La Fabrique Citoyenne et le Ouagalab

Contexte
Le concept de la Fabrique Citoyenne présenté à Brest il y deux ans lors du cinquième forum des usages, est le projet imaginé par la Scop Sapie pour engager une transition professionnelle et économique, depuis son métier de conseil aux institutions, vers une compétence partagée avec les initiatives citoyennes.
Depuis, la SCOP (société coopérative de production) s’est transformée en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), a ouvert un tiers-lieu à Limoux (une petite ville de 12000 habitants aux portes de la Haute Vallée de l’Aude, où se trouve son siège social) comprenant un espace de coworking et un fablab rural, a organisé un Open Bidouille Camp à Mauvaisin (un petit village de Haute Garonne de quelques dizaines d’habitants) dans le cadre de la semaine « Villes en biens communs », a monté une première formation Animacoop à Toulouse avec l’association Outils-Réseaux et a noué un partenariat solidaire avec le OuagaLab au Burkina Faso.

L’effet réseau
C’est grâce au réseau Anim.fr auquel la Scic Sapie participe régulièrement depuis Brest 2012, que des contacts ont pu se nouer avec Gildas Guiella à l’origine du projet du OuagaLab.
Le contact s’établit d’abord à distance via le site d’Imagination for People puis grâce à Skype. Sapie met alors à contribution son expérience confirmée d’ingénierie de projet et son investissement récent dans le projet de FabLab rural à Limoux pour aider l’équipe du OuagaLab à définir sa stratégie.
En octobre 2013, Bernard Brunet de la SCIC Sapie a l’occasion de se rendre au Burkina Faso et de rencontrer l’équipe du OuagaLab avec qui il réfléchit aux conditions et aux enjeux du développement du projet.
Une note de présentation synthétique et surtout l’idée de lancer une campagne de crowfunding pour financer l’aménagement d’un lieu pour le OuagaLab vont naître de cette rencontre chaleureuse et stimulante.

Le projet du OuagaLab
Le projet
Lancé à l’occasion d’InnovAfrica en 2011 à Ouagadougou, un projet de Fablab a pu voir le jour, hébergé provisoirement dans les locaux de l’association Yam Pukri.
Les premières activités se sont organisées autour du montage d’une fraiseuse numérique (à l’occasion d’un boot-camp en 2012) ainsi qu’une initiation aux logiciels libres, mais aussi de la construction d’un prototype de four solaire et plus récemment d’une éolienne Pigott pour produire de l’électricité.
Cependant l’équipe de jeunes qui porte le projet, enthousiastes et motivés, imagine de le faire rapidement évoluer vers la création d’un tiers-lieu qui pourrait accueillir plus largement les acteurs de l’innovation au Burkina, une idée baptisée Vision-Afric-Espace.
Ce lieu qui pourrait voir le jour dans le quartier de Kalgondin, pourrait ainsi progressivement offrir :
• Un espace FabLab dans lequel assembler et s’initier au fonctionnement de machines numériques telles que la mini-CFC (découpe Laser), une imprimante 3D, la programmation de cartes Arduino… mais aussi s’approprier collectivement des démarches DIY (do it yourself) comme la construction d’une éolienne.
• Un espace de Fab-coworking susceptible d’accueillir les porteurs de projets innovants qui souhaitent développer un prototype et lancer une première série de fabrication. Plusieurs projets de ce type sont déjà identifiés autour des énergies renouvelables, du recyclage, des innovations dans le domaine agricole…
• Un espace dédié au co-working, à la formation, à la rencontre et aux échanges entre acteurs de l’innovation, un lieu qui manque aujourd’hui à Ouagadougou et qui pourrait être géré de manière coopérative avec d’autres structures.
L’équipe, les partenaires, la structure
Une équipe solide s’est constituée autour de Gildas Guiella qui porte le projet, avec notamment Ahmet Ouedraogo, Mathieu Bruneau, Issouf Kaboré, Soumaila Ouedraogo, Moumouni Compaoré, Kisito Gaméné et Fofana Bazopour.
Leur prochaine démarche sera de se constituer en association afin de devenir un interlocuteur crédible vis-à-vis des pouvoirs publics et des ONG qui pourront aider au développement du projet.
Cependant le groupe est d’ores et déjà partenaire de Imagination for People et membre d’IP Burkina. Une collaboration avec la SCIC Sapie (La fabrique Citoyenne) permet par ailleurs de mettre en place un accompagnement méthodologique à la construction du projet.
Les étapes à venir
Un lieu pour l’implantation du projet a été identifié, une cour qui pourra être mise à disposition de l’association et dans laquelle il sera possible d’auto-construire progressivement les bâtiments pour accueillir les différentes activités.
Le groupe va chiffrer le montant des investissements nécessaire à l’équipement du lieu (installation électrique et compteur d’eau, abris terre auto construits, portail fer, mobilier de base, sanitaires...).
Sur cette base, il pourrait être envisagé de lancer une campagne de crowfunding en mobilisant la sympathie des Fablabs français et francophones, sachant qu’il s’agira d’un investissement très modeste au regard des standards européens.
Il faudra ensuite que l’association définisse son modèle économique en calculant son budget de fonctionnement (coût des fluides et abonnements, salaire gardien et animateur) et ses recettes potentielles (participation des utilisateurs avec montée en charge progressive).

La campagne de crowfunding
Montée sur la plateforme KissKissBankBank par Bernard Brunet (qui ne savait pas encore grâce à Valérie Peugeot qu’il existait des plateformes plus solidaires comme Arizuka), la campagne intitulée « Un lieu pour le OuagaLab » résume le projet ainsi :
« Il s’agira de proposer un lieu pour accueillir le fablab mais aussi un espace de fab-coworking pour les porteurs de projets innovants qui ont besoin de fabriquer un prototype de leur idée, ainsi qu’un espace dédié au coworking, à la formation, à la rencontre et aux échanges entre acteurs de l’innovation.
Ce lieu a été trouvé, une cour appartenant à la famille de Gildas dans le quartier de Kalgondin derrière l’aéroport international de Ouagadougou.
Un minimum de réparations, d’aménagements et d’équipements sont indispensables pour la rendre fonctionnelle.
C’est pour les financer que le OuagaLab souhaite faire appel au public au travers de cet appel à crowfunding.
La cour que l’on peut découvrir dans la vidéo de présentation, nécessite d’être aménagée (comme le montre le croquis ci-contre) par la réfection de la petite construction existante, la reconstruction du mur et la pose d’un portail, la construction d’un hangar et de sanitaires.
Il faudra installer un compteur électrique et un compteur d’eau ainsi qu’un accès Internet. Un minimum de petit outillage est également prévu dans ce premier investissement. »

Elle permet en 45 jours de recueillir plus de 7 000 € de contributions pour aménager et équiper la cour qui accueillera le FabLab de Ouagadougou mais au delà toutes les énergies créatrices et les envies d’innover d’une jeunesse africaine qui a bien l’intention de transformer son rêve d’émancipation en réalité.

Bernard Brunet.
Juin 2014.

Contribution en CCbySA de la Scic Sapie pour le sixième forum des usages collaboratifs de Brest

#ImaginationForPeople #InnovAfrica #Fablabs #solidarité #crowfundig

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Posté le 23 juin 2014 par bernardbrunet

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