-directifs. Cette méthode s’est doublée dans certains cas d’une observation participante, lorsque celle-ci était possible. En effet, quelques entretiens réalisés depuis le domicile des enquêtés ont permis d’observer la pratique de l’Internet des usagers devant leur ordinateur personnel. Une autre observation a pu être menée dans le cadre d’une « conférence de rédaction » du journal de quartier de Bellevue, quartier brestois. Cette dernière méthode a permis de mieux cerner le rapport entretenu à l’informatique par une population majoritairement résidant dans des quartiers d’habitat social. De même, l’observation d’une réunion de journal a permis de mettre au jour des tensions tues dans le discours que les acteurs portent sur leur propre activité.

PDF - 918.7 kio
Le rapport complet
Posté le 12 février 2006

licence de l’article : Contacter l’auteur