Peut-on lire l'intégralité d'un aperçu sur Google Books ?

J’utilise très fréquemment la bibliothèque de Google, Google Books, pour mes recherches bibliographiques. Elle n’indexe en effet pas seulement des métadonnées mais donne accès à une petite partie d’une livre via la fonction "aperçu".

Évidemment, à ce jeu là, la consultation devient rapidement frustrante. La lecture d’un passage particulièrement intéressant débouche sur ceci :

Page non consultable de Google Books

Page non consultable de Google Books

Il existe pourtant une petite astuce : utiliser le navigateur du réseau TOR. Ce réseau est conçu pour préserver l’anonymat de l’internaute. Il procède à un masquage collectif des adresses IP. Pour le résumer simplement, X va prendre l’adresse de Y qui va prendre l’adresse de Z et ainsi de suite, jusqu’à ce que W prenne l’adresse de X. Toutes les adresses sont mises à jour au bout d’une dizaine de minute. TOR permet ainsi de contourner les dispositifs de censure mis en place par divers États (Russie, Chine et, même si l’on ne joue peut-être pas encore dans la même ligue, la France…). Or, Google n’est ni plus ni moins faillible qu’un État.

D’expérience j’ai pu remarquer qu’il existe deux fonction aperçu distinctes dans Google Books, le choix dépendant probablement d’accords préalables avec les maisons d’édition. La première est "fixe" : elle détermine un corpus prédéterminé de page visible par tous les utilisateurs (souvent l’introduction d’un ouvrage). La seconde est "mobile" : l’utilisateur peut consulter un nombre limité de page, la sélection étant définie par une algorithmique savante (souvent au bout de la consultation de quelques pages d’affilée…). Cette seconde fonction est diabolique. L’internaute perd son droit de lire lorsqu’il est plongé dans une lecture suivie et, par-là même, fortement incité à acquérir l’ouvrage (d’autant qu’il y a parfois un beau bouton rouge sur le côté permettant l’acte d’achat en un clic). Et pourtant ce dispositif machiavélique est fragile : il ne résiste pas à TOR.

En ouvrant un aperçu mobile avec le navigateur de TOR, l’algorithme de consultation est réinitialisé à zéro. Vous n’êtes plus un lecteur assidu qui cherche à accéder à une page de plus mais un curieux nouvellement débarqué.

La même page que précédemment consultable via TOR

La même page que précédemment consultable via TOR

Lorsque le problème se renouvelle, il suffit de recharger la page (si il s’est écoulé plus d’une dizaine de minutes) ou de demander une nouvelle identité (dans un menu déroulant du navigateur de TOR, accessible dans les versions les plus récentes depuis le bouton avec une icône d’oignon, sachant qu’il est préférable de ne pas abuser de cette fonctionnalité).

Solliciter une nouvelle identité avec TOR

Solliciter une nouvelle identité avec TOR

Pour que la tactique soit efficace, je recommande d’indiquer le numéro de page à consulter dans l’url. Les liens de Google Books sont en effet structurés comme une API : lien de base ("https://books.google.fr/books ?") + identifiant du livre ("id=yAzJ0oCM9b8C") + numéro de page ("&pg=PA150", la partie après "=" pouvant être remplacé par n’importe quel numéro de page et doit parfois être précédée de PA) + plein d’autres infos, pas forcément nécessaires (voire franchement nuisibles : j’ai l’impression que Google Books transmet des données sur l’identité du lecteur).

Cette petite astuce a aussi une utilité collective. En consultant un livre en ligne, on fait un usage modéré du réseau TOR (on reste toujours la même page, même si les images du livre sont chargées au fur et à mesure) tout en contribuant à ce commun numérique mondial. L’adresse IP devient en effet disponible pour des internautes confrontés à de lourds dispositifs de censure.

Sciences communes

URL: http://scoms.hypotheses.org/
Via un article de Pierre-Carl Langlais, publié le 30 décembre 2014

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