Huit points de référence pour la mise en commun des biens

[ce billet est une traduction collaborative par le collectif SavoirsCom1 d’un billet publié en anglais sur le blog de David Bollier]

Une des grandes réalisations de feu la professeure Elinor Ostrom a été d’identifier les principes-clés pour concevoir des biens communs réussis. Elle en présenta huit dans son ouvrage de référence publié en 1990 « La Gouvernance des Biens Communs ». La formulation de ces principes visait un public de chercheur-euse-s en science sociales étudiant la gestion des ressources communes d’un point de vue neutre, scientifique et totalement extérieur. Il en résulte que ces principes ne sont pas très accessibles au grand public, et ne reflètent pas l’expérience directe ni la voix des contributeurs (commonners)

Lors de la première université d’été allemande sur les biens communs, qui se tint en juin à Bechstedt en Thuringe, il fut décidé de remédier à ce problème. Les participant-e-s prirent part à d’intenses débats pour définir ce à quoi ressembleraient des principes de mise en commun des ressources, s’ils partaient des principes d’Ostrom, pour refléter la perspective des Communs. De leurs travaux découle une déclaration « Huit points de référence pour la mise en commun de ressources » qui peut être vue comme une réinterprétation des principes-clés d’Ostrom.
Comme Silke Helfrich le fait remarquer sur son Commonsblog, les Huits Points de Référence pour la mise en Commun des Biens « sont basés sur l’hypothèse que les biens communs peuvent s’épanouir dans des contextes différents. La version allemande est disponible ici, la version anglaise là. Ci-dessous, une traduction en Français. Les contributeurs allemands considèrent que les formulations anglaise et allemande sont toutes deux fiables, néanmoins ils recueillent commentaires et suggestions pour d’éventuelles modifications.
Elinor Ostrom et d’autres ont formulé huit principes-clés pour l’usage partagé des ressources. Ils distillent ces leçons dans un très grand nombre d’études à travers le monde. Ils ont été écrits du point de vue des chercheur-euse-s et ont toujours une importance significative pour le mouvement des Biens Communs.
Notre approche des Biens Communs se place du point de vue de leurs utilisateurs actifs, c’est-à-dire les gens qui créent et maintiennent des Biens Communs fonctionnels . Nous nous préoccupons plus de créer des espaces communautaires et coopératifs que des institutions. Pour ce qui est des ressources elles-mêmes, nous préférons étudier la manière de les préserver et de les utiliser, plutôt que de savoir si ce sont des Biens communs matériels ou immatériels, traditionnels ou nouveaux. Par conséquent, nous parlons ici de tous types de biens communs.
Les principes-clés d’Ostrom nous fournissent un cadre pour les points de référence suivants. Nous espérons que les utilisateur-trice-s de Biens Communs les trouveront utiles pour caractériser leur propre pratique.
Un monde parfait n’aurait pas besoin de Biens communs, mais un monde qui leur est hostile, si. C’est pourquoi il est important que leurs utilisateurs soient conscients du trésor qu’ils ont dans leurs mains, afin de le préserver et de l’aider à s’épanouir.
1. En temps qu’utilisateur-rice de Biens communs, j’ai clairement conscience des ressources dont je dois prendre soin, et d’avec qui je partage cette responsabilité. Les ressources communes sont celles que nous créons ensemble, celles que nous préservons comme dons de la nature, ou celles dont l’usage a été assuré pour chacun-e.
2. Nous utilisons les ressources communes que nous créons, celles dont nous nous occupons et celles que nous préservons. Nous usons pour cela des moyens (temps, lieux, techniques, et quantité d’une ressource) disponibles dans un contexte donné. En temps qu’utilisateur-rice de Biens communs, je me satisfais d’une relation équitable (juste ?) entre ma contribution et les bénéfices que j’en retire.
3. Nous édictons ou modifions nos propres règles et engagements, et chaque utilisateur-trice de Biens communs peut participer à ce processus. Nos responsabilités ont pour objet de créer et conserver les Biens communs afin de satisfaire nos besoins.
4. Nous faisons nous-même respecter ces engagements, ou parfois nous choisissons des mandataires de confiance pour nous aider à attendre cet objectif. Nous remettons en question en permanence la pertinence et l’utilité de ces engagements.
5. Nous définissons nos règles et leur juste application pour gérer les violations de nos engagements. Nous déterminons si des sanctions doivent être utilisées ainsi que leur nature, selon le contexte et la gravité de la violation.
6. Chaque utilisateur-trice de Biens Communs disposer d’un espace, d’un temps et de moyens de résolution de conflit. Nous nous efforçons de résoudre les conflits entre nous, avec simplicité et franchise.
7. Nous gérons nos propres problèmes, ce que des autorités extérieures respectent.
8. Nous savons que les Biens Commun font partie d’un ensemble plus vaste. Par conséquent, nous reconnaissons la nécessité de coordonner et faire coopérer les différentes institutions concernées et qui travaillent chacune à leur niveau.

L’adresse originale de cet article est http://www.revue-reseau-tic.net/Hui...

Via un article de SavoirsCom1, publié le 5 novembre 2012

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