POC21 : Le Film

POC21 Lasercut Logo

Qu’est-ce que l’open source peut apporter face aux défis posés par les changements climatiques ? Proof Of Concept 21 (POC21) apporte quelques éléments de réponse, que vous pouvez aujourd’hui retrouver dans un documentaire qui retrace ces cinq semaines de vie de château.

L’Innovation Camp POC21, c’est un peu la Star Ac’ de l’open source : 100 personnes enfermées pendant cinq semaines dans un château pour construire des solutions open source ; zéro carbone, zéro déchet. Alors que la COP21 tente de traiter les problématiques liées au réchauffement climatique de façon descendante, POC21 propose une démarche plus ascendante.

L’open source est un mode de conception où, au lieu de protéger la production intellectuelle derrière des brevets, vous allez l’ouvrir, la mettre à disposition de tout un chacun. D’abord utilisée dans le monde du logiciel, cette méthode s’étend aujourd’hui au hardware et à la production d’objet. Pour mieux appréhender l’open source il faut, dans un premier temps, se soustraire à la posture idéologique : open source ne veut pas dire gratuit. Il ne s’agit pas d’un reliquat de quelque communauté hippie qui arriverait maintenant à se connecter à Internet depuis le Larzac.

L’open source permet, dans certains cas, des processus d’innovation plus rapides : en ouvrant les plans de vos objets, des communautés peuvent s’en emparer, les tester, les optimiser. C’est également un mode de conception beaucoup plus agile ; ces communautés situées un peu partout dans le monde vont pouvoir adapter les objets en fonction des besoins et des contraintes locales.

L’objectif de POC21 c’est “d’accélérer ces projets”, de les rapprocher du grand public pour que les communautés puissent s’en emparer, les développer, les adapter. Parmi ces projets, figurent notamment une éolienne à 30 euros réalisée à partir d’objets de récupération, un filtre antibactérien adaptable à n’importe quelle bouteille, pour boire l’eau de n’importe quelle source ; un concentrateur solaire thermique qui crée de la vapeur et une douche qui nettoie l’eau et la réutilise en temps réel.

En documentant leurs avancées sur Internet, les projets vont permettre à des communautés partout dans le monde de s’approprier ces travaux. De les copier, les adapter, les détourner. C’est cette démarche d’ouverture des savoirs permis par Internet qui fait émerger des processus d’intelligence collective à grande échelle. POC21 coordonne ces publications mais c’est bien à chacun des projets de prendre la main sur sa documentation afin de favoriser l’émergence d’un écosystème qui leur est propre.

Mais l’open source c’est aussi une fenêtre sur des modes de travail nouveaux. Le concept de rationalité économique évolue et les critères de rendement sont de plus en plus subordonnés au critère de développement humain. C’est, d’après le philosophe André Gorz (1923-2007), l’une des grandes différences entre les travailleurs des industries taylorisées et ceux du postfordisme :

Les premiers ne devenaient opérationnels qu’après avoir été dépouillés des savoirs, des habilités et des habitudes développées par la culture du quotidien, et soumis à une division parcellaire du travail

Avec POC21 c’est strictement l’inverse : les projets arrivent avec leurs histoires, leurs compétences, leurs expériences et on va les entourer de savoirs, d’habilités – pour reprendre les mots de Gorz – avec des mentors aux multiples compétences qui viennent de partout dans le monde.

Lorsque vous irez visiter le Fab Lab en bas de chez vous, la plupart du temps vous ne verrez pas d’innovation dans les technologies utilisées : nombre d’entre elles existent depuis longtemps. Ce que vous verrez, ce sont des gens qui apprennent en faisant et qui par là se réapproprient de fait le travail.

La propagation d’une forme de travail productif dans toutes les dimensions de notre vie sociale qui, petit à petit, vient « marchandiser » notre espace privé, nous pousse de plus en plus à développer des activités, du travail où la production de soi est la finalité première. C’est ce qui peut expliquer la volonté de plus en plus de personnes de s’impliquer dans des associations, de faire des choses avec leurs mains, de porter des projets en marge de leur activité principale. Ces nouvelles formes d’individuation ne doivent pas faire oublier la nécessité, pour toucher un public plus large, de construire des modèles économiques viables autour de ces logiques. Ceux-ci seront hybrides et plus distribués, certains d’entre eux existent d’ores et déjà.

Gorz voyait « la lutte engagée entre les logiciels propriétaires et les logiciels libres comme le coup d’envoi du conflit central de l’époque« . Avant de conclure que « de la tournure que prendra cette lutte dépend la forme civilisée ou barbare que prendra la sortie du capitalisme« .


Image à la une : POC21 : Lasercut Logo

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Via un article de Edwin Mootoosamy, publié le 16 janvier 2016

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