Bilan de l’appel à projets 2011

Bilan proposé par l’association Longueurs d’Ondes : Immédiatiques

Les Immédiatiques ont été lancées les 5 et 6 décembre 2008, en parallèle au 6e festival de
la radio et de l’écoute. L’idée était alors de réfléchir et de faire réfléchir à la révolution emédiatique
en cours et plus largement au numérique que Michel Serres qualifie de troisième
révolution anthropologique après l’écriture et l’imprimerie.

Après une première édition sur le mode de l’exploration tous azimuts autour des thèmes « s’insoumettre », « inventer », « informer », « s’exprimer », la deuxième édition s’était construite autour d’une thématique : celle de l’espace démocratique et de ses remises en question sur la toile avec pour invités Pierre Rosanvallon et Jean-Marie Colombani. En 2010, nouveau changement de perspective : les organisateurs avaient développé une programmation analogue en terme de rythme (une table ronde en amont à la librairie Dialogues, deux conférences – inaugurale et conclusive -, et trois tables rondes le samedi) mais éclatée en terme de thématiques : « internet et géopolitique », « guerre et nouveaux
médias », « les réseaux sociaux : nouvelles sociabilités et nouveau rapport à l’intime » et enfin une table ronde consacrée à « l’année 2010 ».

En 2011, les Immédiatiques ont laissé place à l’[Off]ic[in]e, vitrine d’une création contemporaine en ébullition mêlant nouveaux médias, nouvelles technologies et démarches artistiques centrées sur le son. Du fait de la difficulté que nous avons rencontré à faire venir des « grands invités », les Immédiatiques telles qu’elles ont été pensées à l’origine n’ont pas pu avoir lieu en 2011. Nous en étions fort déçus et notre avis a été corroboré par nombre de nos partenaires
qui ont également regretté la disparition de cette journée de rencontres et de réflexions sur le nouvel espace médiatique issu de la révolution internet. Emmanuel Laurentin et Jean Lebrun, producteurs à France Culture et à France Inter ont regretté leur absence tandis que Jérôme Bouvier, médiateur de Radio France et organisateur des 6e Assises Internationales du Journalisme (du 2 au 4 octobre 2012 à Poitiers) nous soutient dans notre démarche, proposant de monter un
partenariat entre nos deux manifestations. Ces encouragements ainsi que des réactions de Brestois étonnés de la disparition de cet événement ont su nous rappeler l’importance des Immédiatiques.

Ainsi en 2013, année pendant laquelle nous fêterons les dix ans du festival Longueur d’ondes, nous envisageons de programmer plusieurs rencontres « immédiatiques » répondant à des
interrogations diverses avant, pendant et après le festival. Nous tâcherons de nous associer à différentes manifestations et structures brestoises et pourquoi pas nationales pour s’assurer de la
venue des invités mais aussi de la participation du public à ses différentes propositions.

  • L’ [Of f ] i c [ i n ] e

    Pour une première édition, le bilan de l’[Off]ic[in]e a été positif. Le public du festival s’est rendu nombreux dans la galerie du CAP au Quartz dans laquelle se sont succédées sur toute la
    journée du samedi 3 décembre différentes propositions sonores et numériques. Il s’agissait d’une première tentative pour l’association Longueur d’ondes désireuse de mettre en lumière les expérimentations et créations d’artistes multimédias.

    Se sont alternées toute la journée des performances, écoutes, rencontres et des diffusions de productions sonores en multicanal. Lucie Hardoin a proposé en début de journée un atelier
    consacré au binaural, technique de son et de synthèse 3D. Les festivaliers ont ensuite pu découvrir Duende 360° de Georges Morère, une installation en 5.1 sur le flamenco gitan. Du côté des performances, Marie-Pierre Groud et Isabelle Lesquer ont donné leurs Instructions d’usage tandis que Hélène Magne présentait au public sa Performance à l’eau ou la vie s’crète de Pierre Dac. Pour poursuivre la journée sur une note brestoise, Julien Baroghel était présent pour nous donner à entendre Pavillon noir, un documentaire sonore réalisé avec les habitants embarqués du port du Moulin Blanc. Enfin, les co-réalisateurs Pierre Baron, Raphaël Mouterde et Fred Rouziès revenaient sur leur aventure titanesque et la série documentaire qu’ils ont consacrée à la radio Lorraine Coeur d’Acier. Et ailleurs et même un peu partout dans le Quartz, les festivaliers ont eu la chance de
    découvrir plusieurs installations dont L’écoute aux portes et Territoire fragile d’Alice Calm ainsi que Eroticatchhh de Sarah Debove et Marie-Pierre Groud et Rue Beaubourg de Yann Gautron. Des séances d’écoute en 5.1, programmé par Hervé Déjardin (Radio France) et Bergame Périaux, tous deux ingénieurs du son, sont venues rythmer toute la journée par tranches de trente minutes environ.

  • Difficultés , améliorations , continuité

    Ce laboratoire sonore a eu un certain succès accueillant près de 220 personnes dans la galerie du CAP sur la journée. Si nous pouvons dire qu’il s’agit d’une réussite, nous reconnaissons que nous nous sommes cette année quelque peu égarés en des territoires qui ne concernent plus vraiment le champ thématique exploré par les Immédiatiques et qui sont par là même relativement distants des préoccupations du Service Internet et multimédia de la ville de Brest. Nous souhaitions, comme nous l’avions énoncé dans le projet initial de l’édition 2011, programmer en parallèle de cette journée consacrée à des artistes multimédias, trois tables rondes mais nous nous sommes confrontés à plusieurs réponses négatives en série et avons été quelque peu pressés par le temps
    pour l’organisation des quatrièmes Immédiatiques. En effet, à la rentrée 2011, l’association traversait quelques difficultés et devait faire face à l’absence d’une des salariés alors en congés maladie pour plusieurs semaines. C’est une des raisons qui explique pourquoi en 2011, nos efforts se sont concentrés sur l’[Off]ic[in]e et que nous avons été contraints d’abandonner provisoirement les Immédiatiques.

    Pour l’année 2013, la dixième édition du festival Longueur d’ondes et la quatrième édition des Immédiatiques, nous tâcherons d’être plus réalistes quant à la conduite de notre projet. Nous avons sans doute trop souvent voulu inviter des personnalités de renom à Brest, difficiles à convaincre dans un premier temps et susceptibles d’annuler leur venue au dernier moment. Cette année, nous nous sommes donc donnés pour objectif de voir moins haut en terme de renommée médiatique mais de travailler plus en profondeur en invitant des intellectuels dont la démarche est singulière et essentielle dans leur rapport à leur champ de recherche. Nous songeons également à nous rapprocher de différentes structures brestoises telles que l’UBO, les Géopolitiques de Brest, la librairie Dialogues et pourquoi pas le Centre Local de Documentation Pédagogique avec lesquelles nous pourrions proposer conjointement différents temps de réflexion sur l’espace médiatique contemporain.

Posté le 24 janvier 2013 par Valérie Picolo

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